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     Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
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Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  19/6/2008 23:48
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
Épître, Phyllis à Démophoon
Hospita demophoó tua te rhodopeia phyllis
Ultra promissum tempus abesse queror.
(Publius Ovidius Naso)

Ô, Démophoon ! Ta Phyllis se lamente.
Sombre est le cœur de ta fidèle amante
Qui a vu ta voile, bercée par le vent,
Déployer son aile blanche en rêvant
Pour quitter ce rivage dont les caprices
À mon amour fatals et propices,
Hélas ! Ne te montrent point aujourd’hui !
De ce jour ténébreux où tu me fuis
Thrace et l’Hémus se souviennent encore ;
L’Hèbre ne ramène point ton aurore
Dont le rayon dans Rhodope a relui !
Quatre fois, la lune brilla dans la nuit,
Et je ne vois point ta voile bénie
Portée par les ondes de Sithonie,
À une amante ramener son amant !
Que de souvenirs, que l’amour rend charmants,
Dans ces lieux ont réuni nos âmes !
Reine, tu m’aimais comme une femme,
Oiseaux sur la même branche endormis,
Ton sein a caressé mon sein ami ;
Maintes fois, dans cette vaste solitude,
Nous nous embrassions sans inquiétude !
Tu oublies, cruel, et je me souviens !
Aux ports de l’Attique quel Dieu te retient ?
Ou, courbé au pied d’une déesse,
Tandis qu’ici se meurt ma jeunesse,
D’une autre femme brûles-tu d’un autre amour ?
Comme tous les amants, je compte les jours,
Je compte les rayons et les ombres,
Les aurores infinies, les nuits sans nombre !
Mais tu ne reviens point, amant cruel !
Éplorée, j’implore les vents du ciel
D’être doux, et la mer d’être douce,
Et Poséidon que nos voiles courroucent
De guider ta nacelle, loin des écueils,
À ce port où je ne puis fermer l’œil
En sondant l’abîme de cette mer immense !
L’amour est le frère de la clémence ;
Te pardonnant, j’accusais l’univers,
Mon cœur inventait mille périls divers,
Je croyais ta nef par la houle brisée,
Le pensant ennemi, j’abhorrais Thésée,
Père hostile à tes prières et mes vœux.
Je t’excusais au nom de nos doux feux,
Je tremblais pour tes jours, amant perfide !
Des mers je craignais les ondes homicides
Et des vents les caprices criminels,
Et d’encens je parfumais les autels,
En priant tous les dieux de te rendre,
Amant oublieux, à mon cœur tendre !
Mais les jours passent et tu ne reviens point.
Tu me fuis et je ne t’aime pas moins ;
Pour me voir, de cette mer profonde
Tes rames ne blanchissent point les ondes
Et les vents sur leurs ailes ont emporté
Tes voiles blanches et tes serments répétés !
Traître ! Que t’ai-je donc fait ? Ta victime,
Châtiée pour ton amour comme pour un crime,
Se lamente et pleure. Par les dieux puissants
Aux pieds desquels nos mains versaient l’encens,
Par l’auguste Héra, par Aphrodite,
Par la mer profonde que le vent agite
–Celle où tu courais et celle où tu cours –
Tu me jurais, infidèle, ton retour !
Au nom de ma douleur, de mon supplice,
Que tous les dieux immortels te maudissent !
Que les flots te châtient, amant trompeur !
Victime de tes vœux malgré ma pudeur,
Tu m’as promis l’hymen. Et éplorée,
Par ta faute je meurs déshonorée
Et je cache mon front coupable aux mortels.
Prompts à condamner, leurs bouches pleines de fiel,
Les Thraces me raillent et me disent : « Reine,
Va donc régner sur la docte Athènes !
La Thrace, armée et fière, veut un vainqueur !
Mais ils ne voient point le fond de mon cœur ;
Je t’ai aimé ! À tes larmes royales
J’ai cru, insensée ! À moi-même fatale,
J’ai réparé ta poupe ; je t’ai donné
Des rameurs puissants pour m’abandonner !
Tu m’as dit : « Ma Phyllis, à mes promesses,
Je sais obéir. Attends-moi, déesse !
Ton Démophoon, fidèle, reviendra !
D’un hymen que n’a point béni Héra
Dans mon sein tu me laisses le fruit infâme !
Heureuse si je n’avais que ta flamme !
Des mes charmes, traître, je t’ai laissé jouir,
Quand je t’aimais, tu songeais à me fuir !
Es-tu donc fier de ta triste gloire ?
Ô, triomphe hideux ! Ton âme noire
S’enorgueillit-elle de cette lâcheté ?
Songe à ton père, ce héros redouté
Qui fit frémir et Gaia et Érèbe
Et seul terrassa Athènes et Thèbes,
Vainquit Sciron, Cercyon, Périphétès,
Procuste, Sinis et Corynétès,
Les Amazones et les Pallantides,
Phaea qui rendit Crommyon livide
Et le Minotaure, d’Hercule digne rival !
De la triste Ariane seul le nom royal
Hante aujourd’hui ta mémoire criminelle !
Et moi je m’en vais, loin de ta prunelle,
Dans ces flots qui ont vu ta nef partir,
En fermant mon aile, doucement mourir !
Abdelkader
Envoyé le :  20/6/2008 0:02
Plume de platine
Inscrit le: 31/12/2006
De: Chlef / Algérie
Envois: 7615
Re: Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
Un récit poétique ou chaque geste raconte une histoire, très belles descriptions, j'apprends en lisant ce poème pour lequel je te remercie beaucoup...

Kader...
AMIDOU
Envoyé le :  20/6/2008 0:09
Plume de platine
Inscrit le: 29/3/2008
De:
Envois: 3761
Re: Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
Tu as le souffle des grands poètes...Tu es le Hugo de notre Oasis, je le dis et je le pense réellement.Chapeau


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tatsy
Envoyé le :  20/6/2008 8:21
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
Sublime, il n'y a que cela à dire...
Merci pour ce beau moment de lecture!

Katel


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tatsy

"D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

Honore
Envoyé le :  20/6/2008 10:13
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
Le souffle génial de l'antique nous transporte tout au long de ton magistral récit.
HONORE
vauv
Envoyé le :  20/6/2008 10:57
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
Quel merveilleux poème, cher Bennhy...
Oui, tu es un grand poète plein de talent...Oui, comme Amidou, je pense sincèrement que tu es digne de V.Hugo, que tu adores tant...
BRAVO Bennhy, Tu es un Grand...quelle aisance dans ta poésie...tu es bien trop modeste...
Merci de faire partager ton divin talent ici.
Sophie.



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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

cyrael
Envoyé le :  27/6/2008 22:03
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83541
Re: Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)


je lis, .....


Que de souvenirs, que l’amour rend charmants,
Dans ces lieux ont réuni nos âmes !
Reine, tu m’aimais comme une femme,
Oiseaux sur la même branche endormis,
Ton sein a caressé mon sein ami ;
Maintes fois, dans cette vaste solitude,
Nous nous embrassions sans inquiétude !
Tu oublies, cruel, et je me souviens !
Aux ports de l’Attique quel Dieu te retient ?
Ou, courbé au pied d’une déesse,
Tandis qu’ici se meurt ma jeunesse,
D’une autre femme brûles-tu d’un autre amour ?

....

quelle belle inspiration, vous êtes un

poète intelligent, talentueux, pour retenir les prénoms
les lieux, les événements, avec autant de précision.


depuis fort longtemps nos livres sont refermés

Hélène a rejoint son aimé
leurs mains se sont liées à jamais
yeux dans les yeux
ils rêvent ensemble d'un amour éternel

merci à vous , je suis dans un autre monde en vous lisant


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Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  27/6/2008 22:06
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Épître, Phyllis à Démophoon (inspiré du deuxième chant des Héroïdes d'Ovide)
Merci beaucoup Cyrael! Vous me faites trop d'honneur.
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