Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie Envois: 1238 |
Ode à une femme Ode à une femme Omnia vincit amor, et nos cedamus amori
Oh ! Madame, que ce soleil qui brille est doux ! Le jour est radieux, mais il est moins radieux que vous, Ô, divine et noble femme ! Comme on verse une liqueur dans un vase parfumé, Dieu verse la lumière sur les hauts sommets Et vous l’amour dans mon âme !
Le jour joyeux embrasse l’aurore divine, Les rayons caressent les antiques collines, L’arbre de la fleur est épris ; L’univers est une coupe de parfum pleine, Toute chose répand sa lumière, son haleine, Et vous la paix dans mon esprit !
Le soleil reluit au ciel et vous sur la terre, Vous êtes pareille à ces déesses austères Qu’on voit dans les temples romains, Comme elles, vous êtes fière et par les chants bercée Et vous régnez sur mon cœur et sur mes pensées Comme elles sur les humains !
Je parle et vous souriez. Si vous voyiez mon cœur, Au lieu de ce rire radieux, un sombre pleur Mouillerait votre joyeuse prunelle ; Vous eussiez vu un lieu ténébreux et obscur, Obscurci par les maux, comme l’immense azur Par une tempête éternelle !
Oh ! Si sur ce cœur vous posiez votre oreille, Vous écouteriez une houle au tonnerre pareille Gronder dans ce noir océan, Et vous eussiez ouï – vous frémiriez, mon ange – Au lieu des battements, le rugissement étrange Des puissants et antiques géants !
C’est pourquoi je veux, loin du monde tumultueux, Ecouter vos paroles et regarder vos yeux ; Seule votre beauté me console ! Dieu vous a parée de charmes comme de lauriers Les rois vainqueurs et les valeureux guerriers Et comme les saints des auréoles !
Souriez donc ! Sur votre front, la douce jeunesse Reluit, et avec ses rayons vous caresse ; L’amour de vous est amoureux ! Dieu fit vos yeux profonds comme la mer profonde, Vous régnez sur mon âme comme lui sur le monde, Déesse de mon cœur ténébreux !
Madame, souriez, vous dis-je ! Vous êtes belle encore, La beauté rayonne en vous comme une aurore Et vous charmez mes sens confus ; Quand vous passez devant mon œil plein de flamme, Vous m’éblouissez. Et vous remplissez, madame, Mon esprit d’un rêve inconnu !
Quand vous marchez, chaque rose s’ouvre comme une paupière, Pour contempler vos yeux où rayonne la lumière, Toute la nature chante à vos pieds ; Les montagnes ploient et les chênes s’inclinent ; Vous vous avancez, vous qu’un rayon illumine, Radieuse dans l’univers inquiet.
Reine, vous avez le soleil pour couronne, Chaque pré vert que vous foulez est un trône Et chaque mont est un autel ; Le vent frais qui caresse votre chevelure, Comme moi est amoureux de vos grâces pures Et de votre charme immortel !
Voyez, l’oiseau sur sa branche se réveille, Le ciel est bleu, le pré vert et l’aurore vermeille, Tout rayonne comme vous rayonnez ; La nature est comme vous douce et comme vous sereine, Toutes les créatures de votre beauté s’éprennent Et d’elles vous vous éprenez ;
Calme et près d’une rivière radieuse reposée, Vous respirez une rose et semblez la rosée Et les pétales sont vos doigts ! Votre parfum dans mon cœur monte et m’enivre Et dans les bois profonds m’invite à vous suivre, Comme le ferait une voix !
Ô, madame, venez ! Venez que je vous dise Qu’aux feux de votre amour mon âme est soumise, Venez, je veux vous regarder Et, comme d’une liqueur qui berce et soulage, Remplir doucement mon cœur de votre image ! Oh ! Ne partez point, attendez !
Ne partez point ! Daignez, un instant encore, Demeurer près de mon cœur qui vous adore, Daignez, déesse de mes jours, Vous qui êtes pareille à l’aube limpide, Daignez remplir mon cœur, cette coupe vide, Du doux nectar de votre amour !
Où va ce char qui loin de moi vous emmène ? Où allez-vous donc, ô, déesse inhumaine ? Hélas ! Que vous me tourmentez ! Pourquoi êtes-vous si belle et si hautaine ? Pourquoi donc, ma douce et cruelle souveraine, Partir, si vous pouvez rester ?
Savez-vous que dans nos cœurs, jouets du Trépas, La joie ailée d’envole et ne demeure pas, Comme un oiseau qui chancelle ? Que l’ombre nous berce, que l’aurore nous fuit, Et que dans les gouffres profonds de la nuit La mer emporte nos nacelles ?
Tout rayon reluit peu et s’éteint bien vite, Autour du néant tout l’univers gravite ; Rien n’est éternel ici-bas ! L’écho de nos rires est éphémère comme nos larmes Et dans nos fourreaux nous portons des armes Forgées pour un autre combat !
La femme est l’encens et la beauté est la vapeur ; Elle s’évanouit comme s’évanouit toute odeur, Comme tout parfum elle s’évapore, Et il n’en reste qu’un vestige, qu’un relent, Qu’une lueur divine qui reluit tristement, Comme l’ultime rayon d’une aurore.
Laissons donc l’amour à son rivage nous guider ! Ô, déesse, laissez-moi doucement vous regarder ; C’est tout ce que mon cœur désire ! Car tout sans vous semble ténébreux et hagard, Car l’azur est dans vos yeux et dans vos regards, Le soleil dans votre sourire !
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