LA GREVE

Comme elles sont belles
Ces petites mains qui s’agitent
Cahiers, livres, cartables…dans le vent
Ils crient un seul cri
Enthousiasmés
Ils prononcent des mots interdits
Ils chantent un amour maudit
Et réclament la vie
Mais les chiens enragés sont présents
Venus juste à temps
Au rendez-vous sanglant
Ils grognent, ils aboient
Prêts à se jeter sur leurs proies
Leur chef leur enlève les chaînes
Ils se déchaînent
Et le carnage commence
Huit chiens suants
Entourent un enfant
L’écrasent contre le mur
Et les coups jaillissent de partout
Sur son visage innocent
Sur ses yeux vivants
Sur ses mains en sang
Les chiens cognent n’importe où
Sur son ventre creux
Sur sa bouche qui n’a fait
Que crier un mal longtemps tu
Les chiens cognent partout
Sur un corps juvénile
Qui se porte mal
Sur tout un espoir fleuri
Ils tapent…Ils tapent…Ils tapent…
Il
t
o
m
b
e.
L’un d’eux lui écrase le visage contre la caillasse
Un autre lui prend la main et la casse
Puis ils l’entraînent à la jeep
Et quittent la place
Les autres regardent
Non ! Ce n’est pas un film
C’est un crime
Les autres
Voyant leur camarade disparaître
Voyant la matraque durcir
Voyant le danger surgir
Se donnent à la panique
Les pierres contre les mitraillettes !
Belle égalité!
Ils courent partout
Les chiens les prennent en chasse
Ils les attrapent
Les entrassent dans les camions
Les autres courent… courent… courent…
Courage !
Ils crient, transpirent, étouffent
Ils ont peur, ils ont soif
Ils se perdent dans la ville…
Satisfaits de leurs proies
Les chiens abandonnent la chasse
La ville redevient tranquille
Les rues redeviennent paisibles
Mais dans les gouffres
L’interrogatoire commence
Avec toute son omnipotence
Les bourreaux s’entraînent
Injures, crachats, gifles
Coups de poing, coups de pied
Ô angoisse juvénile !
Bouteille, cravache, matraque
Jet d’eau, jet d’urine
Ô douleur estudiantine !
A l’aube
Les bourreaux se reposent
Les geôliers ronflent
Et comme en un rêve
La cellule s’illumine
Et la fille du soleil apparaît
Son bras voltige en l’air
Pour les rassembler
Son sourire se dessine sur ses lèvres
Pour les calmer
Elle soigne leurs blessures
Et réchauffe leurs cœurs
En attendant l’heure.
Fille du soleil
Fille de l’amour
Sœur des opprimés
Donne-leur la force
De continuer à crier
Donne-leur l’espoir
D’un lendemain ensoleillé
Donne-leur le pouvoir
De se relever
D’ouvrir la porte
Et de marcher
Vers le soleil !
.............................................
Agadir,Avril 1979

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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!

Mos, superbement émouvante, ta marche vers la liberté écrasée dans le sang, déjà ton souffle épique, tes belles métaphores, et ce
t
o
m
b
e
majestueusement atroce et réaliste, merci.

Merci pour la mémoire de tous nos combats, pour toutes les jeunesses du monde lorsqu'elles hurlent la vie, merci de rester fidèle à tes convictions.

Ton Aîcha for ever.-il n'y a pas de honte à dire très fort que l'on est très déçue de ne pas rencontrer un ami....

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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."

Racine, "Phèdre"...

Tu as bien feuilleté les pages du passé pour extraire cette situation que ta mémoire n'a pas pu expulser et elle est merveilleusement décrite

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la vie n'est qu'un voyage dans le temps et l'humanité n'est pas éternelle Soyons donc optimistes

Ces situations que tu évoques avec beaucoup de réalisme n'existent pas que dans des films historiques. Les pouvoirs autoritaires malheureusement se ressemblent.Merci Mostafa pour ton engagement

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Bravo cher Mostafa de ce poème superbe!
Malheureusement, il existe encore trop de ces violences...

Katel

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tatsy

"D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

Beaucoup de souvenirs douloureux,on pense à toi.

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il serait grand temps que tout cela s'arrête et que cette porte s'ouvre, marre de toute cette violence , merci pour ce partage

La Liberté guidant le peuple..!!
un écrit de rage et d'espoir

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Il n'y a pas de chemin qui mène au bonheur....
....le bonheur est le chemin.

Cher ami, comme toujours, plein de sens et parfaitement bien ecrit.

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Pour voir la vraie beauté d'un éclat de la lumière il faut être dans le noir absolu...

es chiens cognent n’importe où
Sur son ventre creux
Sur sa bouche qui n’a fait
Que crier un mal longtemps tu
Les chiens cognent partout
Sur un corps juvénile
Qui se porte mal
Sur tout un espoir fleuri
Ils tapent…Ils tapent…Ils tapent…

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vitta
danseuse
la poèsie avec ma plume je caresse le monde

douce vitta
http://admin.centerblog.net/compte/lo...

Un poème où je vois la marche désespérée de générations qui suent pour la liberté!

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MB CANDIDE

Tu as dit ce que Delacroix a peint. La douleur fait mal, plus encore à ce qui est jeune et non endurci mais la lutte est nécessaire car ils ne comprendront jamais.

Jamais je trouverai les mots pour commenter ton poème!...Il n'existe pas...
Je l'ai lu, écouté cette souffrance, ces cris!....
et te dis que tu es un grand poète pour savoir traduire tous ces ressentis!

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MON BLOG:
http://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.fr/

mon frère, ton écrit nous a transformé en spectateur effrayé à des scènes qui perdurent malgré tout. et malgré tout aussi il y aura toujours des jeunes qui se révolteront non pas parce qu'ils sont insouciants et ignorants mais parce que c'est comme ça la jeunesse incapable d'accepter d'être muselée, opprimée, asservie.
merci pour ce poème triste mais beau par son dénouement.

Quel écrit déjà en 1979!!Il m'a semblé voir défiler image par vers un film,des atrocités ,des vérités qui ne cesseront donc jamais?

Cet écrit est très poignant,et,cette violence qui monte crescendo pour aller vers cette marche en direction du soleil(toujours un peu d'espoir)!!

pour cet écrit!

Salut Mostafa
Bravo ami poète pour avoir gardé en mémoire ce très beau poème réaliste ,une description impeccable des événement estudiantin en grève et "les chiens" qui traquent le droit à la parole et à la manifestation,à la protestation;un poème sous le bâillon mais libéré heureusement par un poète gardien fidèle de mémoire collective;merci pour ce très beau partage
Amitiés
Farid

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"Je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui"
Manet




Mon blog : http://amedyazamazigh.blog2b.net

Amis,de Scarlett à Amedyaz:
Je vous remercie du fond du coeur pour avoir lu ce poème que j'ai écrit avec le coeur!...Cette scène horrible restera gravée dans ma mémoire pour toujours:huit soldats enragés qui tabassent un jeune élève devant tout le monde!...Cette période de l'histoire récente du Maroc est appelée " Les Années de plomb"!Beaucoup de marocains ont payé très cher pour leurs principes et leurs idéaux,même de leur propre vie!...Nous ne devons pas oublier cette "partie" de notre histoire et surtout faire en sorte que nos enfants ne subissent pas et ne vivent pas les mêmes horreurs!
Mille mercis pour vos réactions,vos impressions,vos remarques,vos commentaires qui me font honneur!

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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!

C'est un de ces écrits qui appelle le respect car tu décris si bien cette violence contre des jeunes qui défendent leurs idéaux et par delà les frontières se sont des situations qui perdurent. Merci de ce partage cher ami.

bonjour mos,

mon plus grand souhait eut été qu´un tel poème ne puisse jamais être écrit. Malheureusement ......

texte fort, percutant

je pourrais te choquer mais tant pis! Je sais aussi que mon papa ne serait pas content de mes mots, je les dis quand même :"Mort aux bourreaux, Vie aux innocents". STOP à la violence.... et tu sais de quoi je parle, je ne saurai plus me retenir très longtemps
laurence

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" une main posée sur le coeur écoute et les bonheurs et les douleurs"

c´est ici que sont mes racines www.gougni...

Je suis de la promotion des années soixante -dix, celle des greves houleuses et des repressions monstres comme tu les décris comme on n'en voit plus...Des greves à repetition, generales et frondeuses pour faire triompher des principes a même d'amener notre société a s'atteler à la democratie, à la justce sociale, à l'égalité des chances et le respect des libertés et des droits de l'homme...Pas comme celles de nos jours YA HASRAH ou chacun( d'une poignée de grevistes) fait le clown devant le parlement tout seul afin de se faire remarquer dans le but d'avoir un emploi a remuneration minable.
Merci pour le souvenir triste mais...glorieux car la lutte était légale ,franche, loyale et aspirait et visait le bien être de tous nos concitoyens, loin de tout obscurantisme.

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Chère Carlita
Chère aleau
Cher Amidou
Je suis honoré de lire vos commentaires et vos impressions subtiles,émouvants et très touchants! Merci infiniment!
Oui,cher Ahmed,tout ce que tu as dit est vrai!Merci pour ton explication,toi qui as vécu cette période de notre histoire!

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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!

Bonjour Mostafa

je suis sans voix devant tant d'horreur!!! comment peut on faire autant souffrir les gens.

tu as bien fait d'extérioriser ces mots ,puissent -ils te soulager et te permettre d'adoucir ses souvenirs sans pour cela les oublier.

bravo pour ce partage .

bises amicales de M-Thé

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http://www.mespoemes.net/mtcatala/

"Qu'il est doux d'aimer et se sentir aimée" :-D :-D

Cher Mostafa, quel beau poème...
Tes mots sont d'une puissance, d'un souffle....que tu transmets un flot intense d'émotions et de réflexions.
Merci beaucoup.
Sophie.

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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

mtcatala
Sophie
Je ne peux que vous remercier vivement pour le grand intérêt que vous avez port" à mon poème et votre lecture émouvante et touchante! Mille mercis!

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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!

des mots du coeur qui vont au coeur comme des flèches ,bravo Mostafa il faut témoigner ,reveiller les mémoires

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En attendant l’heure.
Fille du soleil
Fille de l’amour
Sœur des opprimés
Donne-leur la force
De continuer à crier
Donne-leur l’espoir
D’un lendemain ensoleillé
Donne-leur le pouvoir
De se relever
D’ouvrir la porte
Et de marcher
Vers le soleil ! au milieu de tte cette violence existe p-ê la délivrance...
Non je ne suis pas orcier,pas encore tt du moins...