Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie Envois: 1238 |
Souvenirs d'amour Souvenirs d’amour
Oh ! Le soir serein comme tu es belle À son doux rivage nous appelle Et le printemps propice nous sourit ; La mer est comme le ciel immense Et de l’homme qui aime et de l’homme qui pense Berce doucement le cœur et l’esprit !
Comme toi sur la terre, l’oiseau dans les cieux Chante ; le soleil reluit comme tes yeux Dans l’azur profond qui nous regarde ! Les prés sont calmes et sont infinis Et le mont paternel au front béni Sur nous veille, revêtu de sa barde !
Les roses, pour parfumer la terre, Ont ouvert leurs pétales comme des paupières ; La brise aux doigts blancs caresse les bois Dont les chênes amoureux au vent tremblent, Et toute la nature qui rêve semble Un esprit qui écoute, un œil qui voit !
Ô, rappelle-toi nos jeunes années De bonheur remplies, de joie couronnées, Où les aurores nous souriaient encor ! Au bord de ce lac aux ondes tranquilles, Tu venais me voir, loin de la ville, Qui effraie les oiseaux avec son cor !
Sous cet arbre, ô, ma douce colombe ! Dont les cheveux blancs aujourd’hui tombent, Tu me souriais. Je te chantais des vers Pareils au soleil radieux qui rayonne ; Nous étions deux astres que Dieu abandonne, Comme les fleurs parfumées, dans les prés verts !
Loin du monde que la nuit obscurcit, Sur l’aile de l’amour tu venais ici, T’envolant doucement, oiseau toi-même, Et je respirais ton parfum vainqueur. Parfois, rêveuse, tu pleurais sur mon cœur En me demandant : « est-ce que tu m’aimes ? »
Ô, printemps ! Ô, jours d’amour et d’oubli ! Livre saint que l’homme sans cesse relit, Que la douce jeunesse au pur sourire, Où nos cœurs amants étaient triomphants ! Où, pour chanter tes grâces, ô, mon enfant, Je te regardais, les doigts à ma lyre !
Sous ton pas radieux, la terre fleurissait, L’oiseau chantait chaque fois que tu passais, En chancelant, épris, sur sa branche, Chaque fois que ton œil limpide souriait, Et en laissant tomber, comme un billet, Devant tes yeux une plume blanche !
Quand tu marchais, la calme rivière, Qui de ton regard voyait la lumière, De ta robe caressait le pan mouillé ; La rose pour toi ouvrait ses pétales Et te disait : « déesse, mon front est pâle, Les amants cruels viennent me souiller,
Ils me cueillent, et sur le sein d’une mortelle Me laissent mourir. Mais toi qui es si belle, Viens me cueillir ! Je t’implore à genoux ! Seul ton sein est digne de mes charmes ! Plus que la rosée, tes blanches larmes M’embellissent, tombant de ton œil doux ! »
Et moi, homme épris d’une déesse, Je chantais ta beauté et ta jeunesse Et je voyais chaque jour se lever Dans tes yeux rêveurs la sublime aurore, Et, quand le jour s’endormait encore, Le matin dans ton sourire rêver ! Loin du monde, oubliés et oublieux, Nous nous reposions dans ces antiques lieux Qui virent Orphée aux pieds d’Eurydice, Zeus aux pieds de Léda et de Léto, Et qui me virent, comme le coteau Aux pieds du mont, louer tes caprices !
Que nous étions heureux ! L’aube sereine, En blanchissant du ciel la cime souveraine, Souriait à notre amour, comme l’azur profond, Et la mer infinie, aux flots vastes, Caressait, comme une mère, ton pied chaste, En allant au rivage où tes yeux vont !
Aujourd’hui – ô, tout est éphémère ! – Le ciel semble, la prunelle amère, Contempler ces bois où nous errions Si joyeux, nos cœurs sans inquiétude ; Nul rayon n’éclaire cette solitude, Les aigles, muets comme des alérions,
Ne hantent plus les sommets enchantés Et les oiseaux ont cessé de chanter Sur leurs branches, lyres à la corde brisée ; Tout semble pleurer et tout est amer, Les rivages que mouillent les flots de la mer Et les roses que couvre la rosée !
L’arbre qui te voyait jadis, au soir, Sous ses verts rameaux calmement t’asseoir, Semble un trône oublié. Les fleurs maussades Dont l’âme est triste et dont le cœur est noir, Ferment leurs pétales pour ne rien voir, Comme sa paupière un homme malade !
Moi, mon cœur est sombre. Je sais que la nuit Obscurcit notre azur ; que la joie fuit Oiseau volage, le cœur de l’homme Où tout printemps est changé en hiver ; Je sais que rien ne dure dans l’univers Et que tout court, dans le monde où nous sommes,
Comme l’onde au rivage, à l’abîme ! Mais le rayon blanc de nos jours sublimes Ô, ma déesse, demeure toujours ! Je ne suis point comme ces hommes avides, Je ne demandais aux heures rapides Qu’un peu de gloire et un peu d’amour !
D’un triste amant daigne exaucer les vœux ! Reviens à ma flamme ! Reviens à mes feux ! À tes fers je serai toujours fidèle, Car je sais aimer et je sais mourir Pour tes yeux charmants qui font fleurir Comme le soleil, la terre immortelle !
Oh ! À ces lieux si chers à nos souvenirs, Daigne donc, comme le printemps, revenir ! Comme l’oiseau et la fleur, je t’en implore ! De ta beauté, ce céleste rayon, Mon âme sera l’éternel sillon, Mon cœur le calice et l’amphore !
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