Un matin à l'orée d'une forêt encore vierge
J'explorais sans mauvaise intention cette splendeur rarissime
Une nature pure et forte ; avec pour seul bâtiment une modeste auberge !
Qui aurait pu prévoir ce déchaînement, ce cataclysme ?
L'herbe matinale était si fraîche et douce
Le monde animal régnait sous cette forêt de mousse
Des fumées d'odeur gracieuse et sublime titillaient mes narines
Le soleil tendrement fulminait sur ce ciel bleu marine
Libre comme le chant de cet oiseau de l'ancienne Amazonie
Je voguais, sans puissance, sur un univers si joli
Le vent fouettait mes joues d'une gifle monotone et délicieuse
Comment aurait-on pu donc imaginer cette arrivée ravageuse?
Un asile de bonheur, de volupté et d'ivresse
Berçait languissamment mon cœur sans détresse
Mais voilà maintenant cet havre de paix détruit,
Par les hommes et leurs désirs de domination infinie
L'air sent à présent le souffre et l'ennui
Les arbres ne sont plus que d'austères zombies
Le soir, la colline ne chante plus sa comptine
La nature a, hélas, perdu son aspect et sa douceur câline
La haine, avec nonchalance, a infiltré ce lieu ;
Attristé et désœuvré, j'ai laissé pleurer mes yeux
Le sol jonché et vaincu par nos irrémédiables tords
dépose un drapeau isolé portant le signe de la mort
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... nous faut-il nourrir nos rêves et les réaliser aussi ?