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     Ovide à son livre, élégie
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Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  10/7/2008 3:01
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Ovide à son livre, élégie
Ovide à son livre, élégie
In quâ scribebat, barbara terra fuit!
(Publius Ovidius Naso, Tristes, 1, III, 1)

Ô, livre orphelin! Loin de ton père
Dont le cœur gémit et désespère
Quand de son exil il compte les jours,
Déploie ton aile qui saigne toujours
Et où l'on voit rougir ma blessure!
À Rome dont le souvenir me torture,
Où je naquis, où je ne puis mourir,
À Rome qu'à mes yeux tu ne peux offrir,
De mes nuits ténébreuses va dire l'ombre!
Le fard ne sied point à ton front sombre;
Qu'un haillon pare ton cœur douloureux
Digne fils de ton père malheureux,
De ton père las de tant de luttes!
À Rome va, comme un lion hirsute,
À Rome va, toi que mouillent mes pleurs,
Ô, emblème humide de mes douleurs!
Va à Sulmona qui m'est si chère,
À Sulmona où une tendre mère
Berçait mon enfance avec ses chants doux!
Devant son tombeau mets-toi à genoux,
Comme je l'eusse fait, et dis-lui: "Mère tendre
Ton fils chéri te dit de l'attendre,
Près de toi il s'éveillait sans frémir
Et près de toi il viendra s'endormir,
Pareil à l'enfant jadis son défense!"
Aux lieux qui virent s'éclore mon enfance,
Fleur tombée dans le torrent oublieux,
Dis: "Mon père songe à vous, augustes lieux
Dont son pas foulait les vastes prairies;
Comme Endymion se repose à Carie,
Dans vos solitudes il veut reposer
Son pied fatigué et son cœur brisé;
Il veut caresser, loin des tourmentes,
Sa lyre qui pleure dans vos ombres charmantes,
Et de vos rivières il veut écouter
Les murmures divins et enchantés!"
Vole au-dessus de ces ondes livides!
Si Rome songe encore à Ovide,
S'il est un homme qui bénit mon souvenir
Et qui rêve encore de me voir revenir,
S'il est une femme qui pleure un poète
Et qui peut-être pour mes jours s'inquiète
En maudissant de César le courroux,
Bénis-les et dis-leur: "Il songe à vous
Comme vous songez à lui. Que vos pleurs justes
Attendrissent les dieux et Auguste
Qui aujourd'hui le retiennent à ce port
Où, loin de sa patrie, il sera mort,
Et que les dieux tout-puissants bénissent
L'homme qui des malheureux plains le supplice!"
Mais, ô, mon livre! Comme moi assagi,
Ne répond point à la foule qui rugit!
Mon fils, qu'importe à la nef qui se noie,
Des ondes cruelles l'innocente proie
Les crachats qui souillent son front naufragé?
Ah! Il ne me chaut point d'être outragé,
Sois muet quand la vulgaire ironie,
Hostile à l'art et hostile au génie,
Te dira, pleine d'un courroux impur:
"Rome ne veut point de toi, livre obscur!
Nous sommes joyeux et tous nos jours sont fastes,
Qu'à ton sombre auteur l'océan vaste
Te ramène sur ses flots, livre ennemi!"
Ô, mon cher fils! Mon cœur point ne frémit,
Jaloux de ma gloire, de ces outrages!
Ne leur montre qu'un serein visage;
Les siècles de mon nom se souviendront,
Malgré mon exil propice aux affronts!
Laisse ces vautours ronger ma dépouille
Qui empourpre leurs griffes qui me souillent!
L'on dira aussi: "Que ces faibles vers
D'Ovide dont la voix emplit l'univers
Sont indignes!" Mais ma voix est amère,
Hélas! À ma place l'on eût vu Homère
Sous le joug qui l'accable gémissant,
Prier en vain son génie impuissant
De répondre à Zoïlus qui l'assaille!
Les filles d'Apollon, que l'ignorant raille,
Aiment la solitude. Les vers radieux,
Doux flambeaux, dans la nuit rayonnent mieux,
Et la paix au génie est propice,
Mais moi, de la mer aux sombres caprices,
De la houle qui gronde et des âpres vents
Jouet futile, je ne puis, en rêvant
Des amants qui soupirent et des déesses
Dont le souvenir a bercé ma jeunesse,
Chanter les feux et chanter les regards!
Va à la terre de Rome, livre hagard,
De mes ennemis ne crains point la colère
Et ne rougis point de leur déplaire!
La Fortune est hostile à nos destins,
Qu'importe la gloire? Jadis, hautain,
La Renommée berçait mon cœur avide,
Je voulais écouter le nom d'Ovide
Dans les temples où nos dieux dont vénérés;
Aujourd'hui, livide et déshonoré,
Je ne songe plus, victime des Muses,
À éblouir un peuple que mes chants amusent!
Cependant, va à Rome, fils ailé,
Ô, va à Rome où je ne puis aller!
Que ne puis-je être ton fils, que je voie
Cette ville qui m'est hostile comme aux Grecs Troie!
Quand à son rivage les flots de la nuit,
Hostiles ou propices, t'auront conduit,
Tu iras, silencieux, à ma demeure
Consoler tes frères qui loin de moi pleurent
Et tu leur diras: "Votre père vit!"
Ces fils joyeux, à mes veilles ravis
Quand ma fortune égalait mes alarmes,
Ne te ressemblent point, fils de mes larmes!
Mais ils sont tes frères. Embrasse tendrement,
Comme je l'eusse fait, leurs fronts charmants!
Un seul à tes caresses sera hostile,
Il chante de l'amour les ruses subtiles,
C'est lui qu'il faut maudire! Ne l'embrasse point!
Et que de toi il demeure plus loin
Que je ne suis de lui! Je l'abandonne!
Nomme-le Œdipe et Télégone,
Nomme-le Thésée, ce livre criminel!
Que rien n'émeuve ton cœur fraternel!
Maudis comme moi ce fils parricide!
Sur un mont haut comme les colonnes d'Alcide,
Tu verras, fier, le palais de César,
Auguste et jadis ami de mon art;
Ne l'approche point! C'est de ce lieu paisible
Que tomba sur moi la foudre terrible!
Ce mont, c'est l'Olympe sous les éthers,
César, c'est le terrestre Jupiter
Qui d'un mortel châtia les offenses!
Les dieux aux hommes apprennent la prudence,
Icare, qui brava le ciel, est tombé
Dans la mer. Phaéton a succombé,
Ô, leçons que les hommes point n'écoutent!
Ulysse de cette Ilion qu'il redoute
En songeant à la mer et ses dangers,
Pour brave qu'il fût, sous un ciel étranger,
N'eût jamais cherché une autre gloire!
Thésée dont j'ai chanté les victoires
Revînt-il à Dia, n'eût point revu
D'Ariane éplorée le front imprévu!
Et moi, à ton rivage qui m'opprime,
Ô, Rome qui me condamne, comme pour un crime,
Pour mon génie, de mes jours le bourreau,
Je n'ose revenir! Fussé-je comme les héros
Puissant, et comme Jupiter invincible!
Envole-toi loin de ce mont impassible,
Livre chéri! Ô, laisse-moi souffrir!
Ne te hasarde point à attendrir
Un dieu. Mais va attendrir les hommes
Et verse mes pleurs sur le sein de Rome!
Pourtant, si ce dieu daignait pardonner
Ses crimes à un poète infortuné,
De Rome je reverrais le sourire!
Ô, Patrie! C'est pour toi que je soupire!
Mais comme Achille qu'Apollon terrassa,
Seul le dieu punisseur qui me chassa
Peut guérir mon cœur que son trait blesse!
Mais va, livre chéri! Je te laisse
Fouler sans moi Rome dont je suis épris.
Les maux qui appesantissent mon esprit
T'eussent appesanti, trop lourd pour la voile
Qui te conduit, sous l'œil des étoiles,
Au port qui m'est désormais interdit!
Va, et laisse gémir ton père maudit
Qui demeurera ici, loin du monde,
Et écoutera chanter les ondes
Que caresse le port du pays natal,
Dans ce port sombre à sa nacelle fatal!

PS: chers amis poètes, j'ose encore une fois compter sur votre clémence en postant ce poème trop long, et en y joignant ces quelques notes, qui ne vous apporteront rien de nouveau.
Ce poème s'inspire, comme l'indique son titre, d'une élégie du Géant Ovide, plus précisément de la première élégie des Tristes (Tristes). Personne n'ignore qu'Ovide, pour des raisons demeurées mystérieuses -même si je penche pour l'hypothèse selon laquelle le poète fut châtié à cause de la soi-disant "immoralité" de son livre "l'art d'aimer", "le livre ennemi" comme il le dit lui-même dans son élégie- fut exilé de Rome par l'empereur Auguste, qui régna sur Rome après Jules César.
Je ne prétends point égaler la beauté du texte latin, ce poème n'en est qu'un reflet bien pâle.
Encore une fois désolé pour tant de longueur, et dans mes humbles vers et dans mes plus humbles phrases.
tatsy
Envoyé le :  10/7/2008 9:20
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Ovide à son livre, élégie
Comme quoi, tout peut arriver! Je m'explique... J'ai étudié Ovide il y a de nombreuses années, et je t'avoue que j'avais dé-tes-té! Je trouvais ses oeuvres lourdes, indigestes... Et là, je commence à me demander si je ne vais pas aller farfouiller dans le grenier pour les retrouver! Merci mon cher Bennhy!
Qu'importe la longueur quand le texte est superbe!

Katel


----------------
tatsy

"D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  10/7/2008 11:21
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Ovide à son livre, élégie
Merci ma chère Katel d'avoir honoré mon poème de ta lecture et de ton commentaire! Crois-moi, Ovide mérite d'être lu et relu!
anonyme
Envoyé le :  10/7/2008 12:31
Re: Ovide à son livre, élégie
La longueur n'a pas d'importance quand le texte est beau et le tien est vraiment l'exemple d'un trés bel écrit. Ovide de tous temps a eu ses détracteurs et pourtant je pense qu'il faut vraiment se plonger dans ses oeuvres pour en comprendre l'ampleur, ce qui est navrant c'est qu'il n'ait jamais pu terminer son ouvrages sur "les métaphores". Je dois reconnaitre que tes écrits sont un puit de connaissances et pour ça je te dis bravo.

Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  10/7/2008 13:46
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Ovide à son livre, élégie
Merci pour ton commentaire, chère Carlita!
Tu voulais parler des "Métamorphoses"? Si ce n'est pas le cas, il s'agit d'une œuvre que je suis affligé de ne point connaître. Si c'est le cas, c'est une grande infortune pour la littérature latine et universelle que les Métamorphoses ne fussent point achevées, à cause de l'exil d'Ovide à Tomes.
Pour moi, Ovide est, comme Virgile, le parangon du poète classique. Son exil me rappelle étrangement l'exil de Victor Hugo et de notre Al Mutanabbi, ainsi que l'exil quotidien que vit le poète dans des terres impies.
Encore une fois merci pour tes bien élogieux commentaires; tes doux poèmes en sont également dignes.
anonyme
Envoyé le :  10/7/2008 14:07
Re: Ovide à son livre, élégie
Oui excuses moi j'ai mangé la moitié du mot en l'écrivant lol j'ai lu des extraits alors que j'étais encore au lycée mais avec le recul je me dis que j'aurai dû approfondir ma lecture, mais je m'y remettrai peut être un jour mais pour ça il faut avoir l'esprit libre pour bien pouvoir apprécier ces écrits.

nad34
Envoyé le :  10/7/2008 14:56
Plume de diamant
Inscrit le: 27/2/2007
De: languedoc roussillon
Envois: 12223
Re: Ovide à son livre, élégie
Bennhy,j'adore tes poèmes car même s'ils sont longs,sont intéressant de par leurs histoires!!Etre passionné comme toi de l'antiquité,avoir autant de connaissance sur l'histoire et les personnages qui l'ont fondé,c'est époustoufflant!!Je suis très admirative,d'autant que j'en apprend à chacune de mes lectures:Merci!!
Amedyaz
Envoyé le :  10/7/2008 15:53
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 7/8/2006
De: Tafraout Maroc
Envois: 17695
Re: Ovide à son livre, élégie
Salut Bennhy
Agréable lecture,la longueue est nécessaire car il s'agit là d'un grand poète banni de Rome ,un poète qui demeure plus illistre que le César l'ayant chassé.J'ai bien aimé cet apitoiement du poète sur son oeuvre interdite;on dirait des paroles de réconfort envers un lépreux,un paria,un proche parent malchanceux,un dialogue bien mené par une plume aisée avec des mots pertinents et esthétiquement bien assortis.Merci pour les références historiques de même!
Amitiés
farid


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"Je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui"
Manet




Mon blog : http://amedyazamazigh.blog2b.net

Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  10/7/2008 15:55
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Ovide à son livre, élégie
Chère Nad;
Cher Farid;
Merci!
Arteaga
Envoyé le :  10/7/2008 16:39
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2008
De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est
Envois: 3685
Re: Ovide à son livre, élégie
Une impressionnante épopée, puisée dans une très belle inspiration. Un poème beau et utile pour notre culture poétique.
anonyme
Envoyé le :  10/7/2008 20:01
Re: Ovide à son livre, élégie
lorsque les textes sont aussi beau , la longueur on ne la voit pas
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  10/7/2008 21:14
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Ovide à son livre, élégie
cgp49,
Roky,
Merci à vous!
gepeto2
Envoyé le :  10/7/2008 21:19
Plume de platine
Inscrit le: 18/4/2007
De: Quelque part avec mes ami(e)s
Envois: 7197
Re: Ovide à son livre, élégie
Je n'ai trop peu sinon aucun repère des faits dont tu fais allusions, j'ai peu lu et étudié. J'avoue par contre qu'on peut les transposer à notre époque sous d'autres formes, une juste description de l'humain à travers le temps, mêmes envies et mêmes déceptions. Le fond est le même je pense, seule la forme change. Très impressionné sincèrement par ta culture abordable à chacun, beaucoup d'altruisme. Trop long non, c'est si bon si peu qu'on prenne le temps. Je me fais tout petit devant cet écrit.


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FORUM CITATIONS:
Je remercie Roky qui a créé cette vidéo où défilent les citations des gagnants mises en page.
http://img532.imageshack.us/my.php?image=nouveaumuvee001ti2.flv

Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  12/7/2008 3:38
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Ovide à son livre, élégie
Merci cher Jean-Luc! Oui, le drame que vit l'artiste est, hélas! intemporel. Tu as parfaitement raison sur ce point.
Merci d'avoir lu et commenté mon poème.
vauv
Envoyé le :  12/7/2008 12:35
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Ovide à son livre, élégie
Tes poèmes, cher Bennhy, ne sont jamais trop longs...
Celui-ci est de toute beauté...profond, spirituel...comme toujours...tes mots transportent loin de ce monde bien trop vil...en nous poussant à réfléchir...
Tant de culture, tant de talent....un pur délice, Bennhy, tu es un très grand poète, à la plume si proche de V.Hugo...
Merci d'être ici sur Oasis...te connaître est un bonheur.
Sophie.


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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

Mostafa
Envoyé le :  12/7/2008 13:28
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Ovide à son livre, élégie
J'en ai appris,des choses! Comme Jean-Luc,je ne suis point honteux d'avouer sue je ne savais rien sur Ovide,à part le nom!Merci pour cette belle leçon estivale,cher ami!
Je suis très touché par l'exil du poète,l'exil de toute pensée libre!Ce problème dont souffrent encore beaucoup de poètes et d'intellectuels à cause de leurs idées et de leur pensée!
Non,ton poème n'est pas long,on ne s'en apperçoit même pas une fois plongé dans sa lecture!Merci,mon ami le poète!

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Mostafa,point fat,seul,las,si doux,rêvant de sa mie!!!
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