C ouchite, elle était noire, mais c’était la plus belle, aux
Y eux de ce Moïse, cet homme qui l’aima,
P armi toutes les femmes, il ne désirait qu’elle,
O pprimée des Hébreux, elle connut le trépas.
R endue dans un pays, dont le peuple était fier,
A u royaume des élus, c’était une étrangère.
Je la comprends si bien, cette femme, cett’autre,
Car j’ai eu, moi aussi, un glaciale destin,
Arrivant d’un pays, pour vivre dans un autre,
Ses enfants imbéciles n’ont pas tendu la main.
Mon prénom et le sien ont cette étrange augure,
Il n’était pas écrit, dans les lignes de ma main,
Pas plus qu’on ne voyait, au milieu d’ma figure,
Que j’n’étais pas d’ici, que je venais de loin.
Comme je les ai haïs ! Mon Dieu qu’ils étaient bêtes !
Ils n’avaient pas compris que je leur apportais
Un peu de mon pays, dans mon cœur, dans ma tête,
Et que mon âme d’enfant de l’amour attendait.
Et j’ai grandi avec, au cœur, une blessure,
Qui, malgré les années, a mûri avec moi,
Quand je sens que mes yeux se mouillent, la brûlure
De ce temps révolu est à nouveau en moi.
Il faudra bien, qu’un jour, ce vide se referme,
Et que j’arrête, enfin, de vivre au passé,
L’amour de mes enfants, seul, y mettra un terme,
Avec toute ma tendresse, qu’ils en soient remerciés.
Antigone (06.11.2005)
[(*) Couchite s'écrit en fait Kouchite, désolée pour cette faute d'orthographe, mais je n'ai pas le choix...]
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(c) Antigone
"L'amour, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction" (Antoine de Saint-Exupéry)