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     Ă€ Al-Maari
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Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  15/7/2008 1:58
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Ă€ Al-Maari
Ă€ Al-Maari

"Peut-être y a-t-il une tombe qui a été deux fois tombe et qui se rit de voir des hôtes si pareils et si différents. La vie est semblable à une insomnie."
(Abu-l-Ala al-Maari)

Poète divin, divin sage
Au front par la nuit assombri,
Toi qui pleurais, loin de l'orage,
Pour l'homme qui vit et qui périt;

Tu chantais, ô, oiseau béni,
En déployant ton aile blessée
Dans le firmament infini
Et moins profond que ta pensée;

L'on voyait choir dans l'univers
Tes plumes qu'empourprait la sagesse
Avec les traits puissants des vers
Que murmurait ta jeunesse!

La Syrie de ton jour radieux
Vit reluire la douce aurore;
Ô, poète immense, ô, saints lieux
Dont mon cœur se souvient encore!

Les villes, vastes comme les déserts,
Ont vu errer ton enfance
Éprise du savoir aux doux feux
Et ennemie de l'ignorance!

Et Bagdad, ville divine,
Et l'Égypte et ses fiers tombeaux,
Dans le jour que la nuit mine
Virent reluire ton flambeau

Quand d'un vieux maître aux cheveux blancs
Tu Ă©coutais les sages maximes
Que ce docte vieillard tremblant
Te répétait, magnanime!

Bientôt jeune, tu vis les poètes
Chanter, courbés aux pieds des rois,
Qui, aèdes à l'âme inquiète,
Les imploraient avec effroi;

Tu les vis louer les tyrans,
Riches et entourés d'esclaves,
Et au peuple qui d'eux s'Ă©prend
Dire les travaux de ces braves!

De ces crimes qui souillent l'art
Tu gémis, poète auguste,
Et tu te dis, le cœur hagard:
"Qu'ose-t-on faire, dieu juste?

Vous donnâtes au poète une lyre
Et à la femme la beauté,
Pour voir la femme sourire
Et voir le poète chanter;

Aux victimes comme aux bourreaux
Vous donnâtes la poésie,
Comme les dieux donnent aux héros
L'immortelle et douce ambroisie;

Le poète tomba de votre aile,
Ă”, Dieu, comme un vivant rayon!
Vous bénîtes ce songeur frêle
Pareil Ă  l'heureux Alcyon;

Et voilĂ  que ce fils redoute,
Ô, péché dont la lyre frémit!
Ce roi vainqueur qu'il Ă©coute
En courbant son front insoumis!

Le voilà, servile, qui vénère
Un homme, et ne vous vénère pas;
Il ne craint plus votre tonnerre
Et il craint le bruit de ses pas!

Qu'il soit maudit, le poète sombre
Dont la lyre impie chérit l'or;
Qui de ses pièces compte le nombre
Comme jadis Judas sans remords!

Tristes mortels, oĂą allez-vous?
Vous errez, et la Renommée
Qui vous berce avec ses chants doux,
Cette infidèle bien-aimée,

Aujourd'hui propice, demain
À vos vœux sera hostile;
Je m'en vais loin de vous, humains,
Chercher un ténébreux asile!"

Et tu t'en allas, éploré,
Loin des rois et des hommes,
Dans ta demeure demeurer
En songeant au monde oĂą nous sommes!

Chantre aveugle comme Homère
Et comme Tirésias clairvoyant,
Tu songeais à nos chimères,
Et ton aile, en la déployant,

T'emportait loin du monde obscur!
Ton œil, plein d'une clarté céleste,
Était divin, et ton cœur pur
Priait pour les hommes qui restent

Et priait pour ceux qui s'en vont!
Ta lyre gémissait, oubliée,
Et les pleurs tombaient de ton front
Sur ses cordes déjà mouillées!

Leurs nefs emportées par les ondes
Dont les doigts caressent la mer,
Des déserts infinis qui grondent,
Des villes, des monts et des Ă©thers,

Maints poètes, maître vénéré,
Venaient Ă  ta source limpide
Étancher leur soif, t'adorer
Et de ta sagesse avides!

Tu leur disais: "HĂ´tes bienheureux,
Ă”, fuyez ma solitude!
Soyez aimés et amoureux
Et vivez sans inquiétude!

Triste, mes pleurs n'ont point séché,
Laissez-moi, poète qu'on oublie,
Dans ma sombre demeure cacher
Mes vers et ma mélancolie!

Vous me croyez docte, hélas! J'ignore
Jusqu'Ă  l'heure oĂą je dois mourir!
Vous m'implorez, je vous implore
De me laisser ici souffrir!"

Ô, sois béni, poète immense,
Poète dont le cœur souffrait,
De la mort louait la clémence
De la vie maudissait les attraits!

Ton doux souvenir demeurera
Radieux et puissant dans mon âme,
Dans mon âme où il reluira
Comme une immortelle flamme!

*PS: Chers amis poètes, permettez-moi de vous présenter le grand homme à qui cet humble poème rend hommage :
Aboul Alaa El-Maari (973-1057) : Grand poète et philosophe arabe, connu pour sa virtuosité technique et pour le pessimisme à l’origine de sa vision philosophique. Il naquit à Maarat Al Nooman (d’où son surnom : Al Maari).Il devança de huit siècles environ la pensée attribuée dans le monde occidental à Arthur Schopenhauer (le « pessimisme actif »). Il écrivit notamment « Sakt Al Zanad » (recueil de poème en vers réguliers) et sa fameuse « Risalat Al Ghofran » (« l’épître du pardon ») ,une « Divine Comédie » où, bien avant Dante, il dépeignit l’enfer et le paradis, à travers le voyage onirique d’Ibn Al Karrih. Il écrivit également « Al Louzoumiyat » ou « les nécessités » recueil philosophique où il s’amuse à faire rimer des mots de trois, quatre, voire cinq lettres identiques.
Né aveugle, il était connu pour sa très grande intelligence et pour la puissance de sa mémoire ; selon ses contemporains, il était capable d’apprendre par cœur n’importe quel livre, à condition qu’on le lui lût deux, maximum trois fois. Il était également très docte (aujourd’hui, celui qui se pique de maîtriser très bien la langue arabe, a besoin d’un dictionnaire, et pas n’importe lequel, d’un « Lisan Al Arab » pour lire ses œuvres et les comprendre) ; Al Maara, la petite ville où il naquit, où il vécut et mourut, était devenue, grâce à lui, un véritable « centre culturel ». Des étudiants, des poètes en herbe, venaient le voir pour apprendre les règles de la langue et de la versification, mais également les fondements de la religion, de la morale et de la philosophie.
Sa pensée était marquée par le scepticisme, c’était un vrai Voltaire. C’est pour cette raison qu’on le qualifia à l’époque de « Zindik » ou « mécréant ». Ceux qui le connurent racontaient qu’il pouvait embrasser trois religions en un même jour. Pessimiste, il se réfugia dans sa demeure à Al Maara, et dit à ses compatriotes : « Qu’on me laisse ici, même si les Romains attaquent la ville », il ne voulut pas avoir d’enfants, pour qu’ils ne vécussent point sa tragédie existentielle. Quand il mourut, il demanda qu’on gravât sur sa tombe cette épitaphe : « Ceci est le crime de mon père/ et je ne suis point criminel » (« Hadha Janahou Alaya Abi/ Wa ma janaytou ala ahadi).
Parmi ses anecdotes qui montrent toute l’étendue de son savoir, je cite celle-ci : lorsqu’il était encore jeune, il alla à la cour d’un roi. Aveugle, il heurta un homme avec sa canne ; ce dernier, courroucé, demanda : « Mais qui est ce chien ? » Al Maari répondit : « Le chien est celui qui ne connaît pas quatre-vingt-trois synonymes du mot chien » et il railla celui qui osa l’insulter avec ses quatre-vingt-trois synonymes (ne vous étonnez point ; la langue arabe peut offrir un nombre infini de synonymes d’un même mot : J’ai fait, une fois, une petite recherche sur les synonymes du mot « épée » dans la poésie arabe classique, préislamique et postislamique, et j’ai trouvé, tenez-vous bien, 487 synonymes du mot épée ! La langue arabe est d’une surprenante richesse).
Voilà, je ne m’excuserai jamais assez pour la longueur de mes poèmes et de mes notes…Mais croyez-moi, un tel poète mérite amplement plus. C’est un véritable monument de la poésie arabe et universelle.
anonyme
Envoyé le :  15/7/2008 8:05
Re: À Al-Maari
un joli hommage à ce poète et merci pour la leçon d'histoire car je ne connaissais pas ,
Honore
Envoyé le :  15/7/2008 8:22
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: À Al-Maari
Je suis absolument ébloui par ce que je viens de lire et en même temps horrifié de m'apercevoir à quel point la connaissance humaine est infime face à la sagesse de tels hommes.
Mille fois merci pour cet enseignement et bravo à toi pour ce poème aux lyriques accents.
HONORE
tatsy
Envoyé le :  15/7/2008 9:37
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: À Al-Maari
Merci mon ami de nous faire partager ta culture au travers de tes magnifiques vers!
Un poète dont on m'avait parlé suite à une étude de Schopenhauer...

Katel


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tatsy

"D'une joie mĂŞme, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

rosam31
Envoyé le :  15/7/2008 9:53
Plume d'or
Inscrit le: 30/4/2008
De: Neiges sud sapins lumières
Envois: 1147
Re: À Al-Maari
Choukran pour ta fabuleuse érudition, pour ton hommage, par ton désir de partage avec nous, pauvres francofrançais qui souvent ne lisons pas plus loin que le bout de nos lunettes et surtout n'apprenons rien en classe-je le sais, je suis prof et me fais descendre par les parents, collègues, directeurs et élèves quand j'ose la culture au-delà des programmes...!!!-, merci pour ce vibrant joyau d'humanisme.

Rose, toute petite.


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AMIDOU
Envoyé le :  15/7/2008 10:40
Plume de platine
Inscrit le: 29/3/2008
De:
Envois: 3761
Re: À Al-Maari
Al Mâarri merite bien cet hommage et nos amis Oasiens gagneraient beaucoup a lire tes poèmes lettrés et academiques pour élargir leurs connaissances littéraires et s'ouvrir sur d'autres horizons .
Pour le coté philosophique on raconte l'anecdote suivante : On amena un medecin de l'epoque à Al Mâarri qui était une fois trés malade et qui lui prescrit comme medicament d'egorger une poule toute noire sans aucune petite tache blanche , la cuire et la lui donner a manger.Chose que les siens firent aprés avoir peiné a trouver une telle poule . Satisfaits ils lui dirent qu'ils ont enfin pu trouvé le medicament miraculeux.Curieux il leur demanda de lui presenter ce medicament et a son touché il su que c'était une poule .Il la caressa doucement de sa main et lui chuchota: C'est parce que tu es faible qu'ils t'ont mesestimé et ordonné comme medicament, sinon pourquoi ne m'ont ils pas prescrits les petits d'un lions? Et il refusa de prendre ce medicament...
Merci pour tes excellents poèmes


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Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  15/7/2008 11:19
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: À Al-Maari
à Roky: Merci chère Roky, ta lecture et ton commentaire m'honorent!
à Honoré: Merci cher ami. C'est grâce à de tels hommes que l'homme est digne de ce nom!
à Katel: Merci chère Katel! Ravi de savoir que le nom de notre grand poète ne t'est pas tout à fait inconnu!
à Warda: Chère Warda, moi-même je suis prof et je sais de quoi tu parles, crois-moi! Je sais ce qui arrive quand on se hasarde à faire le cultivé en classe! Heureusement qu'il y a l'enseignement universitaire! Chokran pour on commentaire, Rose.
à Amidou: Merci mon ami! Tes louanges me touchent. Merci également pour l'anecdote. Oui,Al Maari était végétarien et animiste et considérait les animaux comme des êtres comme nous, "animés" (au sens étymologique) qu'il ne faut pas blesser avec nos traits cruels.
Voici une autre anecdote pour toi, qui montre la puissance de la mémoire du poète: Une fois, il était assis près de deux "romains" ("Roum", étrangers). Il n'entendait rien à leur langue. Pourtant il apprit par cœur toute leur conversation et la leur répéta dans les plus infimes détails!
Amedyaz
Envoyé le :  15/7/2008 11:40
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 7/8/2006
De: Tafraout Maroc
Envois: 17695
Re: À Al-Maari
Salut ami poète bennhy
Je te remercie pour Al Mutanabbi et pour Al Maârri deux grnads poète immortels;je viens de lire un vibrant hommage rendu au poète philosophe non-voyant mais clairvoyant Al Maârri;je t'en remercie infiniment ainsi que pour la biographie de ce granbd poète
Amitiés
farid


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"Je n'existe que dans la mesure oĂą j'existe pour autrui"
Manet




Mon blog : http://amedyazamazigh.blog2b.net

vauv
Envoyé le :  15/7/2008 15:24
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: À Al-Maari
Cher Bennhy, ton poème, comme toujours, est sublime...ta plume est divine...pardon de redire des évidences...
MERCI beaucoup de m'avoir une fois de plus instruite par ton talent...Merci de m'avoir si magnifiquement éclairé...
Quelle profonde sagesse chez ce poète...merci de me l'avoir fait découvrir.
Tu le sais, je le réitère...tu es un grand poète, cher Bennhy...et rejoins ce qu'avais déjà écrit une fois Amidou, il y a du V.Hugo dans ta plume...
Merci de partager ce grand talent qu'est le tien, ici.
Sophie.


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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

Mostafa
Envoyé le :  15/7/2008 22:26
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: À Al-Maari
Comme d'habitude,lire un de tes poèmes sublimes devient,pour moi,une vraie leçon d'Histoire,de poésie,de littérarure. Oh! Comme je connais ce grand philosophe/poète érudit arabe: Il m'a fait passer des nuits blanches que je ne suis pas prêt d'oublier! Nous avions au programme,, à l'époque,son livre impénétrable "L'épître du Pardon"(Risalat Al ghofran);c'était dur incompréhensible,insupportable pour le petit bachelier que j'étais!
Ton poème m'a fait revivre ces moments magnifiques! Merci pour ton savoir et ton érudition! Je suis fier de toi!

......................................................................
Mostafa,point fat,seul,las,si doux,rĂŞvant de sa mie!!!
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  16/7/2008 1:44
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: À Al-Maari
Cher Farid,
Chère Sophie,
Cher Mostafa,
Merci du fond du cœur!
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  16/7/2008 1:45
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: À Al-Maari
Cher Farid,
Chère Sophie,
Cher Mostafa,
Merci du fond du cœur!
okana
Envoyé le :  16/7/2008 1:52
Plume de platine
Inscrit le: 27/2/2008
De: Québec
Envois: 2289
Re: À Al-Maari
Bonjour Bennhy, C'est agréable de voir un oète d'aujourd'hui rendre un hommage à un autre qui vient de si loin dans le pasé.Je sais que pour toi la poésie c'est le savoir, allez jusqu'au bout des connaissances
et les faire connaître. Un travail qui mérites d'être souligné. Bravo...Okana...xx


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La douleur est comme un arbre tordu par les morsures des grands froids d'hiver...


Citation de Nicole Chaput

anonyme
Envoyé le :  16/7/2008 10:26
Re: À Al-Maari
Quand je vois un poème de toi et que je me décide à le lire je m'installe confortablement car je sais que je vais me délecter de chaque mot et je ne trouve jamais tes poèmes trop longs car à chaque fois c'est ton savoir que tu partages avec nous. Merci une fois de plus pour ce trés agréable moment.

Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  16/7/2008 10:48
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: À Al-Maari
Chère Okana,
Chère Carlita,
Merci!
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