Enfant, j’aimais rêver sur les rochers tourmentés que les côtes bretonnes avaient su dessiner.
Et je n’avais comme seul rempart à ma folle imprudence qu’un bouquet sauvage de fleurs jaunes harcelées par le vent.
Et les jambes pendantes et les pieds dans le vide, inconscient du danger devant pareille beauté, je me proclamais roi des ondes, roi-enfant et maître du Monde.
La mer m’appartenait, tantôt mugissante et houleuse, tantôt figée comme une liqueur huileuse.
Et j’enviais ces algues vertes qui voyageaient avec les eaux montantes avant de mourir en douceur parmi la blanche écume.
J’aimais aussi les nuages dorés qui défilaient silencieux en lentes processions.
Et je sursautais aux cris sourds que jetaient les oiseaux de mer en signe de tempĂŞte.
C’était donc l’heure de rentrer et de retrouver, penaud, des parents inquiets.
Ont-ils pu un jour comprendre la mer, ses nuages qui passent et ses oiseaux qui crient dans les rêves d’un enfant ?
Krisfi
----------------
Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c'est le mystère des choses !
(Frederico GARCĂŤA LORCA)
