Paris vaut bien une messe...
A la rencontre de nos deux lunes, je me fondrai au gré des brumes. Au paroxysme de nos jours, je te verrai mon bel amour, et en cet avril d’innocences, notre rencontre sonnera le hallalis des doutes et des frayeurs.
Toi, chasseur tremblant sous ton carquois de rêves, saura décocher flèche douce à la biche tendre et farouche. Au bois dormant de nos désirs, nous nous aimerons en mousses folles.
Tout nous sera Marquises, un bateau sur la Seine nous montrera Venise, la couleur des amants vibrera sous nos sangs.
Ne doute pas mon tendre de tes années timides, l’amour saura guider tes yeux de capitaine et tu feras de moi une femme fontaine. Les eaux mêlées couleront de source, nous en oublierons les haines.
Je nous sais en partance pour merveilleux naufrage, nous sombrerons ensemble en folle incohérence. Et j’ai mal et j’ai peur car je me sais mortelle : ces heures là si vite fuiront à tire d’aile…
Mais je grandirai ; je grandirai en cet amour, il sera quintessence et passage. L’incandescence de la rencontre brûlera ma vie d’immense.
Ne pas penser. Vivre chaque instant en ultime seconde, savourer chaque pensée en toute inconvenance, et m’offrir comme rose à mon beau roi de France.
Aime, et ne crains pas. Toi non plus ne fuis pas devant ce qui nous lie déjà comme un pont à mille îles : il y aura les feux et les draps parfumés, et tant de nuits à vivre et de mots à s’offrir. Nous n’aurons pas trop d’une vie pour nous en souvenir.
Je sais déjà que ton baiser sera comme une transe et que je fondrai en toi comme une neige au feu. Ophélie est la tienne et tu es mon Voyant : nos Illuminations deviendront Bonne Chanson.
La chambre sera claire et mes bras accueillants, de l’été à l’hiver tu y seras aimant. Un jour tu partiras comme un oiseau s’envole, mais ton cœur sera mien et mon âme un peu folle saura sa vie durant se réchauffer au frère.
Va, et ne pleure pas. Cette histoire incomplète se devait d’exister.
La tragédie grecque n’a rien inventé ; le destin frappe aveugle ceux qui s’aiment de vrai.
Mais consommons soleils et dévorons étoiles ! Nous habitons le monde depuis nos jeux courtois ; l’univers n’attend pas, viens mon amour m’y suivre ! Offre moi tes éveils, je te donne mon ciel.
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...