Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie Envois: 1238 |
Invitation symbolique à l'amour Invitation à l’amour
Viens, ma déesse ! Sur mon cœur amoureux, Repose ta tête blanche ; Vois la douce aurore monter dans les cieux, Comme l’oiseau sur la branche !
Au-dessous de cette montagne qui sourit, Près d’une claire rivière, Reposons-nous un peu. Ici, rien n’assombrit Nos cœurs pleins de lumière !
Oh ! Tu me berceras avec ta voix qui chante Et illumine mes jours ; Nos âmes seront pleines de l’extase qui enchante, Et nos esprits d’amour !
Viens donc, ma jeune déesse ! Le chemin de la vie Fatigue tes pieds blancs ; Je veux que mon âme près de la tienne soit ravie Et que mon cœur tremblant
Te chante le sonnet de sa plaintive flamme Et l’ode de ses feux ! Tu écouteras de mon cœur l’épithalame Et de mon âme les vœux !
Tu écouteras la lyre de ma haute poésie Vibrer sous tes doux doigts ; Tu t’enivreras de nectar et d’ambroisie Et mes yeux de ta voix !
Par combien de maux, par combien de tempêtes, Mon cœur est assailli ! Hélas ! Tu le sais, ma déesse ! Le poète Comme l’Archange a failli !
Tant de jours agités, tant de nuit inquiètes, Tant d’ombres et de douleur, Ont cueilli ma jeunesse rêveuse et muette Comme on cueille une fleur !
Laisse-moi donc, sous les rayons de ton aurore, Ô, mon ange charmant, Me reposer et voir mes heures fleurir encore Et couler mes moments !
Je n’ai point de palais aux radieux porphyres Qui montent jusqu’au cieux, Mais je crois que mes vers puissants peuvent suffire À éblouir tes beaux yeux !
Je ne puis t’offrir des eunuques que l’or couvre, Comme les rois vainqueurs ; Mais je t’offre des fleurs qui sous tes pas s’ouvrent, Mais je te donne mon cœur !
Pour toi, mon Hélène, j’eus donné toutes mes armées ; J’assiègerais mille Ilions ! Ô, douce créature ! Tu es ma bien-aimée Et je suis ton brave lion !
Je bâtirai mon temple sur la terre où tu marches Et je la bénirai ; Ô, comme Noé, je construirai une arche Et je t’emporterai !
Tu seras mon peuple et je serai Moïse ; Nonobstant le trépas, À la douce terre, par l’amour promise, Je guiderai tes pas !
Oh ! Je suis jaloux de ce vent qui te touche Et veut chanter pour toi ! Et j’ordonne que ton cœur, ton âme et ta bouche Ne parlent que pour moi !
Je suis jaloux de ce soleil qui te regarde Et qui aime à t’éblouir ! Et mon fer châtiera tout ce qui se hasarde Devant toi à reluir !
Je suis jaloux de cette aurore qui veut Te voler un sourire ! Pour un rire de ta bouche, un éclair de tes yeux, Je donnerai un empire !
Pour l’un de tes baisers, je donnerai, dieu hagard, L’aurore profonde ; Pour l’une de tes caresses, pour l’un de tes regards, Je donnerai un monde !
Je mettrai mon foudre et mon égide à tes pieds, Mes soleils, mes comètes ! Pour subjuguer ton cœur comme à mon cœur il sied, Je donnerai les planètes !
Pour un seul vers de ton amoureuse épopée Je donnerai tous mes vers ! Pour jouir de ton amour, plus fatale que l’épée, Je donnerai l’univers !
La nef de l’amour à son rivage nous appelle Et le candide printemps Nous dit : « montez sur mon aile blanche et immortelle, Loin du furieux autan ! »
L’automne nous dit : « je suis pâle et vous êtes radieux, Restez dans ma demeure ! Je suis Philémon et vous êtes mes dieux, Restez ou je pleure ! »
L’hiver nous dit : « j’ai froid et je suis éphémère ; Vos cœurs sont chaleureux ; Frappez à mon huis ; je serai doux comme une mère Et vous serez heureux ! »
L’été nous dit : « parez ce soleil qui m’éclaire De vos sublimes rayons ! Restez dans mon logis ! Mon aurore est claire, Mon ciel est sans sillons ! »
L’aube angélique aux doigts candides nous murmure : « Je sais taire les secrets ! Venez sous mon toit ! Votre amour, comme une fleur mûre, Resplendira, doré ! »
La douce aurore, l’aurore aux doigts blancs, nous chuchote : « Je protège les amants ! Venez, sous ma montagne vénérée et haute, Vous et vos cœurs charmants ! »
La nuit ténébreuse aux doigts noirs nous dit tout bas : « Je suis votre refuge ! Je suis l’arche calme où vous reposerez vos pas ; Le monde est le déluge ! »
Le jour rayonnant aux doigts dorés nous chante : « Venez, n’ayez pas peur ! Venez ! Mon foyer vous attend ! À votre amour charmante J’offre toutes mes lueurs ! »
Et Dieu nous dit : « Je suis la maître des saisons ! Devant mon tonnerre, Le jour est à genoux. Le monde est ma raison ; Moi, que tout vénère,
Je vous ordonne de vous aimer, heureux mortels ! Vivez l’un pour l’autre ; Le ciel est mon trône, la nature est mon autel L’amour est le vôtre !
Ne dépensez point vos vies dans de vains projets ; Je bénis votre rêve ! Des vains fardeaux que vos cœurs ne soient point chargés ! Comme Adam et Ève
Aimez-vous ! Tout le monde est pour vous un éden ! Tout pour vous est lumière ! Et votre amour jusqu'à moi jaillira, divin Comme une prière ! »
|