Soigneusement empilées, à l’horizontale,
Un litelage entre chaque rangée pour les aérer
Toutes semblent identiques , objets inanimés
Sans aucune vie, d’une présence banale.
Noircies avec le temps
Rugueuses au toucher, d’apparat elles n’ont que pour l’artiste.
Jadis faites d’un seul morceau, résistant aux intempéries et vents
Bourreaux d’acier donnèrent, à un corps en santé, une fin triste.
Planches, dans l’atelier, connaîtront transformation.
Identité renouvelée, elles connaîtront.
Déjà , leur présence en un nouveau milieu, leur donne vanité
Et partout, dans la pièce, répandent odeur parfumé.
L’ébéniste, les mains crevassées par le labeur d’une vie
Encore une fois transformera ces pièces en une œuvre unique
Comme, seul, lui sait faire parler le chĂŞne comme par magie
Et faire chanter l’érable sur air d’une douce musique.
Dès qu’elle reçoit l’accolade du rabot
La planche grisonnante commence à découvrir ses traits
Veinures diverses, grains uniques à l’infini rien n’est aussi beau
Que le plaisir qu’elle donne à celui pour qui elle est.
Une par une, selon l’attrait qu’elle a, il choisira
Et ensuite laminera.
Tenons et mortaises créeront solidité
Et stabilité.
Les fers de la façonneuse mordront
Pour donner forme et dimension.
Ocre rouge habillera cette merveille.
Protégée elle sera de cire d’abeille.
Soigneusement empilées, à l’horizontale,
Un litelage entre chaque rangée pour les aérer
Toutes semblent identiques , objets inanimés
Sans aucune vie, d’une présence banale.
Une armoire elles sont devenues,
Vivante, présente, fière
Près de l’âtre, gardant jalousement pèlerine avec attention entretenue
Couettes, traversins et sur une feuille, un poème signé Pierre
Pierre (Printemps)
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"Il existe un havre où l'on peut toujours savourer une relation authentique : le coin du feu chez un ami auprès duquel on peut se défaire de ses petites vanités et trouver chaleur et compréhension."
Kressmann Taylor