La barque était là plantée sur son socle dans le ruissellement du soir. Elle n’était plus, sur le sable, que l’ombre d’elle – même dans la splendeur vespérale. Elle était là encore à l’heure où la vague sanglante se soumet et s’abandonne, sur le miroir flamboyant des mouettes criailleuses ; miroir mouvant aux mille nuances, tapis rouge où tout se dessinait à l’encre de chine jusqu’au seuil de l’illusion finale : tout serait bientôt absorbé par les flots de la nuit. Une profonde respiration remontait des profondeurs abyssales, des sirènes gémissaient d’indicibles tourments. La beauté, furtivement, se noyait dans l’émotion. J’étais dans l’image à la fois soupir et contemplation. Un battement d’ailes ? Un départ ? Un baiser langoureux aux lèvres du soir ?...
Pierre WATTEBLED
----------------