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     ÉpĂ®tre, Ariane Ă  ThĂ©sĂ©e (InspirĂ© du chant X des HĂ©roĂŻdes d'Ovide)
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Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  6/7/2008 11:31
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)
Épître, Ariane à Thésée
Alta puellares tardat harena pedes.
Interea toto clamanti littore theseu
Reddebant nomen concava saxa tuum.
Et quotiens ego te totiens locus ipse vocabat.
Ille locus miseræ ferre volebat opem.
(Publius Ovidius Naso)

Ô, cruel Thésée ! Dans ce port farouche,
Tu laissas Ariane, seule dans ta couche !
De l’océan, de la terre et des cieux
Les bêtes féroces et les monstres furieux
Sont plus doux que toi qui m’as outragée !
Amant perfide, d’une amante affligée
Ne plains-tu point les soupirs et les pleurs ?
Seule ici, tu ne vois point les douleurs
De la plus malheureuse de toutes les femmes,
Trahie par le sommeil et par ta flamme !
Le matin doux blanchissait l’univers,
L’oiseau sur sa branche chantait des vers
Et les roses pleuraient, mouillées de rosée,
Quand tu me quittais, inhumain Thésée !
Ne devinant point ton cruel dessein,
Ma main cherchait ton tendre sein,
Par le sommeil encore appesantie ;
Par mon cœur crédule d’abord démentie,
Elle toucha de cette couche le sein froid.
Craintive soudain, réveillée par l’effroi,
Comme hier par ta voix douce endormie,
Je vis vide cette couche ennemie,
Cette couche cruelle au front vainqueur
Qui n’offrait plus ton image à mon cœur !
Dans le désordre où me vit la nuit tendre
Et où le jour cruel semblait m’attendre,
Je me levai. Mes yeux épouvantés
Te cherchaient encore. La vérité
Les ouvrit, comme les ferma ton mensonge !
J’imputais ton crime odieux aux Songes ;
Père de mon père, daigne me pardonner !
Mais je vis le jour fatal rayonner
Et Hélios à ma prunelle mouillée
Montrer son œil puissant dans les nuées
Que le vent rapide ouvre avec ses doigts.
Mon cœur sans vie et ma bouche sans voix,
Je courus Ă  ce fatal rivage ;
La douleur ailée qui me ravage
Hâtait, comme l’amour hier, mon pas tremblant,
Le sable appesantissait mes pieds blancs
DĂ©jĂ  affaiblis par ma jeunesse ;
Ă”, fatale douleur, Ă´, mortelle tristesse !
Comme ta couche le rivage était désert !
J’y courus encore. Et aux arbres verts
Et aux vents, en songeant Ă  ce lit vide,
Je demandais Thésée, plus livide
Que la nuit qui, docile, courba mon front.
La mer, où ton père cache ton affront,
Ne me répondit point. Les antres blêmes,
Amis, répétaient ton nom que j’aime,
Secondant de ma voix l’écho pâli !
Doutant encore de ton cruel oubli,
Sur un roc que les flots acérés minent,
Je montai. Ă”, souvenir qui me chagrine !
Ô, perfidie ! Ô, infâme trahison !
Je vis, sereine sous le vaste horizon,
Ta voile qui dans la mer errait encore
Et que Notos, le fils de l’Aurore,
Emmenait Ă  un rivage inconnu !
Ma pudeur n’effrayant point mon sein nu,
Je montrais à ta voile, déshonorée,
Les lambeaux de ma robe déchirée,
Pour que tu me visses. Mais en vain j’appelais
Ta nef que loin de moi l’onde exilait !
Je criais : « Reviens, héros barbare
Que nul monstre dans l’univers n’effare
Et qui de ce rivage semble trembler
En fuyant une amante au cœur troublé ! »
BientĂ´t, ma voix se tut, impuissante.
Mes larmes m’étouffaient. Comme une bacchante,
Dans cette île vaste, j’erre aujourd’hui,
Et mes jours sont plus sombres que mes nuits !
Ă€ cette couche, Ă  nos feux jadis propice,
Je dis : « Couche perfide ! Que les dieux maudissent
De cette nuit les éphémères plaisirs !
Ă€ mes tristes yeux tu ne peux offrir
Le confident parjure de mon âme,
Rends-moi mon amant, ô, couche infâme ! »
Mais ce n’est point elle qu’il faut condamner,
C’est moi, qui pour toi ose abandonner
Ma Crète natale, et trahir un père !
Pour toi, héros meurtrier de mon frère !
C’est moi ! C’est moi qui vins à ton secours
Et qui du fil fatal Ă  mes amours
Osai seconder ta main rivale !
Mais tu n’es point innocent ! Ta voix mâle
Me disait alors : « Reine au front si doux,
Par ces périls que je brave pour vous,
Par mille autres que mon bras redoutable
Brava, plus que ceux-ci effroyables,
Madame, je jure de vous aimer ! »
Ô, toi dont le bras, par les dieux armé,
Fit trembler Eleusis et Athènes ;
Fils de Poséidon que chante Trézène,
Qui fit frémir Pnyx et Thémiscyra ;
Toi dont la gloire immortelle reluira
Et qu’à Hercule aujourd’hui on compare ;
Vainqueur Ă  Eleusis et Ă  MĂ©gare,
Et à Erinéos, et à Crommyon,
Qu’Amphitrite para avec ses rayons,
Est-ce ainsi, héros, que tu récompenses
Les bienfaits d’un cœur que tu offenses ?
Ă€ Dia tu me laissas dans tes fers,
Seule ici et assiégée par la mer.
Outre tes maux, d’une femme abandonnée
Je ressens l’effroi. À toi enchaînée,
HĂ©ros, je ne tremblais point pour mes jours.
Que ces temps furent doux, mais qu’ils furent courts !
Aujourd’hui, loin des hommes et du monde,
Je crains la terre, les vents et les ondes ;
Je crains les monstres qui hantent ces bois,
L’air que je respire et l’eau que je bois,
Et les dieux qui à ces lieux m’ont appelée !
Barbare ! Que ne m’as-tu immolée
Avec ta massue qui brise les monts ?
Je n’eusse point vécu. Et à ton nom
Tu n’eusses point lié le tien, parjure !
Hélas, tout m’a trahie ! Et tes murmures
Qu’amante avide, j’écoutais en rêvant,
Et ton cœur, et le sommeil, et le vent !
Thésée, quand tu seras à Phalère,
Raconte aux Athéniens qui te vénèrent
Ton exploit, mais n’oublie point ton forfait !
Parle-leur du monstre que tu as défait
Et de la fille de Minos ensevelie
Dans cette île lointaine où tu l’oublies !
Traître ! Toi dont le front ne rougit point
De mon trépas daigne être le témoin ;
Si tu ne peux m’aimer, dans cette terre,
Viens ensevelir ta victime ! Ma mère
Ne mouillera point mon corps de ses pleurs pieux,
Nuls doigts aimants ne fermeront mes yeux,
Après ton départ, ma mort est certaine,
Mais fille de toi comme les monts hautaine,
Je ne souffre point que devant ce port
Les oiseaux de la mer rongent mon corps
Et d’être des loups l’ignoble pâture !
Ne me refuse point la sépulture
Et pour honorer ma dépouille reviens,
Ô, toi dont mon cœur toujours se souvient,
Même morte et par mon amour humiliée,
Ô, toi que j’aime et qui m’as oubliée !
anonyme
Envoyé le :  6/7/2008 13:34
Re: Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)
toujours aussi magnifique lecture , merci pour le partage
vauv
Envoyé le :  6/7/2008 17:38
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)
Quel souffle poétique, cher Bennhy, comme toujours, tu as un grand talent...c'est impressionnant...
Ovide t'inspire à merveille...et comme ta plume est divine...c'est un délice à lire...même si cela est triste...
Tu es un grand poète....merci de partager ta plume ici.
Sophie.


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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

tatsy
Envoyé le :  6/7/2008 18:29
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)
Une trahison qui t'a bien inspiré, cher Bennhy! Ce chant, je l'ai lu au collège, et je le retrouve avec plaisir dans tes mots!

Katel


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tatsy

"D'une joie mĂŞme, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

cyrael
Envoyé le :  6/7/2008 18:40
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83530
Re: Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)

quelle belle plume pour nous conter

ces chants ...d'un ancien temps..



toujours aussi poétique votre plume d'excellence !

j'aime..





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Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  7/7/2008 2:38
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)
Roky,
Sophie,
Tatsy,
Cyrael,
Merci du fond du cœur!
Mostafa
Envoyé le :  7/7/2008 14:46
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)
Grand poète par excellece,
Je n'ai plus rien à dire après cette lecture enivrante et ô combien longue!!! Je n'ai plus rien à dire,j'ai perdu mes mots et ma syntaxe,je ne me souviens plus de ma conjugaison! Que dois-je encore apprendre et comme la route est longue!!!
Puisque je n'ai plus de mots,laisse-moi,de grâce,prendre un mot avec un accent circonflexe! Laisse-moi l'amputer de son accent. Laisse-moi changer cet accent en chapeau ,m'incliner,ôter mon chapeau et te faire la révérence!!!

.................................................................................
Mostafa,point fat,seul,las,si doux,rĂŞvant de sa mie!!!
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  7/7/2008 15:01
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Épître, Ariane à Thésée (Inspiré du chant X des Héroïdes d'Ovide)
Cher ami Mostafa, merci d'avoir honoré mon bien humble poème de tes radieuses louanges!
Je ne fais rien de spécial, je m'exerce beaucoup, c'est tout. La poésie est femme et n'aime point qu'on l'abandonne.
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