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     Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
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Expéditeur Conversation
Clair Obscur
Envoyé le :  8/12/2008 21:45
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2007
De: Au-delà de la raison, au royaume de la poésie
Envois: 7391
Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
Un jour silencieux

Elle avait une sensation bizarre de porter au fond de son ventre cette incroyable tumeur ! Pourquoi n’est-elle pas heureuse comme les autres femmes d’être enceinte. Pourquoi cette inquiétude incompréhensible et irrévocable la tiraille chaque jour depuis neuf mois ?

Elle ne s’était jamais imaginée porter une vie dans ses entrailles ; elle en rêvait pourtant depuis des années interminables. Le jour où son médecin traitant lui avait annoncé la bonne nouvelle, elle s’était écroulée d’angoisse et d’étonnement ! Qui aurait dit qu’elle tomberait enceinte après tant d’années et surtout le jour où son mari avait rendu le dernier souffle ?

Depuis les premières lumières de l’aube, elle n’arrêtait de cligner des yeux, Sofiane devrait rentrer de son voyage. Il lui avait promis de ne pas tarder, le temps de signer un contrat avec une société d’import et d’export et il serait de retour le soir même. Les heures s’étaient écoulées, le téléphone s’était arrêté de sonner, aucune nouvelle et le cœur de Yasmina était serré. Une inquiétude troublante traversât son ventre comme si elle avait avalé un couteau qui déchirait ses viscères. La dernière fois où elle avait la même sensation, son père était décédé !

Elle était terrorisée, elle comptait les heures, les minutes, les secondes ! Sofiane n’était pas encore revenu. La nuit fut longue et des idées confuses se bousculaient à tort et à travers dans sa tête. Mille hypothèses se déclenchaient : est-il pris dans de nouvelles réunions avec ses associés ? L’avion a pris du retard, alors ? Il est possible qu’il soit toujours à l’aéroport de Madrid. Mais dans ce cas il aurait pu m’en parler au téléphone, m’avertir qu’il a eu un empêchement ! Non, depuis le temps, il doit être déjà à Casablanca, juste une panne de voiture et qui sait, il pourrait être dans une zone qui manque de couverture réseau, alors même s’il a envie de me rappeler, il ne le pourra pas !

Cependant l’inconcevable se dessinait devant son regard noyé sous les pleurs de son impuissance. Et une angoisse alarmante gonflait sa poitrine et finissait par de profonds et interminables soupirs.

Dans sa déchirante solitude, elle n’arrêtait de se souvenir des derniers mots qu’il prononça au téléphone :
- Ne t’inquiète pas ma perle, le temps que tu clignes des yeux, je serai de retour ! Je te demande une chose, n’oublie pas de prier pour moi, je t’aime.
À force d’attendre elle finissait d’y croire et elle commença à cligner ses paupières comme une gamine mais cette peur parasite l’avait conquise et rien ne semblait la calmer si ce n’est le retour de son mari.

La lumière traversait les stores de la chambre. L’horloge venait de carillonner, il faisait déjà huit heures du matin ! Toujours allongée sur le lit, les yeux fixés au plafond, elle attendait qu’il ouvre la porte. Elle refusait de sortir des draps qui enveloppaient son corps frêle. Elle était juste allongée là, immobile attendant qu’il soit à côté d’elle, prêt à la serrer enfin dans ses bras et se faire pardonner de l’inquiétude que son retard lui avait causé. Ce serait juste sa présence qui lui suffirait pour que toute cette épreuve soit simultanément effacée de sa mémoire.

Quelqu’un sonna à la porte, Yasmina entendit et s’en réjouit. Elle se leva rapidement de son lit puis enfila sa robe de chambre et mit son écharpe sur ses cheveux. Tout cela lui sembla une éternité. Elle se précipita joyeusement vers la sortie. Mais un pincement au cœur la prit soudain, ses jambes tremblèrent et au lieu de courir vers la porte, elle marcha tout lentement comme si elle voulait échapper à l’inévitable ! Elle ouvrit la serrure et ses yeux croisèrent le regard inquiet de son frère aîné. Elle regarda autour de lui, sa mère et ses trois sœurs étaient là, elles aussi. Et sans attendre qu’ils lui disent quoique ce soit, elle fit d’une voix étouffée :
- Sofiane est mort !
Ali hocha tristement la tête en signe d’approbation, Yasmina hystérique tomba par terre et perdit connaissance. Elle rouvrit les yeux et se retrouva sur le lit, entourée de sa mère, son frère, ses sœurs Alia, Samira et Najat. Et près d’elle s’assit le docteur. Ils la regardaient sans parler, ils espéraient pouvoir la calmer mais ils ne savaient quoi dire en ces instants très délicats. Aucun mot ne semblait approprié devant une telle épreuve. Le médecin prit sa main et lui dit tout tranquillement :
- Ma fille, nous sommes tous à Dieu et à Lui nous retournons. C’est le destin, nous n’y pouvons rien. Mais, il faut que vous sachiez que votre mari n’est pas tout à fait mort puisque vous aurez un enfant de lui.
- Quoi ? vous devez vous tromper !
- Non, ma fille, vous êtes enceinte grâce à Dieu.
- Hamdolillah, ma fille est enceinte, tu entends Ali, enfin, ta sœur va avoir un bébé ! fit la mère, soulagée.
- Mais vous êtes fous. Je ne veux pas de cet enfant ! cria-t-elle nerveusement, retirez-le de mon ventre, je veux que Sofiane me revienne et prenez le bébé !
Devant l’attitude de Yasmina, le docteur lui donna un calmant et pria la famille de veiller sur elle. Les prochains jours seraient les plus durs selon lui.

Les jours et les mois passèrent et la pauvre femme vit le deuil de son mari dans la solitude. Elle refusa de rencontrer toute personne voulant la consoler et s’était repliée sur elle-même dans sa chambre, où elle avait barricadé tous ses souvenirs dans des photos prises lors de leur mariage, des fêtes et des sorties qu’ils avaient fait ensemble. Elle voulut les vivre à nouveau et ne supportait point que d’autres choses prennent la place de son mari dans son cœur affligé.
Sa mère Halima s’inquiétait beaucoup pour sa fille et restait de longues nuits à son chevet. Elle n’essayait pas de lui parler de peur que Yasmina prenne mal ses propos alors elle préférait seulement prendre soin d’elle surtout que la période d’accouchement s’approchait. Par une nuit étoilée, la femme enceinte se réveilla à trois heures du matin. Toute troublée, elle transpirait. Sa mère confuse essaya de la calmer et la retenir de crainte qu’elle se fasse du mal. Mais Yasmina la rassura et lui dit qu’elle allait bien mais qu’il lui fallait juste prier. Sofiane venait de lui demander cela en plein rêve. La vieille femme soulagée la laissa faire. Elle crut que sa fille avait eu une vision divine qui lui permettrait enfin de vivre normalement, son mari était la clé et Dieu lui envoya un signe. Toutefois aurait-elle compris ?
De retour à sa chambre, elle s’assit près de sa mère et lui raconta qu’elle s’était vue entrain de souffrir dans une pièce froide et obscure. Près d’elle une table sur laquelle étaient rangés scalpels et ciseaux. Elle avait peur et la douleur augmentait. Tout à coup, une lumière surgit du mur. C’était lui, vêtu de blanc comme un ange, il était venu à son chevet et l’avait appelée trois fois puis il lui passa sa main doucement sur le ventre, la douleur disparut comme par magie et lui demanda de veiller sur Sofiane. Confuse, elle demanda :
- Qu’en penses-tu mère ?
- C’est clair tu auras un garçon, ma fille, et tu l’appelleras Sofiane en hommage à son père. Mais pour cela, tu dois veiller sur toi pour que le bébé soit en bonne forme.
- J’essaierai mère !
Le lendemain matin, la jeune enceinte eut des contractions et des douleurs. Son frère Ali rentra sous la demande de sa mère et emmena sa sœur à l’hôpital. Après trois heures d’attente et d’inquiétude, le médecin sortit de la chambre d’opération et annonça à la famille que Yasmina avait mis au monde un très beau garçon aux yeux bleus de son père.
Sofiane vient de naître et la jeune maman est très heureuse en le prenant dans ses bras. Elle vit dans ces yeux innocents son regretté mari. Désormais, elle n’était plus seule, un souffle du défunt lui était prédestiné.
Tous ensembles entrèrent dans la chambre de la patiente, ils virent un grand sourire briller sur ses lèvres vermeilles. D’un regard merveilleusement doux, elle contempla le visage de sa mère et lui dit d’un ton satisfait :
- Mère, je te présente Sofiane !
L’enfant dormait paisiblement dans ses bras. Yasmina venait de mettre au monde sa raison d’être.

Aya
08-12-2008

*comme quoi, il y a toujours de l'espoir mais j'aimerais y croire !


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@ textes protégés

Mostafa
Envoyé le :  8/12/2008 22:53
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14895
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
Tant de tristesse et de souffrance qui disparaissent miraculeusement avec la venue au monde d'un enfant qui apportera l'espoir,le bonheur et le vie à sa mère!J'ai passé un moment bouleversant à lire ta nouvelle qui a fait bouger des tas de choses en moi!Merci!


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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
...............................................................................................
Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rĂŞvant de sa mie!!!

Escandihado
Envoyé le :  9/12/2008 6:27
Plume de platine
Inscrit le: 21/11/2008
De:
Envois: 2698
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
Une nouvelle magnifique á travers laquelle la mémoire et l´âme de Sofiane revit par la naissance de son fils .
Un grand bravo pour ce récit et un grand merci pour nous l´avoir offrir en partage .
J´ai eu , de même , en lisant , des souvenirs d´enfance remontées en surface car j´ai connu une petite algérienne prénommée Alia .
Tres beau texte exprimé avec une grande profondeur !
Clair Obscur
Envoyé le :  13/12/2008 12:09
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2007
De: Au-delà de la raison, au royaume de la poésie
Envois: 7391
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
Merci Mostafa et Vocalises d'avoir pris le temps de me lire et commenter surtout que c'est ma première nouvelle de ce genre


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@ textes protégés

nad34
Envoyé le :  13/12/2008 16:02
Plume de diamant
Inscrit le: 27/2/2007
De: languedoc roussillon
Envois: 12223
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
Comme tu le sais Aya,tu es une plume formidable,


Merci,une histoire bien triste même si l'espoir est au bout!!J'ai beaucoup aimé ton message,




tatsy
Envoyé le :  28/12/2008 18:18
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
C'est un texte magnifique chère Aya, qui m'a beaucoup ému...

Katel


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tatsy

"D'une joie mĂŞme, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

crisroche
Envoyé le :  29/12/2008 4:42
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: RĂ©sistance
Envois: 13525
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
La seule apparition de l'enfant redonne sens à la vie qui devient espoir; c'est aussi l'un des sens de Noël.


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cyrael
Envoyé le :  22/11/2015 20:08
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83223
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )

un jour silencieux
mais , les mots sont lĂ 

. Et sans attendre qu’ils lui disent quoique ce soit, elle fit d’une voix étouffée :
- Sofiane est mort !
Ali hocha tristement la tête en signe d’approbation, Yasmina hystérique tomba par terre et perdit connaissance. Elle rouvrit les yeux et se retrouva sur le lit, entourée de sa mère, son frère, ses sœurs Alia, Samira et Najat.


Ă©mouvante si belle plume

la fin est très belle...

douce soirée chère amie

https://youtu.be/yGHOuQklSmY


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EVELYNE NADINE maryjo 2O11

Honore
Envoyé le :  24/11/2015 15:43
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Un jour silencieux ( Pour toi Nadia )
C'est là un récit qui m'a particulièrement ému;
HONORE
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