L’amour du pauvre

Vois-tu, je suis bien pauvre et je ne puis
D’un palais blanc où le soleil reluit,
Ô, ma reine, faire ta demeure ;
Mais vois mon cœur que n’apaise point l’oubli,
Mais vois mon front qui pour ton front pâlit
Et vois mon Å“il qui pour ton Å“il pleure !

Je ne puis que t’implorer en tremblant
Et je ne puis couvrir d’or tes pieds blancs,
Ô, toi, déesse de toutes les femmes !
Je ne puis que t’adorer à genoux,
Je ne puis t’éblouir par des présents doux ;
Je ne puis que te donner mon âme !

Je t’aime et je ne puis, hélas ! Ma belle
Pour subjuguer enfin ton cœur rebelle
T’offrir un empire, comme les rois vainqueurs ;
Dieu n’a point, sur mon front pâle comme la lune,
Posé les lauriers doux de la fortune ;
Je ne puis que te donner mon cœur !

Pourtant, ce cœur que couvre le haillon,
Si tu le voyais ! Est plein de rayons !
Oh ! Si une fois tu daignais me sourire,
Tu me verrais, devenu soudain roi,
Régner sur un peuple immense en effroi,
Et pour toi assiéger des empires !

Oh ! Plaignisses-tu mon cœur qui souffre,
Visses-tu et ma nuit et mon gouffre,
Et de m’aimer fisses-tu une fois semblant,
Tu eusses vu se déployer mes ailes,
Tu eusses vu mon cœur, plein de zèle,
Reluire doucement, comme l’or étincelant !

Une fois, je t’ai vue, ô, ma bien-aimée !
Le pan rose de ta robe parfumée
Descendait sur la terre qui fleurissait ;
Tu enchantais toute la nature,
Et moi je n’osais, divine créature,
Lever jusqu’à tes yeux mes yeux baissés,

Car mon regard eût été un blasphème !
Sans indigner ta majesté suprême,
Pouvais-je, pauvre hère, jusqu’à l’azur
De ton front, laisser monter mon Å“il sombre,
Comme le tien de lumière, rempli d’ombre,
Et comme le tien lumineux, obscur ?

Tu marchais, reine majestueuse,
Comme le soleil radieux radieuse,
Hautaine comme le ciel et comme les monts ;
Et ta beauté, céleste et profonde,
Semblait dire aux hommes et au monde :
« À genoux ! », comme un ténébreux démon

D’un radieux prophète épie la bure,
J’épiais les frissons de ta chevelure
Que caressaient les doigts légers du vent ;
Et je voyais les lèvres de ta bouche
S’embrasser, comme deux amants farouches
Qui dans un grand bois s’embrassent en rêvant !

L’or entre nous a creusé son abîme,
Hélas ! Tu ne peux ouïr mes vœux sublimes,
Mes soupirs, tu ne peux les écouter ;
Mais sache que, versant des larmes,
Un amant obscur, épris de tes charmes,
Loue, amoureux et muet, ta beauté !

ça, c'est de la vraie poésie classique ! Merci pour ce superbe partage.

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Désolée, mon état de santé ne me permet plus de faire les mises en pages de recueils.

Que c'est magnifique !
C'est à lire et à relire, j'ai aimé ma lecture
Colombe

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Si la poésie est un art, le partage est l'art suprême !

Mon blog,
http://www.lesmotsdits.fr/

magnifique
je t'ai lu avec plaisir
c'est beau..
merci ami pour ce beau partage
amitiés
brigitte

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Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on donne , mais l'amour avec lequel on donne . ( Mére Térésa )

Quel sublime poème!!! Comme toujours...j'ai ADORE...
Quelle belle profondeur d'âme...l'amour se trouve dans le coeur...c'est ce qu'il y a de plus beau...pas les apparences souvent trompeuses...tu as parfaitement raison.
Magnifique poème d'amour, même si la fin est un peu triste...
Mais ton coeur est inondé d'une telle splendeur...d'un rayon bien plus lumineux que le soleil...
Merci pour cet adorable partage.
Avec toute mon amitié,
Sophie.

Tu as profondément raison, nous sommes toujours si pauvre, en amour...

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Laissez l' esprit prendre toute son ampleur

Merci mes amis! Vos commentaires m'honorent...
(Je tiens quand même à signaler qu'il s'agit juste d'une invention poétique)

Un beau poème.

Amicalement

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Va ton chemin sans plus t'inquiéter !
La route est droite et tu n'as qu'à monter

Paul Verlaine

Si le poète n'a point d'or , il recele neanmoins en lui beaucoup de tresors.
Un grand coeur, une ame sensible, beaucoup de rimes ,de vers, et de reves qui a eux seuls peuvent faire pousser fleurs et verdures dans les deserts les plus durs...Le poète n'est pas pauvre, la richesse on peut l'avoir durement autant que la perdre facilement...mais jamais l'ame poètique...c'est un don inné, inaccessible et incessible pour tout l'or du monde.
Trés bon poème.

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merci pour cette belle lecture

il suffirait à ce pauvre de lire ou de chanter ce poème à sa belle pour voir son coeur frissonner de plaisir !

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http://www.mespoemes.net/eolienne/

https://www.amazon.fr/Souffle-poétique-Adeline-alias-Éolienne/dp/2414163232

https://www.edilivre.com/sur-les-ailes-d-eole-adeline-mela-eolienne.html

longue et digne complainte
de celui qui regarde passer son rêve

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Copyrightdepot.com

"Il arrive qu'...une main ouvre un nouveau chemin
Tout se gomme tout se pardonne
Et l'on voit soudain reverdir, refleurir
Notre espérance en l'homme"

Claude Nougaro

[i...

et merci pour cette bellecomplainte,de l'inaccessible(même fictif) en est sorti un admirable écrit ,avec ces changements de temps qui donnent encore plus de charme à cette lecture!!

Le poète n'a point de trésor, mais qu'elle richesse se cache en lui ! Tout simplement magnifique, à lire et à relire

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nos amis sont des anges silencieux qui nous remettent sur pieds lorsque nos ailes ne savent plus comment voler.

Merci à vous tous! Vos commentaires m'honorent.

Citation :

Beau poème que j'ai bien apprécié jusqu'à le lire à plusieurs reprises, tellement captivant par l'enchaînement des mots jusquà ces vers qui me bloquent à chaque fois que je les lis

"Comme le tien de lumière,rempli d'ombre,
Et comme le tien lumineux, obscur ? "
Je n'arrive pas à saisir leurs sens..

Merci pour le partage

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Celui qui éprouve du dégoût pour un arbre, ne doit pas profiter de son ombre.

Ta belle serait heureuse rien qu'avec la poésie que tu lui dédies !

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MB CANDIDE