Plume de soie Inscrit le: 9/2/2008 De: Terrebonne (Québec) Envois: 131 |
Requiem pour la fmme que j'aimais
Requiem pour la femme que j’aimais
Portrait de famille Louise et René, Marie-Lou et Loreli
Au milieu du lit, oĂą reposent nos deux corps repus, notre chat qui ronronne. Les enfants qui dorment. Le bonheur.
Quarante ans de vie commune, de Drummondville à Terrebonne, en passant par Sherbrooke. La belle aventure. Loisirs partagés, amitiés, t ravaux, familles. Notre beau et long voyage.
Et puis, dans ton jardin d’hiver, l’éclosion de deux coquelicots Mélina et Raphaël. Les fleurs de ta vieillesse. * Il me revient à la mémoire le poème que je lui adressais à l’occasion de notre anniversaire de mariage. Le voici. Pour mémoire, en guise d’épitaphe sur la pierre tombale de notre vie à deux.
Quarante ans, mon amour, à me voir trébucher, réussir, échouer à m’entendre rire ou pleurer à me savoir faible et fort tout à la fois
Quarante ans, mon amour, à me réparer, à m’endurer, à me secourir
Quarante ans, mon amour, à cheminer à mes côtés, à dormir à mes côtés, à travailler à mes côtés
Quarante ans, mon amour, Ă partager voyages, spectacles, films, livres et chansons
Quarante ans, mon amour, à bâtir, à reconstruire, à recommencer sans jamais faillir
Quarante ans ! Mais, n’est-ce pas à cet âge que l’on devient adulte et que commence la vraie vie ? * Mais aujourd’hui, il neige sur ta vie. Mon amour, ne prends pas froid. Un printemps t’attend.
Puis est venu sourdement un jour noir, improbable, incertain, maléfique. Une ambulance est à la porte.
Il neige, tandis que les brancardiers la transportent… loin de notre nid, loin de ma vue. Une neige comme une mort blanche.
La lune tel un phare face Ă moi sur une route je file tout droit
Son regard est vif et moqueur. Ses yeux couleur noisette qui m’interrogent. Une lueur dans la nuit. * Quatre semaines plus tard…
Bien tapie dans l’ombre, la mort comme une éclaircie. Un nouveau soleil. * Sombre samedi, le dernier jour de l'année le dernier jour de sa vie
… Ma Loulou est morte bouche ouverte, le teint cireux morte à pas de loup ma Loulou dans son doudou * Quarante ans de vie, soudés l’un à l’autre. Le mur de la mort.
Un hymne à la joie ma main aimante sur son urne le dernier adieu * Au moulin des jours couleront désormais le temps et mes larmes. Mon amour est mort.
Aujourd’hui il pleut dans mon cœur beaux souvenirs enneigés je suis hors-saison
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