Mon oncle d’Amérique
Dissimule ses armes
Sous des allures féeriques
Qui lui donnent tout son charme.

Il n’a pas peur des méchants
Même s’il ne les connaît pas,
Mais l’ombre d’un salaud mécréant
Lui fait lever son armada.

Comme un peu partout sur la terre
Chez mon oncle d’Amérique
On craint la foudre et le tonnerre
Mais à des fins scientologiques

Si bien que lorsque l’amertume
Chasse le soleil bucolique
On devine chez la moindre brume
Des accents apocalyptiques

Chez mon oncle d’Amérique
On spécule à coup d’barils
Et si la bourse est prophétique
C’est par souci de l’évangile

Son portefeuille de ministre
N’est qu’un abstrait gouffre de dettes
Il n’a que faire de ce sinistre
Bétail qui peuple sa planète

Mon oncle d’Amérique
Est un prétentieux susceptible
Qui gave d’un coca magique
Tous les pays qu’il passe au crible

Il bat du cœur comme de l’aile
Il ne sait plus où tourner du pot
Quand il s’étouffe avec un bretzel
Et qu’il se noie dans un verre d’eau

Mon oncle d’Amérique
C’est l’utopie même de la culture
Tant il maîtrise les classiques
De sa glorieuse littérature

Il dit avoir le respect des chefs d’œuvres
C’est pour ça qu’il ne les ouvre jamais
Shakespeare, Mozart, Platon, le Louvre
Sont pour lui des notions à l’imparfait

Mon oncle d’Amérique
Est un éternel Rabelaisien
Qui prône le ketchup et la nique
Dans les night clubs les plus chrétiens

Alors il me supplie d’aimer la vie
Du fond de son bunker texan
Mais ceux qui m’entourent ne sont pour lui
Que des microbes dans le vent

Car j’ai aussi un oncle du Vaucluse
Qui empeste le vrai terroir
Et qui vient s’affaler comme une buse
Pour regarder chazale le soir

J’ai un cousin d’Amazonie
Avec un destin cornélien
Qui fera de lui un travesti
Ou un dealer de coke moyen

Moi j’irai habiter volontiers
Chez ma cousine de Calcutta
S’il n’y avait que ces doigts de fée
Pour libérer tous mes chacras

Parce que ma sœur du centre Afrique
Qui n’est pas si male au demeurant
Attend toujours le prince épique
Qui viendra nourrir ses enfants

Mais celui que mon oncle d’Amérique
Déteste par dessus tout
C’est mon cousin islamique
Qu’il prend poliment pour un fou

Alors c’est sûre il nous en faudra des barils
Mais de lessive cette fois-ci
Si on veut laver en famille
Le linge sale de nos mépris

Mon oncle d’Amérique
Va produire d’ici l’été
Des films forts sympathiques
Pour le bien de l’humanité

Il peut bien faire ce qu’il veut
On dira toujours ce qu’on voudra
Et nous ses neveux, les premiers, quoi qu’on fasse dites moi
Où est l’intérêt si c’est la peur qui guide tous nos pas ?

Quoi qu’on fasse dites moi où est l’intérêt
Si le cœur n’y est pas ?

Entre les matérialités et le coeur, tes oncles et tes cousins intriguent le monde , qu'ils saccagent à leur gré.
Des reflexions si profonde sur ce ton plein d'humour noir , bravo , j'aime ce texte.

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MB CANDIDE

très bonne réflexion? ou constat?

Alain

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c'est toujours quand il est parti qu'on se rend compte que le bonheur était là!