Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
100 utilisateur(s) en ligne (dont 69 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 4
Invité(s): 96

PASCAL, franie, berrichonne, Ancielo, plus...
Choisissez
DSC_0091.JPG
Hébergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Vos poèmes ***UN SEUL PAR JOUR*** Les "poèmes" érotiques descriptifs ne sont pas les bienvenus sur ce site
     Le palais oublié
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  16/7/2008 3:16
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Le palais oublié
Le palais oublié
Miserere domus labientis!
(Publius Vergilius Maro)

Comme une amante son amant, la lune
De ce palais que le jour importune
Caresse doucement les vieilles tours;
Près des vastes et ténébreuses décombres,
Des fantômes l'œil voit passer l'ombre
Dont le frémissement est sourd;

Tel un flambeau éteint, le ciel pâlit
La cime de ce mont que ronge l'oubli
Et dont le corbeau hante la branche ;
L'arbre est silencieux et semble souffrir
Et de chaque aurore l'on voit mourir
Dans cette nuit, la lueur blanche.

La rose, qui contemple cette splendeur fatale,
Comme l'aigle son aile, ferme ses pétales;
L'oiseau se tait. Le vent muet
Des chênes ne caresse plus la chevelure,
Et toute la plaintive nature
Pour les morts semble prier.

Ô, tristesse! Le marbre qui, rêveur,
Des fronts des reines égalait la blancheur,
Est pâle est couvert de fange;
Sur sa surface, patient et songeur,
Le destin, avec son ciseau vengeur,
Sculpte des formes étranges!

Un insecte hideux du trône humilié
Ronge patiemment le bois oublié
Où un roi ployait ses ailes;
Tout semble dormir d'un sommeil profond,
La sombre araignée, sur le haut plafond
Erre en tissant sa toile frêle.

Les flambeaux éteints pour l'œil ténébreux
N'éclairent plus avec leurs rayons heureux
La salle à la sombre prunelle;
Les escaliers qu'un pas léger foulait
Et que le pan d'une robe blanche frôlait
Pleurent leur solitude éternelle!

Ô, beauté éphémère! Triste splendeur!
Autrefois, exhalant leurs riches odeurs,
Des femmes aux chevelures parfumées
Dont tous les regards étaient amoureux
Souriaient à leurs amants bienheureux
Qui les nommaient leurs bien-aimées;

Autrefois, chaque matin et chaque soir,
Le roi sur ce trône venait s'asseoir
Radieux comme le soleil qui rayonne;
Sa reine, qui régnait aussi sur son cœur,
Auguste comme lui, avait l'Å“il vainqueur,
Parée de sa double couronne!

Sous cet arbre, charmants comme la jeunesse,
Le prince venait voir sa princesse,
Il lui disait: "Respire cette fleur!"
Et s'il pleurait d'amour, sa royale amante,
Avec le pan blanc de sa robe flottante
Essuyait doucement ses pleurs!

Ce chêne, qui semble prier à genoux,
Jadis vit tomber tant de billets doux
Du haut de ce balcon qui rêve,
Olympe où des déesses au front radieux
Souriaient, bercées par les lyres de leurs dieux,
Comme l'aurore au jour qui se lève!

Ô, temps vainqueur, qui comme des roses
Respire le parfum éphémère des choses
Et en flétrit la douce beauté!
De tant de soleils nul rayon ne reste!
Les heures ailées, aux vivants funestes,
S'envolent dans l'immensité!

Chaque berceau est une profonde tombe!
L'homme qui vieillit, dont les cheveux tombent
Et qui des ses jours voit l'hiver,
Songe avec effroi aux rapides années,
À sa jeunesse, fleur par la houle fanée,
Au gouffre sous son pas ouvert!

L'oubli puissant, plus cruel que la mort,
De nos souvenirs, frères de nos remords,
Dans nos cœurs éteint la flamme.
La terre où nos pères sont et nos aïeux
Est pareille à ce palais oublieux
Dont le temps obscurcit l'âme!

Années de mon enfance sans courroux,
Comme ce lieu à ces rois, je songe à vous!
Que vos aurores étaient douces
Et que vos nuits étaient douces aussi!
J'errais, loin du monde par l'ombre obscurci,
Dans les près verts où les fleurs poussent;

Sous l'ombre d'un arbre, je m'arrêtais,
Et ,sur mon livre penché, j'écoutais
Le murmure des calmes rivières
Que chantaient les vers d'un antique auteur;
Les roses répandaient leurs douces senteurs
Et le soleil sa lumière!

Ô, jours lumineux et par Dieu bénis!
Vous étiez doux, vous sembliez infinis!
Dans mon cœur, coupe toujours pleine,
Vous versiez vos impalpables rayons,
Comme l'épi doré s'élève dans les sillons
La joie s'élevait, sereine,

Dans mon âme, et reluisait dans mes yeux!
Aujourd'hui, comme ce palais au front pieux,
Qui ferme son Å“il et songe,
Mon cœur est sombre. Et mon esprit obscur
Est pareil à ces tours hautes comme l'azur
Que la nuit avec sa dent ronge!
Printemps
Envoyé le :  16/7/2008 3:24
Plume d'argent
Inscrit le: 26/6/2008
De: Shefford, Québec
Envois: 305
Re: Le palais oublié
Tout simplement: Magnifique. J'ai vu les tableaux défiler devant moi, tellement les mots sont riches de couleurs et de description. Le lire à haute voix, le rend encore plus présent.

Bravo pour cette merveille.

Pierre


----------------
"Il existe un havre où l'on peut toujours savourer une relation authentique : le coin du feu chez un ami auprès duquel on peut se défaire de ses petites vanités et trouver chaleur et compréhension."

Kressmann Taylor

anonyme
Envoyé le :  16/7/2008 8:05
Re: Le palais oublié
merci pour cette description de ce palais que j'ai parcouru par tes vers
vauv
Envoyé le :  16/7/2008 13:07
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Le palais oublié
Comme toujours, ton poème est sublime.
Malgré qu'il soit sombre...malgré la mélancolie de ce palais oublié...celui de l'enfance...celui des temps anciens écoulés...
C'est d'une profondeur...d'une beauté...tant de culture...
Tout est parfait, le fond et la forme.
Cher Bennhy, ton talent est divin...
Merci beaucoup...j'ai adoré.
Sophie.



----------------
"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

albatros
Envoyé le :  16/7/2008 16:05
Plume de platine
Inscrit le: 1/5/2008
De: Paris
Envois: 3921
Re: Le palais oublié
wouaouh ! J'ai traversé le palais de la belle au bois dormant, j'ai vu la nature au crépuscule autour du temple d'Angkor, et puis...des tas de choses...que je n'avais jamais vues, mais je m'y suis crue, je te jure ! Cinémascope en 3D.

Scénariste, metteur en scène...ça te plairait ? La musique du film ? Tes vers et tes rimes suffiront !

Merci, j'ai adoré !


Marie (Albatros)


----------------
De la musique avant toute chose (Verlaine)
Là tout n'est qu'ordre et beauté
Luxe calme et volupté (Beaudelaire)

Mostafa
Envoyé le :  16/7/2008 16:17
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Le palais oublié
Un palais que j'ai l'impression d'avoir vu car la description est tellement parfaite qu'on se promène aisément dans ce palais oublié comme si c'était vrai!
Vestiges d'un passé glorieux,souvenirs d'un amour oublié!...Un poème qui fait rêver!Merci pour cette belle description poétique exquise!

...........................................................
Mostafa,point fat,seul,las si doux,rêvant de sa mie!!!
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  16/7/2008 17:11
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Le palais oublié
Cher Pierre,
Chère Roky,
Chère Sophie,
Chère Marie,
Cher Mostafa,
Je vous remercie infiniment pour vos commentaires bien doux!
The_End
Envoyé le :  16/7/2008 17:25
Plume d'or
Inscrit le: 5/2/2008
De:
Envois: 597
Re: Le palais oublié
Il est loin d'être oublié ce palais tellement tu l'as bien décris ...
Cette mélancolie qui guide ton texte est exquise et tes verts sont
sublimes.
On arrive à s'imaginer chaque morceau de ce palais facilement, c'est extra !


----------------
... nous faut-il nourrir nos rêves et les réaliser aussi ?

tatsy
Envoyé le :  18/7/2008 5:29
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Le palais oublié
Un magnifique palais que j'ai visité grâce à tes vers!

Katel


----------------
tatsy

"D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

AMIDOU
Envoyé le :  4/5/2012 22:14
Plume de platine
Inscrit le: 29/3/2008
De:
Envois: 3761
Re: Le palais oublié
Je remonte ce magnifique poème en hommage à notre ami et grand poète Oasien Bennhy


----------------
---------------------

juliette04
Envoyé le :  4/5/2012 22:41
Plume de diamant
Inscrit le: 5/9/2010
De:
Envois: 13624
Re: Le palais oublié
Splendide poème !
Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster