Un archer qui vivait, près du Soleil Levant,
Dans un pays lointain, il y a bien longtemps.
Il avait tant d’adresse et de dextérité,
Qu’il chassait les grosses pièces et le petit gibier :
Les oiseaux, les lapins, comme les sangliers.
Quand un jour, sur la Chine, un fléau s’abattit :
Apparurent dix soleils, il n’y eut plus de nuits.
Le sol, de leurs rayons, jour et nuit, ils brûlaient,
Les animaux, les hommes, tour Ă tour, Ă©touffaient.
L’archer vit le malheur, à ses frères, apporté,
Prit un arc et des lignes et se mit Ă tirer.
Ses flèches rapides en éventail volaient,
Si bien qu’il y en eut ainsi neuf de touchés !
Le dixième soleil, effrayé se cacha ;
Sur la terre, d’un seul coup, il fit sombre, il fit froid.
« - Aurais-je tué la vie, sur ce sol qui m’est cher ? »
Se dit notre chasseur, attristé et amer.
« - Qui saura, aujourd’hui, apporter la lumière ? »
Avisant un rocher, il s’y arque bouta,
Espérant, de tout cœur, que le ciel se trompa.
Le dernier des soleils, tout doucement monta,
Au-dessus des buissons, un Ĺ“il neuf y risqua ;
Apercevant l’archer, sitôt se recoucha.
Et depuis, le soleil, qu craint toujours l’archer,
Se lève comme un voleur et puis court se cacher.
© Antigone (23.12.2005)
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(c) Antigone
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