« L’AMOUR A FROID »
Il est des souvenirs que l’on n’oublie jamais…
C’était la Saint Sylvestre… Sud de la Forêt Noire…
Konstanz était en fête et les rues s’enflammaient,
Néon se reflétant aux trottoirs patinoire.
Hiver soixante neuf… Chiffre prédestiné ?
J’avais vingt et un ans et, toujours « ingénu »,
J’attendais de l’an neuf qu’il fut plus gratiné.
Mon amie du moment en avait convenu.
Un coup de téléphone, une piaule louée,
« Vous trouverez la chambre, à l’étage, et ouverte »
Avait dit la patronne à la gorge enrouée.
Quatre heures du matin : La grande découverte !
Une panne électrique. On avance à tâtons,
Puis une porte s’ouvre et soudain la lumière.
La turne est bien proprette et lors nous constatons
Qu’il fait un froid glacial…pour ma toute première…
Mais nous n’en avons cure et nous déshabillons,
Filons sous l’édredon pour mieux nous réchauffer.
Mais quand il fait moins vingt, mĂŞme en nos tourbillons,
Ne reste pour l’amour qu’à nous catastropher !
Toutes les mains du monde auront beau s’activer,
Je suis une banquise, elle reste un glaçon.
Nous avons beau tout faire et nous remotiver,
Mon emblème de mâle est un vrai limaçon.
Et comble de malheur, on a du déranger,
Car des coups de balais, donnés sur un plafond,
Nous sont bien parvenus, pour ne rien arranger,
Nous laissant tous les deux un malaise profond.
Dans les bras l’un de l’autre on a fini la nuit.
Huit heures du matin : Le petit déjeuner.
La patronne nous sert et nous dit son ennui :
« M’avez-vous entendue ? Je ne voulais gêner…
Voulant vous prévenir, j’ai pensé faire un signe.
Sûr vous avez eu froid ! J’ai bien failli monter !
Je ne suis, pensez donc, une hôtelière indigne !
La bonne chambre était la pièce d’à côté ! »
….
J’ai donc pu constater, en ce premier de l’an,
Qu’aimer dans un igloo n’est pas la panacée !
Retenez la leçon, par l’hiver le plus blanc,
N’omettez de chauffer ! Car de la panne… assez !