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     ÉpĂ®tre, PĂ©nĂ©lope Ă  Ulysse (inspirĂ© du premier chant des HĂ©roĂŻdes d'Ovide)
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Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  17/6/2008 19:29
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Épître, Pénélope à Ulysse
Quando ego non timui graviora pericula veris ?
Res est solliciti plena timoris amor.
(Publius Ovidius Naso)

Ta triste épouse dont les jours pâlissent
Pleure et songe Ă  toi, Ă´, absent Ulysse !
Dans cette solitude enseveli,
Mon cœur, que jamais ne console l’oubli,
De ton image se souvient encore ;
Chaque jour, quand se lève l’aurore,
Et quand l’aube blanchit le ciel,
J’implore, à genoux, les dieux immortels
De te rendre aux soupirs qui me ravagent,
Guerrier imprudent au cœur volage !
Et de ne point priver, dans leur courroux,
Une épouse éplorée de son époux !
Mais, hélas ! Jusqu’aux nuées solennelles,
Le vent n’emporte point ma voix plus frêle
Que le chant béni de l’oiseau songeur !
Ô, colère des dieux ! Ô, destin vengeur !
De mille maux divers mon cœur est la proie !
Que m’importe cette odieuse Troie,
À tant d’Achéens si chère, où tu cours ?
Elle est moins immense que mon amour,
Cette mer fatale à Iphigénie
Qui t’y porta sur ses ondes infinies !
Priam, Ménélas, noms qu’abhorre mon cœur !
Mon cœur t’aimera, vaincu ou vainqueur !
Maudit soit le jour oĂą, quittant tes terres,
D’un ravisseur coupable et adultère
Jusqu’à Ilion tu poursuivis le pas !
Je pleure ici et tu ne me vois pas ;
Maintes fois, mon front devenait blĂŞme,
Quand à Antiloque et Tlépolème
Dans ma solitude je songeais morts ;
Je frémis quand j’entends le nom d’Hector
Qui, de notre sang valeureux trempée,
Tant de fois rougit sa cruelle épée
Qui eut pour fourreau les cœurs de nos guerriers !
Plus que toi, de ces Troyens meurtriers
Je craignais les fers. Je vis leurs lances
Une nuit, dans ton sein plein de vaillance
Plongées. Quelque grand que fût mon effroi,
Je ne pouvais te sauver, Ă´, mon roi !
Mais toi, imprudent ! Foudre qui passe,
Oubliant ton Ă©pouse que les jours lassent,
Et ton enfant sur son sein endormi,
Tu affrontais, Ă  Troie, mille ennemis !
Une nuit, avec un seul homme pour armée,
Tu combattis les Thraces. Moi, alarmée,
Je tremblais pour tes jours, père oublieux !
Je sais que Troie, maudite par les dieux,
Est tombée. Que la foudre achéenne
Sur elle tomba, et que ses reines,
– Femmes, même ennemies, dont je plains le malheur –
Mais le temps de Troie essuiera les pleurs ;
Dans ses sillons les épis s’élèvent
De sans mouillés. Elle oublie et rêve,
Mais moi, je n’oublie point ! Dans ce lit froid,
Je languis chaque jour, chaque nuit, sans toi
Et de ton doux sourire qui me console
Je ne vois plus l’aurore. Tes douces paroles
Hélas ! Ne bercent plus mon cœur amer !
Mon roi, cette incommensurable mer
Dont tu ne vois point le port coupable,
Est pour mon amour plus redoutable
Qu’Ilion et ses tours plus hautes que l’azur !
Mon cœur est jaloux. Une femme au front pur
Retient-elle ta nacelle Ă  son rivage ?
Es-tu sous un toit ou sous un nuage ?
Ô, mon Ulysse, aimes-tu ? Es-tu aimé ?
Et par des yeux charmants es-tu charmé ?
Daigne me répondre, car je frissonne,
Quand tu te tais et tu m’abandonnes !
Oh ! J’eusse aimé que Troie ne tombât point !
De moi tu eusses toujours été loin,
Mais à mes feux je te saurai fidèle !
La guerre t’eût conduit loin des yeux des belles,
Car plus que les épées, plus que les dards,
Je crains la femme aux impudiques regards !
Mais que dis-je ? Ô, dieux ! Époux, je m’égare,
Pardonne-moi, mais l’amour toujours s’effare !
Chaque jour, loin du monde, seule dans ces lieux,
Aux flots profonds et aux vents joyeux
Je demande : « Avez-vous vu la nacelle
Qui porte mon bien-aimé sur ses ailes ?
Ô, flots ! Ô vents ! Le vîtes-vous passer ? »
Mais de ma faible voix l’écho lassé
Seul me répond. Et Pylos et Sparte
Ignorent. La houle loin de moi t’emporte
Et les amants viennent ici assiéger
Comme les Grecs Troie, ton palais outragé,
De Dulichium, de Samos, de Zacinthe,
De l’hymen oubliant les lois saintes,
Et de l’amour souillant le nom sacré,
Comme une déesse, à mes pieds m’adorer !
Pisandre, AntinoĂĽs, MĂ©don, Eurimaque,
Que je repousse en montrant Télémaque,
Règnent dans ta cour, car ils te croient mort.
L’honneur d’un roi, qu’ils oublient sans remords,
Et d’un époux, que leurs vœux avilissent,
Importent peu Ă  leurs sombres caprices
Auxquels mon père m’ordonne d’obéir.
Mais je n’aime que toi ! Comment leur offrir
Un cœur qui t’appartient et qui t’aime
Et des dieux austères braver l’anathème ?
Mais je suis seule. Laërte au dos courbé
Est vieux. De sa tête l’on voit tomber
Des cheveux augustes, blancs comme le marbre,
Comme en hiver tomber les feuilles d’un arbre ;
Télémaque radieux est encore enfant,
Je ne puis braver ces hommes triomphants.
La pudeur me conseille la prudence ;
Pour distraire ces amants qui t’offensent
De Laërte je tisse le linceul !
Oh ! Je t’attends, moi et ton enfant seul,
Je veux mon époux, il veut son père !
De trois malheureux écoute les prières !
Ma beauté se fane, mon front s’assombrit,
Mon cœur ténébreux est endolori
Par le deuil constant, Ă´, sombre faiblesse,
De mon amour et de ma jeunesse
Dont mon cœur se rappelle les jours radieux !
Je voulais demeurer belle pour tes yeux,
Mais dans cet univers rien ne demeure !
Le destin fermera mon Ĺ“il qui pleure
Et, comme une fleur que le temps vient cueillir,
Jadis jeune, tu me verras vieillir.
anonyme
Envoyé le :  17/6/2008 20:13
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
merci pour cette belle lecture
vauv
Envoyé le :  17/6/2008 20:23
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Quel magnifique poème...
Quel talent, quelle culture, quelle spiritualité !!!
Ta plume est divine...pardon des redites...
Tes mots transportent dans un profond voyage...j'ai adoré.
Merci beaucoup Bennhy pour ce partage de ton talent.
Sophie.



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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

Mostafa
Envoyé le :  17/6/2008 20:31
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Poème / fleuve inspiré d'une légende universelle!Quel souffle et quel travail de longue haleine! Vraiment,je te félicite pour cette patience à écrire ce poème;à ta place,je n'aurai pas cette force! Bravo!
J'ai aimé l'amour et la fidélité de cette femme qui attend son époux malgré le temps et l'âge :c'est ça le vrai amour!Sa beauté se fane,son front s'assombrit,son coeur est endolori mais elle demeure fidèle à son amour,à son mari jusqu'au dernier souffle,jusqu'à la fin!!!C'est ça le vrai amour!!!
Chyren
Envoyé le :  17/6/2008 21:56
Plume de satin
Inscrit le: 10/6/2008
De: France, Paris
Envois: 22
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Encore un texte majestueux et qui mérite la lecture.
Bravo Bennhy

Mais de qui es tu la réincarnation? de Victor Hugo?

Profondes amitiés
Chyren, Florian
candide
Envoyé le :  18/6/2008 1:10
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/10/2007
De: Maroc
Envois: 9760
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Toute la romance des mythtes grecques que tu as su si bien reproduire . Encore un poème éblouissant ! Quel souffle !


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MB CANDIDE

tatsy
Envoyé le :  19/6/2008 11:25
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Un texte magnifique cher Bennhy!
Merci pour ce beau moment passé à lire ta plume!

Katel


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tatsy

"D'une joie mĂŞme, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  19/6/2008 23:54
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Chers amis, merci beaucoup pour vos fort Ă©logieux commentaires!
goutdemiel
Envoyé le :  20/6/2008 0:43
Membre banni
Inscrit le: 13/5/2007
De:
Envois: 951
Re: Épître, Pénélope à Ulysse (inspiré du premier chant des Héroïdes d'Ovide)
Bonsoir l'ami !


Merci pour cette profonde et merveilleuse envolée lyrique...
Du beau travail ! Un régal...

Mes amitiés.


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