ETRANGE RENCONTRE
Il m’arrive de penser que jadis vous caressiez l’amour avec ces mêmes gestes ; que vous faisiez pareillement votre déclaration aux belles de l’univers … Etiez – vous timides et osés à la fois : d’une témérité égale au désir qu’elles suscitaient en vous ? Eblouis ! Toute lumière est une invitation, encore faut-il soulever le boisseau. Toute fleur est une clarté qui se tend vers le haut.
Sûrement, avez – vous été l’enfant que je fus moi-même, vous délectant pareillement de ce miel au sein de votre mère. Et l’aventurier du premier pas. IL faut un sourire au premier pas. Puis un soupir pour le second. Et le bouche à bouche pour le cœur. Et encore un « faut pas ! » pour grandir : franchir le pas pour rejoindre ses bras.
IL m’arrive de me reconnaître en vous. Qui porte l’autre en lui ? Suis-je vraiment vous, ou juste un peu de nous. Une identité s’impose, ou se rejoint dans le désir de se connaître. Se peut-il que la branche porte en elle sa genèse : la sève première balbutiant discrètement son histoire.
Il m’arrive de trembler revivant ses chaos qui vous ont exhibés en tant que prodiges, forts de cette pensée supérieure à toutes autres et qui instruit le doute. Douter, n’est –ce pas déjà vouloir savoir ? Il m’arrive de parcourir ces déserts comme vous le fîtes jadis, de chercher des points d’eau, transpirant le jour, grelottant la nuit ; d’aller au fond des choses au risque de me perdre ; d’aller tel l’aveugle vers une autre vision : à tout ressentir, j’aborde l’invisible et y retrouve vos pas.
Il m’arrive de vous aimer comme il n’est pas permis d’aimer des inconnus. C’est comme si vous étreignant tous- vous mes ancêtres -je m’embrassais, moi- même.
Pierre WATTEBLED – 24 mars 2008
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