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Combat nocturne (poème épique, s'inspirant de l'Iliade) Combat nocturne
La nuit fatale voile tout, le ciel devient sombre, On marche, on court, dans les ténèbres, dans les ombres, Les guerriers se battent, et on voit, devant Ilion Des héros sanglants et plus braves que des lions. Jamais on ne recule, et toujours on s’avance ; On n’entend que le bruit des épées et des lances, La guerre sur tous les yeux met son bandeau fatal, Les corps se heurtent aux corps, le métal au métal Et le combat n’épargne ni les braves ni les lâches. Comme des feuilles d’automne, les têtes des corps se détachent, Comme des vautours, on court pour dépouiller les morts. On combat sans remords ; on meurt sans remords, Le preux Hector rugit comme un lion qu’on irrite, Brave tous les héros, et au combat les invite ; Ajax, au milieu des Grecs, se tient comme un fort, Et pousse sa lance avec un prodigieux effort ; Agamemnon, l’Atride, frappe dans la rude mêlée Digne rival d’Arès et du fils de Pelée Et Ménélas, mari jaloux et plein d’ardeur, Envoie maints et maints braves au dieu des profondeurs. Zeus, le Tonnant, du haut de l’Olympe regarde, Donne la victoire aux uns, et aux uns la retarde. Juge implacable, il ne connaît point la pitié, Tous les dieux impuissants craignent son inimitié Et les Immortels, comme les humains, le vénèrent. Eux aussi participent au combat sanguinaire : Neptune, aux cheveux bleus, repousse Hector ardent, Pâris est aidé par Aphrodite aux belles dents, Arès enflamme le bûcher de la bataille, Héra est rongée par le soin qui la travaille.
Ô, Troie, tu te souviens de ce jour meurtrier ! Ô, Terre, comme tu as bu du sang rouge des guerriers !
Tout est confus. On est toujours dans les alarmes, On se tait, et on ne laisse parler que les armes ; Sur tous les fronts suants on voit la même pâleur, On voit sur tous les corps les balafres de la valeur, On entend des mourants gémir la faiblesse ; Pour la guerre, ils quittèrent leurs femmes et leurs maîtresses ; Ils se soucient peu de vivre et fort de mourir, Ils oublient, et ne veulent que combattre et périr. Ils meurent sans peur, la mort est leur amante commune ; Leurs armes rayonnent, comme des soleils, sous la lune, Leurs casques scintillent, pareils à des astres lumineux, Leurs grands boucliers sont lourds et prodigieux, Leur passion est sublime, leur courage est tragique, Ils se battent avec les épées, avec les piques ; Fantastiquement stoïques, braves comme on ne l’est pas, Ils humilient la mort, ils défient le trépas, Ennemis de la peur et de la lassitude. Ensemble ils bravent les traits vifs et les climats rudes ; Ulysse, semblable à un dieu, hurle aux premiers rangs Et de sa lance fait des morts et des mourants, Opposant à l’ennemi son fer vénérable, Son cœur enflammé, et son bras redoutable.
Ô, Muse, combien de braves, comme des lâches ont souffert !
L’homme dompte l’homme, le bois le bois, le fer le fer, Pâris, rival de Zeus, combat sans mollesse, Et sans pitié, pour les yeux de sa déesse. Ses coups ardents surprennent les cœurs les plus hardis Et son âme généreuse aime le combat maudit.
Le combat s’enflamme, on crie, les gorges sont sèches Et des deux côtés, comme d’un ciel, il pleut des flèches. Les armes tintent, les hommes tombent, on court encor ; On marche sur les cadavres et on trébuche aux corps. La terre est un tombeau plein de pourritures, Les corbeaux sont repus de trop de nourriture, Les hommes s’offrent à la mort, les boucliers aux coups, Les combattants brûlent d’un éternel courroux Et courent à la mort dans la bataille honorable. Ils sont magnanimes, braves et formidables, Rien ne peut les fléchir. D’Arès serviteurs pieux Leurs cœurs sont superbes et leurs fers sont radieux ; Amis du carnage, ils méprisent la paix facile Et sont de la guerre les lions indociles.
L’Aurore vient avec ses lueurs les désarmer ; La fatigue les gagne, la guerre cesse de les charmer. Hector crie : « Aux camps ! » et Agamemnon de même, La nuit a obscurci les visages blêmes, Après s’être battus en hommes, tous rient en enfants, Les bras sont fatigués, mais les cœurs triomphants.
*PS Mes amis, il ne s'agit en aucun cas de rendre hommage à la guerre, cette hydre fatale. J'ai voulu juste dépeindre, dans un petit tableau, les splendeurs terribles de cette époque fascinante et mystérieuse.
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