Le ciel s’est assombri quand le vent s’est levé.
Venant d’on ne sait où des camaïeux de gris
Ont envahi l’espace et l’azur délavé
Se gonfle de noirceur et d’affreux coloris.
Des rafales de froid me griffent le visage
Mais leurs coups de boutoir ne me coucheront pas.
La tempête s’abat, courbant le paysage,
Laminoir insolent qui voudrait son trépas.
Lacérée d’éclairs blancs aux lames meurtrières
La grand voûte céleste évacue ses rancoeurs.
Milles flèches glacées des arbalétrières
Fondent sur la nature en déluge vainqueur.
La terre burinée pleure son infortune
Tout au long des ruisseaux érodant jusqu’au roc.
Où l’élément liquide a vomi sa rancune
Jamais plus laboureur n’enfoncera de soc.
Mais je reste planté face à cette furie
Tel un chêne ancestral qui ne rompra jamais.
Puis j’insulte les Dieux comme l’on injurie
Les vaincus au combat avant de les blâmer.
Alors revient le calme et la douceur s’installe.
Imperceptiblement la clarté fait sa place
Et le dernier nuage à l’horizon détalle
Sous les feux du soleil qui dès lors le remplace.
J’ouvre tout grand les yeux, laisse entrer sa lumière,
Me brûle à sa chaleur et lui offre mon corps.
La nature s’agite, immense fourmilière,
La vie renaît enfin en sublimes accords.