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     Les vies antĂ©rieures (Ă©popĂ©e mystique)
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Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  13/6/2008 12:21
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Les vies antérieures (épopée mystique)
Les vies antérieures (épopée mystique)
J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
(Charles Baudelaire)

Une nuit, le rêve m’emporta sur son aile
À son pays divin et enchanté.
Loin des hommes et du monde épouvanté,
J’ouvris, dans les ténèbres, ma pensive prunelle.

Je vis trembler toute la pâle création.
Hydres ailées et monstres énormes,
Du Chaos je vis tomber les formes,
Puis, comme d’un arbre un fruit mûr, les humaines nations !

Les noirs GĂ©ants passaient en courbant la tĂŞte,
Ils Ă©taient plus hauts que le firmament !
Partout un formidable grondement,
Un tonnerre, Ă©branlait la terre muette !

Des temps antiques je vis les splendeurs terribles,
Et les glaives reluire comme des soleils ;
Jupiter, armé du Foudre vermeil,
Ensevelir, dans deux monts, les frères invincibles !

Puis je vis s’élever les villes expiatoires,
Gomorrhe, Sodome, Rome, Athènes et Babel
Que les dieux, pour châtier les mortels,
Comme une coupe de nectar, remplissent de gloire !

J’étais tour à tour dieu, prêtre, empereur, soldat,
Tirésias à l’œil sombre, Moïse
Guidant mon peuple Ă  la Terre Promise,
Zeus, Odin, Jupiter, Vishnu et JĂ©hovah !

De mille naissances je pris les formes diverses,
Une extase infinie berçait mon cœur,
Et mon esprit, subtil comme une odeur,
Était comme un azur que la brise traverse !

Nulle douleur ne rongeait ma rêveuse pensée,
Nef emportée par l’onde et par le vent
Qu’Eurus aux doigts blancs caresse en rêvant,
Comme une muse par les vers d’un poète bercée !

La nuit Ă©tait profonde et tout rayonnait mieux
Comme le flambeau dans la solitude,
Des héros l’œil plein de mansuétude
Reluisait, superbe, comme un soleil radieux !

Comme les Achéens et les Épigones,
J’assaillais Thèbes, j’assiégeais Ilion,
J’étais Adraste, Achille, Diomède, Créon,
Le glaive qui châtie, le fourreau qui pardonne !

Le songe m’emportait, comme un Arion rapide,
De la terre des hommes au ciel de Dieu ;
Je vis les archanges silencieux
Caresser les nuées avec leurs ailes limpides ;

Le monde en bas était comme couvert d’un voile
Dont une beauté cache ses charmes à l’amour ;
Rome et ses chapelles, Babel et ses tours,
Dans l’azur terrestre brillaient comme des étoiles !

Je songeais en rĂŞvant au peu que nous sommes
Et à nos jours, différents et pareils,
Ă€ la mort, extatique sommeil
Qui, bercé doucement par l’infini, endort l’homme ;

Je songeais à notre jeunesse couronnée
Qui s’envole, comme la fumée dans l’air,
À la métamorphose de la chair
En âme, des heures en jours, des jours en années !

Divines métamorphoses, par Ovide chantées !
Ă”, impermanence, souverain Karma !
Toutes les souffrances sont l’homme s’alarma
Sont éphémères, et toutes ses joies sont emportées

Par le destin, comme la rose par le torrent !
Les heures en rêvant déploient leurs ailes blanches
Comme l’oiseau pour quitter sa branche,
Pour quitter l’homme, qui les implore en pleurant !

Mais moi, j’étais heureux, comme un dieu immortel !
De l’Olympe, mont colosse et antique,
Je buvais tout le nectar magique
Et j’étais à la fois et le temple et l’autel !

Zeus, je brandissais le Foudre, Neptune le Trident,
Amon le Sceptre et Anou le Tiare ;
Et de loin grondait comme une fanfare
Le bruit de l’univers confus, se répandant

Comme un vague parfum, dans l’existence humaine !
Mais, comme un chĂŞne haut dans la houle debout,
Mon cœur était serein et sans courroux
Et des mortels je ne songeais point aux luttes vaines !

Comme l’aile d’un oiseau que réveille le matin,
Du saint Royaume je vis s’ouvrir les portes
Et des vierges qui dans leurs mains portent
Des fleurs moins parfumées qu’elles, et ont l’air lointain.

« Nous sommes les Parques ! » me dirent-elles, et ces fleurs
Que nous respirons sont les destinées ;
Dans nos mains elles sont vite fanées,
Nous en cueillons d’autres quand elles tombent comme des pleurs ! »

Plus loin, un géant à l’œil radieux qui souriait
Et un deuxième géant, à l’œil sombre,
Qui semblait, haut et fier, un mont d’ombre,
Contemplaient le monde, et leur voix divine priait.

Le géant dont l’œil est radieux me dit : « Je suis
L’idée du jour » doux était son murmure,
Et le géant à la prunelle obscure
En grondant me dit : « Je suis l’idée de la nuit ».

Ils me dirent ensemble : « Nous sommes l’Harmonie !
Frères, nous sommes du même sein sortis,
Dans le monde Ă©ternellement retentit
Notre chant immortel, notre voix infinie ! »

Je m’éloignai d’eux, à chaque pas changeant de forme.
Je vis, près d’une rivière au doux regard,
Haut sur son thyrse, un tranquille vieillard,
Dont l’œil pour s’endormir jamais ne se ferme.

Il était calme. En lui rayonnait la santé,
Les rides ne balafraient point son visage,
Au fond de sa prunelle, nul orage
Ne grondait. Ébloui par sa divine beauté,

Je lui demandai : « Qui êtes-vous donc, homme auguste ? »
Il me répondit : « Je suis la Raison
Qui reluit, comme sur l’Argo la Toison,
Sur le front de l’homme sage et de l’homme juste ! »

Je m’avançai. Sur un mont comme le ciel haut,
Je vis une femme au doux sourire
Dont les doigts blancs caressaient une lyre.
Sous sa paupière blanche, son œil était plus beau

Que le soleil sous les printanières nuées ;
Elle répandait, comme une musique qu’on voit,
Le parfum limpide, dompteur des rois,
De sa chevelure par le vent remuée ;

De l’ange elle avait la blancheur, de la femme
La paresse, de la reine la majesté.
Sa robe voilait avec chasteté
Ses charmes aux hommes, et sa bouche disait pourtant : « J’aime ! »

Je lui dis, en levant vers elle mes yeux Ă©blouis :
« Ô, souriez, déesse ! Souriez encore !
Vous êtes plus belle que la nuit et l’aurore,
Le soleil de votre beauté doucement reluit

Dans l’azur de votre front, plus majestueux
Que le mont où je vous vois reposée ;
Près de ces roses vous semblez la rosée,
Dites-moi votre nom, belle au sourire oublieux ! »

Avec sa voix plus douce que le chant des oiseaux
Cette belle me dit : « Je suis la Poésie !
Comme les dieux, aux hommes je donne l’ambroisie
Et je sais le secret des vents et des roseaux ! »
J’errai plus loin. Dans un pré vaste comme le ciel,
Où les fleurs répandaient leurs haleines
Comme des coupes de liqueur pleines
Et comme des calices divins remplis de miel,

Je vis un homme debout, couronné de roses,
Comme on couronne un vainqueur de lauriers,
Il avait l’air serein et il riait
En voyant sous son pas fleurir la terre heureuse ;

Et il était plus beau que l’antique Adonis
Homme dont deux déesses furent amoureuses ;
Dans son sourire nulle pensée douloureuse
Ne répandait sa nuit. Par la jeunesse béni,

Il Ă©tait pareil au soleil qui ignore
Et qui aime pourtant Ă  rayonner,
Et il semblait un astre abandonné
Dans ce pré céleste, que l’azur déplore !

« Jeune homme, lui dis-je, le ciel est ta demeure !
Ô, ange ailé, que fais-tu donc ici ?
Et pourquoi te vois-je, rĂŞveur ainsi,
Contempler la nature et oublier tes heures ? »

Il ouvrit ses lèvres comme l’enfant sa paupière
Et il me dit : « Je suis l’Amour divin !
Comme Bacchus remplit les coupes de vin
Je remplis les cœurs des hommes de ma lumière ! »

J’errai encore. Cette fois, je vis dans l’azur
Une lumière immense, plus radieuse
Que le soleil lui-même. Mystérieuse,
Elle m’éblouit. Vers ce flambeau vivant et pur,

Je hâtai mon pas, comme au rivage la nacelle.
Mes yeux ne pouvant la contempler,
Je les baissai. Elle semblait m’appeler
Cette lumière qu’en voyant l’esprit chancelle !

Je m’approchai d’elle. Mon cœur était plein d’effroi
Et d’amour, tant elle était formidable !
Je lui dis : « Lumière insondable,
Qui êtes-vous ? Je vous implore, répondez-moi ! »

Je vis alors pâlir le firmament radieux,
Je vis les monts Ă  genoux, et les chĂŞnes
Prosternés comme des captifs qu’on enchaîne,
Et j’entendis une vois me dire : « Je suis Dieu ».

*PS Je sais que ce poème est beaucoup trop long...désolé.
The_End
Envoyé le :  13/6/2008 13:00
Plume d'or
Inscrit le: 5/2/2008
De:
Envois: 597
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
Ce poème n'est pas trop long, il est ce que tu as voulu écrire et c'est extraordinaire ! La première strophe nous fait tout de suite comprendre que nous allons plongés dans un sublime rêve ...... et on est pas déçu une seconde... toutes ces images, ces références, c'est tellement bien trouvé !
Cette femme qui symbolise la poésie est d'une beauté sans limite !!!!
J'ai adoré .... j'en redemande !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


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... nous faut-il nourrir nos rêves et les réaliser aussi ?

Clair Obscur
Envoyé le :  13/6/2008 13:23
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2007
De: Au-delà de la raison, au royaume de la poésie
Envois: 7391
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
je n'en reviens pas, une lecture digne de toutes les éloges avec ses ses références mythologiques on se laisse transporté dans ce monde aérien que nous admirons tous ! comme the_end j'ai vraiment apprécie la strophe qui parle de la femme poésie mais aussi j'ai beaucoup aimé la dernière, en tous les cas ta quête mystique est magistrale


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@ textes protégés

nad34
Envoyé le :  13/6/2008 13:24
Plume de diamant
Inscrit le: 27/2/2007
De: languedoc roussillon
Envois: 12223
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
Quelle culture Bennhy,c'est formidable,j'ai replongé dans l'antiquité avec plaisir,moi qui aurait aimé connaitre le mont Olympe,j'y ai été transportée avec légèreté!!Merci pour cet excellent poème!!
tatsy
Envoyé le :  13/6/2008 13:50
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
Une merveilleuse lecture cher Bennhy, je suis réellement sous le charme!
Katel


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tatsy

"D'une joie mĂŞme, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

vauv
Envoyé le :  13/6/2008 18:12
Plume de diamant
Inscrit le: 8/3/2008
De: Vauvert, Gard.
Envois: 17878
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
Quel TALENT !!!!
Tu m'épates à chaque fois...ta plume est divine...(pardon de me répèter)...quel souffle poétique...digne des plus grands poétes...
Et toute cette culture....une pure merveille...
Non, ce n'est pas trop long...quand c'est très beau...
Oui, ce passage sur cette femme poésie est vraiment bien réussi...comme tout le reste...ravie qu'elle ait pû t'inspirer de si belle manière.
Merci Bennhy pour ce partage de ton talent.
Sophie.


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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

Chyren
Envoyé le :  13/6/2008 18:55
Plume de satin
Inscrit le: 10/6/2008
De: France, Paris
Envois: 22
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
bENHY TU M'EPATES

c'est tout
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  13/6/2008 22:49
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
Un grand merci Ă  vous tous mes chers amis. Vous en ĂŞtes plus que dignes.
anonyme
Envoyé le :  13/6/2008 23:36
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
j'ai été transporté tout au long de ma lecture
candide
Envoyé le :  13/6/2008 23:50
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/10/2007
De: Maroc
Envois: 9760
Re: Les vies antérieures (épopée mystique)
Tu commences en citant Baudelaire , notre poète fétiche , adoré! et tu enchaines avec toute cette mythologie qui a ébloui les grands de tous les siècles!
Ce que tu as écrit est digne des plus grands , chaque lecture de tes poèmes confirme que tu as du talent , du vrai !Bravo.



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MB CANDIDE

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