Funeste plaine, noirs corbeaux, jours sans semailles
Où deux armées s'affrontent en une âpre bataille
Ils étaient mille, ils étaient cent, ils étaient cent et mille
Accrochés au talus de tranchées inutiles.

Ils attendaient tremblants le moment de l'assaut.

Les uns serraient un christ sous la chemise sale
D'autres tenaient en main une simple photo
Certains priaient Jésus, Allah, Yaveh, Vishnou
Le reste ne priaient point et invoquaient la chance
De protéger leur vie en si sombre échéance.
Les coeurs battaient si fort dans cet enfer de boue
Qu'ils couvraient par instant jusqu'au bruit du canon.
Et puis vint le signal de la dernière alarme
Ils se hissèrent sans hâte dans l'âpre tourbillon
Dans le déluge de fer et le fracas des armes.

Sur la rive opposée au pied d'un mamelon
De noirs casques brillaient sous un soleil absent.

Ils s'avancèrent dix mille, ils arrivèrent cent.
Oh ! Terre nourricière, tu te gorgeas de sang
Tu reçus les entrailles, les pleurs et les larmes
De ces soldats vaincus de ces feus combattants.
Allongé dans la boue un homme rend son âme
Une âme bien légère d'un triste mirmillon.
Il n'entend plus les cris de la mêlée infâme
L'appel des blessés, le râle des moribonds.
Il vole dans l'éther loin des fureurs du drame
Heureux et libéré d'un choc de géants.

Il revoit son pays et les matins de fête
Le châle fleuri des filles et les monts d'Avallon
Lui reviennent à présent les vers du poète
Qui glorifia l'amour, le sens, et la raison.

Puis le jour déclina et la lumière s'en fut
L'heure de la faucheuse était pour lui venu
L'heure qu'elle n'oubliait en aucune occasion
L'heure de mettre en gerbe son horrible moisson.

Shangaan

et



et

Merci Douceur pour tes encouragements. Sais-tu que j'avais la larme à l'oeil en écrivant ce texte. Tant de souvenirs !
amitiés de
Shangaan

un tres joli texte émouvant

La folie meurtrière des guerres a emporté des millions d'êtres humains et fait de nombreuses veuves et orphelins et maintenant les guerres dites modernes fauchent indifféremment civils , femmes enfantsles nouvelles armes permettant de détruire à distance, sans distinction de qui porte l'uniforme ou ne le porte pas.
adn

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Tu sais adn, cette mémoire de la guerre est en moi, je ne sais pourquoi ? Peut-être des souvenirs d'enfance, peut-être la guerre d'Algérie où je me trouvais tout juste sorti de l'enfance, ou peut-être cette mémoire karmique que chacun possède en soi.
amitiés
Shangaan