J’aurais bien voulu
Ne pas avoir fermé trop vite la porte
Ou que ma voix soit un peu plus forte
Tu aurais pu entendre ce mot prononcé
Ce dernier « je t’aime » murmuré
Mais, à la porte, le bois était trop lourd
Et le trajet de ma voix bien trop court
Alors le mot s’est à jamais perdu
Et son écho, en deuil, m’est revenu
J’aurais bien voulu
Qu’il n’y est pas eu de voile sur la fenêtre
Ou la dépasser de quelques centimètres
Tu aurais pu voir mes lèvres te dessiner
Ces traits d’amour sous la forme d’un baiser
Mais, à la fenêtre, tu n’étais pas devant
Et moi, dans tous les cas, pas assez grand
Alors le baiser s’est arrêté aux fibres du rideau
Et n’a jamais atteint le tissu de ta peau
J’aurais bien voulu
Que le temps ne coupe pas le volume du son
Que nos pas de danse soient encore plus longs
Tu aurais pu voir de l’homme mes premiers pas
Comme tu as vu ceux de ma toute première fois
Mais aux sons de mon adolescence
J’ai cherché en vain d’autres cadences
Alors que la plus belle danse de ma vie
C’était quand, dans tes bras, j’étais endormi
Il ne me reste plus
Qu’à chanter sous les échos des dimanches
Déposer mon cœur sur des roses blanches
Je n’ai plus que des jours de prière
Pour dire « je t’aime », à toi, ma mère.
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Fabien F.