Plume de platine Inscrit le: 12/9/2007 De: la porte 33 de l'A87 Envois: 2677 |
L'amour de ma chair -Roman - Page 10 SUR 200... Doucement, après avoir bu un peu d’eau fraîche, et s’en être passé sur le visage, elle se glisse dans l’ouverture de la porte et attend. Les lueurs de la fête jouent avec l’ombre de la nuit, et c’est dans cette ambiance chaude et musicale que la silhouette d’Edouard se présente à elle. Un frisson la traverse, puis, avec à peine une seconde d’incertitude, elle se retrouve dans ses bras. Il n’avait pas voulu entrer dans cette pièce sombre sans y être invité, cependant, le désir était si fort qu’il n’a pas résisté à l’enlacer tendrement sans dire un mot. Pas besoin de parler, pour savoir combien tous les deux espéraient cet instant, le langage des yeux et cette étreinte en disent plus long, que tous les mots existant dans leurs livres d’école.
La passion les emporte et les jettent dans l’effervescence de l’amour, la porte s’est refermée sur eux. Ils ont la fougue de deux adolescents aux portes de la majorité, ils ne savent plus comment faire l’amour, leurs mains sont maladroites, et ils en oublient la fête qui continue de battre son plein. Ils sont seuls au monde, habités par ce désir violent, resté en sommeil depuis si longtemps, que l’un et l’autre se déshabille mutuellement, dans un souffle inhabituel. Edouard, de sa bouche assoiffée, descend le cou de Carole et délicatement parcourt ses seins du bout de sa langue. Elle se laisse caresser et désirer par cet homme, qui lui apporte tant et réveille en elle cette passion dévorante, qui brouille les esprits et colle son corps à lui. Il la saisit par la taille, se penche vers elle tout en soulevant son bassin, admirant dans la pénombre les courbes de son corps qui se donne en saccades. Carole se retient à lui, elle lui caresse le bas du dos, resserre ses mains sur ses fesses, et quand il se redresse, ose les glisser sur son bas ventre, accentuant l’intensité de leur union. La musique extérieure s’ajoute à la chaleur de la nuit, rythme leurs ébats et couvre les gémissements, qui portent l’excitation à son paroxysme.
Ils ont l’impression d’une évasion qui a duré des heures, leur absence ne semble pas manquer au village, alors ils s’allongent l’un près de l’autre, heureux. Leurs mains se rejoignent, leurs corps semblent encore se chevaucher, couchés sur le côté, imbriqués l’un dans l’autre, ils restent ainsi sans bouger. Carole est bien, merveilleusement apaisée, elle voudrait que le temps s’arrête sur ces magnifiques instants. La musique a cessé et laisse place aux cris éloignés des animaux de la forêt, qui bercent ses pensées, si bien que dans la chaleur du corps d’Edouard, et dans l’humidité de l’air, tout comme son amant, elle s’endort.
Edouard se réveille le premier, il réfléchit, et comme pour éviter la surprise d’un changement de vie trop brutale, il décide de se lever sans bruit, s’habille et se prépare à sortir pour rejoindre son logement. Avant de passer le pas de la case, il se retourne vers Carole, s’en approche et lui dépose un baiser sur la joue. Puis, il quitte la pièce, et referme doucement la porte derrière lui. En traversant le centre du village, il croise Ynats, le chef indien, et en souriant, se met un doigt sur la bouche, puis murmure « chuttt », lui demandant ainsi de n’en souffler mot à personne. Pourtant, pas besoin de lancer une rumeur pour faire le tour du village, ils ont tous remarqué leur absence dès la veille, certains en ont d’ailleurs bien rigolé, d’autres n’étaient pas tout à fait d’accord mais n’ont pas fait d’esclandre. Et si Edouard regagne ses pénates tranquillement, s’imaginant que Carole dort encore, il se trompe. En réalité, elle a apprécié ce dernier baiser, mais n’a pas voulu ouvrir les yeux devant lui.
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