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     ÉpĂ®tre, Laodamie Ă  ProtĂ©silas (InspirĂ© du chant XII des HĂ©roĂŻdes d'Ovide)
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Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  26/6/2008 21:31
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Épître, Laodamie à Protésilas
Silicet ipsa geram saturatas murice vestes ?
Bella sub iliacis mœnibus ille geret.
Ipsa comas pectam : galea caput ille premetur.
Ipsa nouas vestes : dura vir arma feret.
Quo possum squalore tuos imitata labores
Dicar : et hæc belli tempora tristis agam.
(Publius Ovidius Naso)

Ton épouse éplorée dont le cœur est las
De ton absence se plaint, Protésilas !
Seule ici, attendant que tu reviennes,
Ta Laodamie, triste Émonienne,
Ne te voit point, radieux à ses côtés,
Sourire, doux, à son cœur épouvanté !
Mes jours sont ténébreux et mes nuits sombres
Et mon cœur esseulé se remplit d’ombre
Quand le jour se remplit de rayons ;
Maudite soit cette fatale Ilion
Qui fait pleurer tant d’amantes fidèles !
Cette Ilion qui à la guerre t’appelle !
Cette Ilion où tant d’époux seront morts !
Il ne t’a point retenu à ce port
Ce vent qui Ă  Aulis retient les rames
Des Grecs, bravant vainement les lames !
Ah ! Quand tu me fuyais, ce vent odieux
Était propice aux matelots oublieux
Mais à mes vœux n’était point propice !
De la mer cruelle sombre caprice !
Époux cher à mon cœur et à mes yeux,
Je ne pus te dire qu’un sinistre adieu,
Mes prières expiraient dans ma bouche
Quand tu partis. Et Borée, farouche,
Souleva tes voiles gonflées par le vent
Qui, loin de moi, s’envolaient en rêvant !
Mes yeux suivirent ta nef fugitive
– De Poséidon désormais la captive –
Qui errait dans les ondes de la mer ;
Quand elle disparut, Ă´, souvenir amer !
Je tombai sur ce fatal rivage.
Mes yeux, qui ne voyaient plus ton image,
Se fermèrent et ne voulurent plus rien voir !
En ton absence fidèles à leur devoir,
Iphiclius et Acaste, mon père,
Ô, pieux et inutile ministère !
Me réveillèrent. Je voulais mourir
Devant ce port qui ne peut plus t’offrir
Ă€ mes yeux, et qui de tes yeux me prive !
Loin de toi, pourquoi faut-il que je vive ?
Pourquoi veiller au soin de ma beauté,
Si tes yeux ne peuvent plus en profiter ?
Ma chevelure au vent, comme une MĂ©nade,
J’erre, l’œil sombre et le cœur malade,
Car dans ma solitude je ne puis
D’une robe radieuse où l’or reluit
Parer ici mes grâces abandonnées !
Les mères de Phylacé, étonnées,
Osent me donner de sinistres conseils ;
Elles me disent : « Reine, ton manteau vermeil
À ta beauté sied mieux que ces hardes ! »
Moi, être belle pour qu’on me regarde
Et pour que mon Ă©poux ne me voie point !
Tandis que ma guerre aux terribles soins
Fatigue son bras, pourtant redoutable,
Dormir doucement d’un sommeil coupable !
Et tandis qu’un casque scintillant et lourd
Appesantit sa tĂŞte chaque jour,
Pour d’autres parfumer ma chevelure !
Non, je ne suis point cette Hélène impure
– Puisse-t-elle périr dans les tourments
Déshonorée, elle et son lâche amant ! –
Digne fille de sa mère adultère !
Zeus lui-mĂŞme, brandissant le Tonnerre
Et me jurant un supplice Ă©ternel,
N’allumera point ses feux criminels
Dans mon âme amoureuse, dans mon âme chaste,
Digne fille de mon père Acaste
Que le preux Jason ne fit point frémir !
Je t’attendrai. Tu viendras m’endormir,
Cher Ă©poux, avec ta voix qui me berce.
Oh ! Viens vite ! Les larmes que je verse
Sur l’encens que chaque jour je fais fumer
Émeuvent les dieux, qui aiment à voir s’aimer
Deux mortels dont l’hymen pur couronne,
Flambeau qui reluit, l’amour qui rayonne !
Mais tant que je ne vois point ton regard,
J’errerai, le cœur triste et l’œil hagard,
Et pendant cette guerre de périls pleine,
Par mon désordre j’imiterai ta peine !
Pâris ! Pâris ! Ô, mon ennemi mortel !
Plus que Ménélas et les dieux du ciel,
Je te hais ! Et mon âme t’abhorre,
Et mĂŞme mort, je te haĂŻrai encore,
Hôte perfide, homme lâche, amant insensé !
Puisse le Foudre de Zeus terrasser
Ta Troie ! Puisses-tu périr dans les flammes,
Homme qui vendit son pays pour une femme !
Tu pris, traître, une épouse à son époux
Et un Ă©poux Ă  son Ă©pouse. Pour vous,
Amants criminels, il court, le cœur mâle,
Ă€ cette Troie Ă  Achille lui-mĂŞme fatale,
À cette Troie qui m’inspire tant d’effroi !
Pâris, comme tu fus un hôte ingrat, sois
Un ennemi impuissant. Que ton fer tombe
De ta main. Je veux que tu succombes
Sous les coups de Ménélas outragé,
Sans que mon Ă©poux ne coure le venger !
Que mon Protésilas, loin du carnage,
Pour sa femme oubliant son courage,
Prudent, n’assaille que ses assaillants !
Troyens, ne percez point ce cœur vaillant !
Que mon sang ne coule point de cette blessure !
Car, s’il meurt, ma mort n’est que trop sûre ;
Je périrai, ô, époux ! Que mes larmes
Plus que le salut des Grecs t’alarment
Et plus que cette fille de LĂ©da !
Ténédos, le Simoïs, le Xanthe, l’Ida
Sont des noms qui font frémir mon âme ;
De ce puissant Hector je crains la lame,
Ô, ne le combats point ! D’autres feront
Tomber son casque radieux de son front !
Ne brave point ce péril inutile !
L’armée achéenne, en héros fertile,
Sur son aile déployée porte un vainqueur.
Oh ! Que ton bras obéisse à ton cœur !
Aime-moi, c’est assez. Et sauve ta vie !
Que pour ravir son Ă©pouse ravie
Ménélas seul combatte son ennemi !
Un oracle cruel, dont je frémis,
Promet la mort au premier de nos braves
Qui osera fouler Troie. Les dieux savent
Que je te veux vivant. Oh ! N’y va point !
Que tes yeux de ce rivage demeurent loin
Et qu’il demeure plus loin de tes voiles
Que la terre des radieuses Ă©toiles !
Je plains cette épouse dont l’œil éploré
Reverra mort un époux adoré
Et verra loin de lui blanchir ses charmes !
Ă”, Grecs ! Dans la mer jetez vos armes
Et n’offensez point un dieu jaloux !
Ô, vaisseaux d’Inachus ! Où allez-vous ?
De Poséidon vous bravez la colère,
Repentez-vous, mortels éphémères !
Ce dieu protège sa ville. Comme des forts,
Les vents puissants s’opposent à vos efforts.
En vain vous bravez, avec vos glaives,
Son trident qui jusqu’aux cieux s’élève
Et qui Ă©tonne la terre et les cieux !
Pour vos femmes, pour vos fils, quittez ces lieux
OĂą la mort vous appelle et non la gloire !
N’en doutez point ; vos anciennes victoires
Vous suffisent, et chacun de nos guerriers,
Appesanti par un faix de lauriers,
En trébuchant, à marcher s’évertue !
Par les dieux eux-mĂŞmes Troie est combattue,
Pour son salut ou pour sa destruction,
Laisser leur ire ou leur bénédiction
Pencher, au lieu de vos aruspices !
Des ondes ennemies Ă©coutez les auspices,
Oh ! Ne bravez point les flots courroucés !
Mais que dis-je ? Époux, à mon cœur blessé,
Pardonne ce crime oĂą ton amour le plonge !
Ô, Grecs, ce n’est point à vous que je songe !
Mais c’est pour toi que je pleure aujourd’hui,
Toi qui fus mon jour et qui es ma nuit !
C’est à toi dont la flamme me dévore !
Tu reviendras, radieux comme l’aurore,
Ă€ ton Ă©pouse soumise Ă  tes lois
Me dire ton amour et tes exploits !
Tu seras mon dieu et moi ta déesse,
En songeant aux temps de notre jeunesse
Nous vieillirons en demeurant sereins.
Je t’attends, ô, mon amant souverain !
Chaque jour, au pied de ton idole,
Que j’embrasse, je dis de tendres paroles,
Je la caresse en songeant que c’est toi !
Plus propice que le ciel est mon toit,
Mon lit est un rivage plein de zèle
Qui au repos convie ta nacelle
Et mon cœur, à tes vœux fidèle toujours,
Insensible Ă  ta gloire, veut ton amour !

*PS Mes chers amis, il s'agit là du troisième poème que m’inspirent les Héroïdes d’Ovide. J’espère ne point vous ennuyer avec ces épîtres.
Mes humbles vers ne peuvent égaler la splendeur mélancolique de ceux du divin Ovide, la langue latine sait merveilleusement allier tant de concision à tant d’expressivité ! Cependant, dans ce poème, pâle reflet d’une clarté céleste, je me suis permis plusieurs libertés par rapport au texte latin : au fil de ma lecture, j’ai remarqué qu’Ovide, bien que s’inspirant d’un mythe grec, utilise des noms latins : Vénus, Jupiter, Neptune, comme pour mieux s’approprier le mythe, le « latiniser » si vous voulez. Afin d’être mieux fidèle à l’esprit du récit originel, j’ai choisi d’employer des noms grecs (comme « Ménades » au lieu de « Bacchantes », ou encore « Poséidon » au lieu de « Neptune »).
Certains mots gardent pleinement leurs sens étymologiques : « amant » signifie « amoureux » ; « étonner » : frapper par le tonnerre ; « ministère » : service.
Désolé pour la longueur de ce poème. Le thème exigeait une certaine patience dans la description et dans la diégèse.

clotilde
Envoyé le :  26/6/2008 21:39
Plume de platine
Inscrit le: 23/3/2006
De: Le nord des ch'tis
Envois: 3019
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Je dirais pour ma part, que c'est un texte courageux par sa densité et sa longueur...


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Mon voeu cette année procurer du bonheur dans mes textes ou histoires.

anonyme
Envoyé le :  26/6/2008 21:56
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Ovide t'inspire de jolis textes
tatsy
Envoyé le :  27/6/2008 0:03
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Que te dire Ă  part BRAVO cher Bennhy pour ce merveilleux texte?

Katel


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tatsy

"D'une joie mĂŞme, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

cyrael
Envoyé le :  27/6/2008 0:22
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83542
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
c est un travail d'orfèvre en vers et rimes diamantés

je vous félicite

un grand poète nous gratifie de ses vers sublimes !

Non, je ne suis point cette Hélène impure
– Puisse-t-elle périr dans les tourments


ma fille s'appelle Hélène en souvenir

de ces temps lĂ  !


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AMIDOU
Envoyé le :  27/6/2008 0:25
Plume de platine
Inscrit le: 29/3/2008
De:
Envois: 3761
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Il faut etre erudit en la matiere pour cerner le fond de ton poème qui parle de personnages dont je ne connais ni l'orogine ni l'histoire bien que superficiellement je sais qu'ils sont des heros de legendes grecs ou romains...Néanmoins la lecture de ta poèsie m'a plu comme toujours.


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Hermine
Envoyé le :  27/6/2008 8:52
Plume d'or
Inscrit le: 6/10/2007
De:
Envois: 1004
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Quel boulot nom de...!
candide
Envoyé le :  27/6/2008 10:50
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/10/2007
De: Maroc
Envois: 9760
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Inspiration qui demande du souffle! Ce sont des personnages qui restent majestueux , mais peuvent-ils encore faire l'exemple ds notre société actuelle?


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MB CANDIDE

vauv
Envoyé le :  27/6/2008 12:30
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Que dire, cher Bennhy, à la suite de ton divin poème ?
Que tu as un immense talent...que tu es très érudit...BRAVO et MERCI de partager tout cela ici...
J'ignore comment tu fais pour y parvenir...
Comment pourrait-on être ennuyé, quand le talent est là ?
Tu es beaucoup trop modeste.
C'est un pur délice pour l'esprit, l'impression d'être ailleurs...j'adore...tu le sais.
Merci d'ĂŞtre ce que tu es.
Epoustouflée!!!!!!
Sophie.


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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  27/6/2008 21:58
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Merci infiniment pour vos Ă©logieux commentaires!
vauv
Envoyé le :  11/5/2009 17:44
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Cher Bennhy, l'envie de relire un de tes superbes poèmes...
Sophie.


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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

Mostafa
Envoyé le :  11/5/2009 19:50
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Épître, Laodamie à Protésilas (Inspiré du chant XII des Héroïdes d'Ovide)
Merci à toi ,chère Sophie d'avoir pensé à faire sortir ce poème/fleuve de notre grand ami Bennhy...C'est un immense plaisir de lire ses poèmes riches et enrichissants.Au fait,où est-il passé?


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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
...............................................................................................
Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rĂŞvant de sa mie!!!

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