A travers ses yeux gris où se perd l'océan
J'ai vu ressurgir les marées de mes années
J'ai remué le sable des plages tannées
Ces sables que les rocs furieux mordaient au sang
Dans les eaux cendrées la tempête aux cris puissants
Ravageait le seuil morne des pierres damnées
Pluie et vents accrochés aux façades tannées
Semaient leurs chairs de frissons gémissants
Que m'importe la nuit qui se perd dans mes rêves
Je n'ai pas su jeter mes amours effarées
Les yeux dans les yeux boire à l'oubli de ses lèvres
Les rochers amers dressés comme des calvaires
Où sont venues s'échouer des douleurs égarées
Clouent ma mémoire de souvenirs mortuaires
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Leur toile spirituelle
Je la brise et vais cherchant
Dans ma forêt sensuelle
Les oracles de mon chant
Paul Valéry