saviez-vous qu'à l'origine les chataîgnes n'avaient pas de bogue ? Comment ça vous n'en avez rien à faire et vous êtes pressés ? Je suppose que vous n'êtes pas de notre terre sauvage, de l'Ardèche. Ici, les légendes courent partout, sur les ponts, les châteaux et les forêts. Vous savez il est pourtant si bon de se poser sur un bon fauteuil et de se laisser bercer par un conte... ils ont quelque chose de magique. Prenez une minute. Si cela ne vous plaît pas passez votre chemin vous ne me devrez rien, mais si cela vous a transporté comme je l'espère, et bien vous me devrez un baiser et un conte à votre tour raconté... Ecoutez ...
Il y avait dans un village une fille fort belle, qui s'appellait Angélique. Elle avait la beauté des anges certes mais elle tenait son caractère du diable. Un vrai caractère de cochon. et le plus gros de ses défauts était la gourmandise. Vivait aussi dans ce village Nicolas, un jeune commerçant qui vendait des légumes et des fruits que sa famille cultivait. Il suivait Angélique partout, de loin, simplement pour sentir son parfum. Il l'aimait le plus sincèrement du monde, mais n'était payé que d'indifférence en retour.
Un jour d'été, alors qu'il disposait ses beaux fruits, Angélique passa devant son stand.
" Que tes melons sentent bons ! Et ces pèches quelle douceur... Ces fraises sont plus rouges que mon sang ! donne m' en et je te promets une ballade."
Ainsi comme elle connaissait l'amour de Nicolas à son égard; elle échangea d'abord une ballade, puis une caresse, un baiser sur la joue et enfin sur la bouche.
Quand elle eut goûté tous les fruits et légumes de son stand, elle devint grincheuse. elle était sans cesse en quête de nouvelles saveurs, son sens du goût lui déchirait l'âme. Une vieille dame s'arrête un jour chez elle. Elle demanda un verre d'eau car la chaleur avait failli la faire mourir trois fois sur son chemin. Angélique vit un panier à côté de la vieille dame, rempli de châtaignes.
" Donne m'en la vieille, pour me remercier. Je n'en ai jamais goûté...
- Pour rien au monde je ne t'en donnerai. C'et le fruit de mon labeur, j'aurais pu être tué."Et elle partit.
Car en ce temps la chataigne était bien différente ! Elle n'avait pas de bogue mais l'arbre était couvert d'épines et la chataigne aussi. C'était un mets succulent mais rares sont ceux qui arrivaient à en cueillir sans mourir, car les épines portaient un poison qui tue si l'on s'y pique plusieurs fois.
" Mon bon Nicolas, dit Angélique, je vais me marier avec toi. Mais à une seule condition que tu me ramènes une paire de chataignes.
- Mais ma belle, les chataigners poussent par delà les montagnes et leurs épines portent un poison... ne veux tu pas quelques melons plutôt ?"
Rien n'y fit. Nicolas partit alors. il arriva deux jours plus tard devant des chataîgners. il entreprit de casser une branche pour ramener ainsi une dizaine de chataîgnes. Celles-ci ne cédaient pas et il s'y piqua deux fois. Il voulut arrêter mais il pensa à la tristesse de sa belle s'il rentrait bredouille. Il prit à pleines mains une chataîgne et son sang ruissela jusqu'aux racines de l'arbre. Il agonisa ainsi à son pied deux jours durant.
Au village, Angélique crut mourir plus de culpabilité que de tristesse. Une fée arriva alors et lui dit ceci :
" Angélique ton égoïsme a tué un innocent. je te condamne à errer de par le monde. la faim te déchirera le ventre pour l'éternité sans que tu puisses l'apaiser, même en mangeant cent chevaux. Quant à ton ami, je ne peux rien y faire, mais en son souvenir, le chataigner perdra ses épines; il ne restera qu'une bogue qui rappellera son agonie."
si vous entendez au fond d'une grotte un mugissement, ce n'est pas le vent, c'est Angélique qui crie sa douleur à jamais...
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ma vie est en train de prendre une tournure inhabituelle : je suis heureuse et surtout satisfaite !