Textos voyageurs.
Ton sourire c’est un lâcher de ballons dans un ciel d’enfance. Trouée multicolore en mes gris, je m’y accroche et dérive vers l’immense.
Je plonge en ton rire comme en Niagara. Eclaboussée par ta jeunesse, je m’évade en chutes libres.
Papier de soie de tes mots, doucement défroissé, qui enveloppe chacun de mes gestes en cocon de tendresses ; papillon, je renais en tes vers.
Emeraudes de tes yeux-forêts qui m’habitent en leur antre aux lumineuses frondaisons. Je viens y défricher ton âme.
Tes mains : arbres sacrés qui se font chamanes de nos rêves, elles m’écrivent un jour nouveau.
Bientôt nous franchirons le gué de l’irréel et elles se feront eaux vives.
Tes silences : l’arrache cœur. Je suis ligotée sur les rails en attendant le train. La délivrance du souffle m’arrive d’un texto ; je me lève et marche.
Nos nuits sont ciné club : intimistes, en noir et blanc, sans le son. Le texte se déroule au fil de nos portables. Je te regarde avec l’intensité d’une héroïne de Pabst, Loulou for ever.
Un jour nous franchirons le cercle de minuit. Nos rêves s’affoleront comme boussole éparpillée. Je perds déjà le nord en attendant nos mers du sud, je suis à complètement l’ouest. Toi, à l’est d’Eden, tu es mon James Dean auréolé de gloire.
Viens : passons le miroir. Je n’en peux plus de franchir le mur sans son. Osons le réel pour accéder aux rêves.
Ton corps sera vigie et ta main capitaine, et mon rivage enfin te sera une aubaine.
Tes cheveux : les deviner d’ébène et les embrasser de mes lèvres rouges comme le sang. Ma peau blanche comme la neige a reconnu le prince.
Ta peau : enfin, y perdre mon latin. M’égarer en tes chemins, nager en eaux troubles, me glisser entre tes mains.
Tes yeux, enfin, de faune tendre qui m’invite au voyage ; ils pétillent d’absolue tendresse. Ton regard m’est champagne rosé, je m’enivre et je t’offre ma coupe.
Nos rires, de découvrir que les mots savaient déjà ce que les corps éprouvent. E=M6 mon amour, et toi et moi c’est du toujours.
Mon sourire : un lâcher de colombes pour conjurer les nuits. Nous n’aurons plus jamais peur. Le pigeonnier plein de secrets abrite nos libertés.
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...