C’était un samedi soir,
Un samedi soir gagné par le noir,
Un samedi soir sans espoir,
Un samedi soir fait de « aux revoirs ».
J’avais atterrit déjà ivre
Dans un bar pour poursuivre
Ma soulographie, quand sur le zinc, un livre
M’invita à le suivre.
« Un livre qui s’exprime ? »
Pensais-je. Faut-il que je le supprime ?
La rime
Me le déconseilla, même pour une modeste prime.
Alors je suivis cet étrange animal
Avec beaucoup de mal
Car le membre de ma jambe, anormal,
Souffrait d’un rhumatisme phénoménal.
Je traînais la patte,
Mon livre arriva face à une baratte
Et commença la gratte
Pour l’ouvrir sans batte.
Le couvercle, brutalement,
Nous livrâmes l’entrée du logement
Qu’il protégeait scrupuleusement.
Nous avançâmes prudemment.
Alors un ancestral et énorme dictionnaire
Me tança d’une voix « cathédralaire »
« Toi ! Toi ! Toi ! Oui toi ! Toi le Baudelaire
De l’alcool ! Oui toi ! Le compagnon d’Apollinaire !
Qu’a tu fait de ton existence ?
Tu es mort comme une évidence,
Tu as rejoint l’alcool et son urgence,
Pour entraîner ton haleine vers la pestilence !
Ose encore ! Ose encore !
Vois cancrelat le score
De ton alcoolémie ! Il adore
Ouvrir ta boîte de Pandore !!!
Alors je vis ce que ne vivent d’autres personnes.
Je vis E.T. en vélo avec une cloche qui sonne.
Je vis des gremlins danser diablement avec des consonnes.
Je surpris Wolf lançant l’alphabet à la Gorgone
Le livre, mon guide du cavant
Se prosterner devant
Moi, et moi joyeux, je chantais décevant :
« Vive le vin ! Vive le vin ! Vive le vin du jour d’avant ! »
Je me réveillais avec la gueule de bois
Je puais l’anchois
Et un chien narquois
Me souriait grivois…
Hurlant
Pleurant,
Pissant
Dans mon vêtement,
Je fis la promesse,
À confesse,
D’un avenir sans ivresse
D’un avenir de sagesse.
Alexandre. Le samedi 3 novembre 2007.
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"sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloges flatteurs".