Nous n'irons pas à Syracuse
C’est comme un vent qui fait silence
Comme une horrible pénitence
Errer comme âme en peine folle
Ma vie entière en Carmagnole
C’est comme un géant terrassé
Comme un chantier abandonné
Soudain gisante en marbre froid
Je me souviens d’autres émois
C’est comme un ciel privé d’étoiles
Puni banni terni et sale
Comme un bateau de clandestins
Coulé à pic au clair matin
Hier soir mon cœur aussi si frêle
A vu soudain trente-six chandelles
Première fois sans ton « bonne nuit »
Suis orpheline de nos folies
C’est comme l’été sans nos cigales
Comme un orage sans rafales
Comme si la mer soudain vidée
Etait Sahel d’éternité
Nous n’irons pas à Syracuse
Notre amour semble vieille ruse
Mais en mes bras vers toi ouverts
Tu trouveras toujours couvert.
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...