Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie Envois: 1238 |
Métaphore de l'amour L’aile de l’amour
Le soleil s’est éteint comme une bougie ; La nuit, spectre rêveur et ténébreux, Descend lentement, sœur de la nostalgie, Amante fidèle de l’homme malheureux.
C’est le moment mystique où l’univers, Livre mystérieux où est écrit le Verbe, S’ouvre, et où on entend gémir le ver, Murmurer l’arbre et chuchoter l’herbe.
Ce soir, j’étais seul sous l’œil de la lune, Serein, je contemplais ce sombre azur, Et ces étoiles qui parent la voûte commune, Comme pare la robe d’une dame un joyau pur.
J’écoutais, pensif, l’ode céleste – Poème commencé et jamais fini – Et je respirais ce parfum qui reste Dans le vase des cieux, par l’ombre bruni.
Je pensais, ô, ténébreuse euphorie ! À ces temps où on vénérait l’amour, À Hélène, à Isolde, à vous, Marie Vierge qui avez enfanté le jour !
Soudain, je vis une forme étrange Reluire au fond de l’azur sans émois ; Ce n’était point une étoile, mais un ange Qui ploya ses ailes tout près de moi.
Ses yeux, pleins de rêve et de lumière, Etaient deux flambeaux, deux miroirs radieux ; Son être était doux comme une prière Qui, de la bouche d’un prophète, monte à Dieu !
Il parla. Sa voix, pure comme le soleil, Me dit : « Je suis l’Amour divin, poète ! Qui des yeux usurpe le sommeil Et remplit les cœurs de rêveries inquiètes !
Et j’assombris les fronts impeccables Des prophètes, des guerriers et des héros ; Je courbe des rois les têtes vénérables Et j’immole les victimes et les bourreaux !
Oui, tout me craint ! Pourtant, tout me cherche ! L’oiseau dit mon nom, et l’arbre et le bois ! Dans l’ombre de mon aile le monde marche Comme Jésus dans l’ombre de la croix !
Je suis l’Amour ! Mon philtre universel Coule dans les yeux lumineux de la femme ; Je suis la larme éternelle du ciel, La Raison, c’est le corps du monde, son âme
C’est moi ! Je suis l’immortel rayon Dans le cœur de l’enfant et de la mère, Je plane sur l’univers comme un alcyon Dont les plumes portent le tonnerre ! »
L’Amour se tut. Dans la nuit immortelle Il allait partir. D’un geste puissant, Je vis, pendant qu’il déployait ses ailes, Sur ses plumes blanches une tache de sang.
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