Les mains sales.
Toutes ces vies manquées
Ces amours impossibles
Ces rendez-vous ratés
Avec trains de réel
Toutes ces mains tenues
Si belles et si fragiles
Et les sourires pâles
Et les serments moqueurs
Merles gais mais corbeaux
Déguisés en palombes
Et moi qui croyais tout
Toutes ces amours mortes
Ces cerises sans temps
Ces prairies asséchées
Nos forêts saccagées
Par incendies vengeurs
Et mes soleils éteints
Qui gravitent en abysses
De mémoire entamée
Par mensonges hautains
Kyrielles de songes
Embrochés sur ratages
Montagnes d'espérances
Aux glaciers détrempés
Torrents de joies fondues
Dévalant mes silences
Tant d'horizons perdus
Et de mondes incertains
Je voulais vous poursuivre
Jusqu'au bout de vos terres
Vous mes hommes d'antan
Quand je savais aimer
Et puis tous nos espoirs
Les étincelles d'ambre
Quand le coeur bat la vie
Ces petits frissons d'aine
Au creux des moi amante
Petits matins radieux
De nuits incandescentes
Et ces valises ouvertes
Sur infinis demains
Forêts débroussaillées
Clefs partagées offertes
La vie enfin prête
A trouver port serein
Mais il fait nuit d'onyx
En mon coeur souterrain
Vols d'essai foudroyé
Par orage incertain
Je m'étiole létale
En grands fonds marins
Petite sirène muette
Ne croit plus aux bluettes
On me nomma Lorelei
Mais j'ai perdu batailles
Et aujourd'hui l'enfer
Ce ne sont même plus les autres
C'est ce coeur gris d'effroi
Qui ne bat que pour toi
Il est tard je le sais
Et la vie c'est sans moi.
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...