Plume de platine   Inscrit le: 12/9/2007 De: la porte 33 de l'A87 Envois: 2677 |
L'amour de ma chair -Roman - Page 4 sur 200... Malheureusement pour elle, Carole ne le saura pas avant très longtemps. Hubert est resté des jours entiers à veiller sur elle malgré sa souffrance, cependant il n'a pas survécu à ses blessures. Il était le seul à pouvoir l'aider à comprendre pourquoi elle se retrouvait aujourd'hui seule dans ce village sauvage.
Du seuil de sa hutte, Carole se force à assister à la cérémonie funèbre donnée par les habitants en mémoire du pilote. Maintenant, elle se sent perdue, abandonnée, elle ne sait toujours pas ce qu'elle fait là , ni qui elle est vraiment. Il lui semble qu'il lui manque une partie d'elle-même, elle ne comprend pas ce qui lui arrive, et surtout elle n'a pas encore assez de force pour réfléchir à tout cela.
Trois années passent, pendant lesquelles Carole s'intègre parfaitement au groupe. Par rapport aux femmes de la tribu, elle est considérée comme une reine et vit très entourée d'une profonde amitié, et d'une grande reconnaissance de la part de chacun.
Elle a appris toutes les coutumes du village et apporte son aide, parfois sans le vouloir, sans le savoir, dans la confection de vêtements à partir des caisses trouvées dans les environs de la catastrophe, et ramenées par les hommes de la tribu. Étrangement, elle se lasse très vite des travaux ménagers, et préfère accompagner les hommes dans la forêt.
Puis un jour, ce n'est pas que Carole ne se plaise plus dans cet endroit, mais elle décide de retrouver cette partie d'elle qui lui manque : cette absence, qui l'inquiète de plus et plus, et qui ne lui permet pas de savoir qui elle est, ni quelle enfant elle a été, ni, si des personnes qui lui ressemblent l'attendent en famille, comme celles qu'elle côtoie tous les jours. Alors, quand elle annonce, au bout de cinq ans de vie commune, son départ, c'est au tour de ses amis de ne plus comprendre. Elle semblait si heureuse parmi eux, parfois une mère et parfois un chef que l'on écoute. Sans elle, leur vie qui s'était illuminée, va se ternir, et ils sont tristes. Ils n'auront plus personne à servir comme une reine ou une idole, plus personne pour les conseiller comme un professeur, et leur montrer ce qu'est le bien et leur apprendre que le mal existe. Jamais, devant eux, elle ne s'est lamentée sur son sort, mais désormais, elle ne veut plus vivre comme une inconnue, aussi, afin de l'aider, les habitants acceptent sa décision, et l'accompagnent jusqu'au lieu de l'accident.
Sur place, après des heures de marche et de recherche, Carole ne trouve rien qui lui permette de se souvenir, ni de comprendre tout ce que le pilote avait essayé de lui expliquer. Elle ne sait même pas dans quelle région elle se trouve, ni dans quel pays elle est. Les habitants du village qu'elle va quitter n'ont pas la notion de la terre telle qu'elle est dessinée sur les cartes, et ne peuvent donc pas la situer. Pour eux, leur village est pratiquement le centre du monde, et cet avion venu du ciel, ils ont eu du mal à imaginer les explications de Carole, ayant repris les données d'Hubert. Eux ne se posent pas autant de questions que Carole, et ont du mal à comprendre qu'elle veuille les quitter. Mais ils lui font confiance, espérant qu'elle finisse par retrouver qui elle était avant d'arriver dans cette zone difficilement accessible et inconnue.
Cinq hommes sont désignés pour la conduire au prochain village, car seule, il ne lui est pas possible de traverser cette jungle amazonienne. Les villages voisins sont rares et très éloignés, ils vont avoir des semaines de marche avant de rencontrer le premier. Armée de courage pour atteindre son but, elle ne craint pas l'hostilité de cette forêt, persuadée qu'elle n'a rien à perdre, mais tout à gagner.
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