Coloniser la terre est très dure entreprise.
Il faut des océans se libérer d’emprise
Et il faut se nourrir. Or, sur le sol stérile
La vie des animaux restait trop difficile.
Si, très tôt, bactéries, algues furent portées
Par les vents, les embruns, les vagues emportées,
Survivre hors de l’eau n’était pas mince affaire,
Et soleil desséchant n’eut pas de peine à faire
Mourir tous ces premiers naufragés sans espoir,
Qui pouvaient ĂŞtre proie de quelques charognards
Avec animaux morts échoués sur les plages :
Les premiers éclaireurs furent des nécrophages,
Qui ne sortaient de l’eau que pour chercher pitance,
Ne s’éloignant jamais à de grandes distances.
Seule photosynthèse pouvait réussir
A préparer les terres pour un avenir.
L’eau de mer contient tous les aliments utiles,
Puisant, par sa surface, minéraux fertiles,
Et grâce à la lumière construisant ses briques,
L’algue avec un crampon en rien ne se complique.
Vivre au contact de l’air sans se déshydrater,
Pouvoir sa nourriture du sol exploiter,
Exigeait de créer du nouveau pour pouvoir
Pomper eau, éléments, ceci, sans se mouvoir.
La racine permit tout cela sans limite,
Avec elle sur terre la flore s’invite
Et reste cantonnée dans les zones humides,
Mousses très primitives ou fougères timides,
Avec premiers lichens déjà probablement
Colonisent les rives et gagnent lentement.
Ces premiers conquérants vont bientôt s’enhardir
Et tous leurs descendants vont se mettre Ă grandir
Apparaissent forêts où la prêle géante
Fait voisinage avec fougère arborescente,
Grandes toutes deux comme hĂŞtres puissants,
Et voisinant avec premiers arbres naissants
Bien différents de ceux que l’on voit aujourd’hui,
Et, qui, depuis longtemps, ce sont Ă©vanouis.
Si luxuriantes furent ces forêts passées,
Submergées par les eaux, plusieurs fois trépassées,
Enfouies, transformées par facteurs qu’on ignore
Qu’elles donnèrent houille qu’on exploite encore.
Végétaux aliments, par œuvre pionnière
Permettaient aux animaux d’arriver derrière.
Insectes primitifs furent premiers colons,
Avec des créatures proches des scorpions.
Mais là aussi, les prédateurs ont bien suivi.
Premières araignées étaient bien là aussi.
La Nature féconde et imaginative
Eut tôt fait d’engendrer ménagerie, archives
Conservées dans les blocs des vieux ambres fossiles
Préservant les corps de tous ces êtres graciles.
Les terres émergées à présent habitables
Il restait un déclic final, inéluctable,
Pour que la Vie, dans tous les choix, prenne celui
Qui allait amener aux faunes d’aujourd’hui.
Parmi tous les poissons qui sillonnaient les eaux
Certains ayant nageoires-pattes, un beau cadeau,
Se hissèrent à terre, partirent explorer
Ce monde prometteur, et puis s’en emparer.
Gigantesques tritons, Ă©normes salamandres
Parfois aux dents cruelles allaient de répandre
Et conquérir les terres en règne éphémère
À l’échelle du temps de la Planète Mère.
Mais déjà , en leurs codes, ils avaient en germe
Leurs puissants successeurs. La conquĂŞte Ă son terme
Voyaient mers, continents, peuplés de mille formes.
Seuls les airs n’hébergeaient qu’insectes, parfois énormes.
Mais tout est déjà prêt pour que, dans le futur,
Des géants redoutables se jouent dans l’azur.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)