« SOLDES »
Elle attendait déjà depuis deux bonnes plombes,
Patientant dans la file où chacun se pressait.
Plus que quelques instants avant les hécatombes,
Les griffes et les cris…Son petit cœur stressait.
……..
Il était à l'étroit, entre deux seins énormes
Plaqués contre son dos et cet ample fessier
Qu’une matrone anxieuse aux dimensions hors normes
Balançait tant et plus pour mieux le supplicier.
……..
La grille se leva, libérant une horde
Qui déferla d’un coup, pire qu’un tsunami !
Les yeux exorbités – pas de miséricorde –
Jouant des mains, des pieds, des dents, de l’atémi,
Elle arriva d’un bond où régnait la discorde :
Rayon « sous-vêtements », tout droit de Miami…
Mais pour faire son choix il fallut qu’elle morde.
La boutique n’était plus qu’un grand tatami !
……..
Il ne voulait qu’un pull. Emporté telle plume
Au rayon pré-cité, chuta dans les volants.
Noyé dans la dentelle et quand on vous déplume
Les rêves d’avenir ne sont pas affolants.
Il eut le sentiment de n’être qu’une enclume
Où s’abattaient les coups. Le nez sanguinolent,
Le visage meurtri qui doublait de volume,
Il sombra dans la soie. L’orage était violent !
……..
Elle reçut un choc – il est de ces engeances ! –
Valdingua dans la fripe où l’autre sommeillait.
……..
Quelques instants plus tard, côte à côte aux urgences,
Ils refirent surface où Cupidon veillait.
Il y eut, paraît-il, de belles convergences
Et déjà , je l’ai vu, leur ciel s’ensoleillait…
Trouver l’amour en solde a bien des exigences.
Prochaine braderie… Il faut s’y essayer.