La mer écartelée entre les grands rochers
Avait ses eaux mêlées sous le vent qui crachait
Et les nuages fous sous l'horizon noirci
Allaient pisser partout leur accablante pluie.
Sur la digue assaillie les vagues déchaînées
Comme des bâtes en saillie venaient s'exterminer
Et le port vomissait une mousse écumante
Contre le phare dressé défiant la tourmente.
Il n'y a plus de marins, sur la panse des femmes
Comme chantait un certain en parlant d'Amsterdam
Mais des marins perdus suppliant la Sainte-Vierge
Des femmes morfondues qui font brûler des cierges.
Et la mer se déchire, se creuse, tend les pièges
Réclamant ses martyrs car c'est son privilège
Elle sait pertinemment qu'elle vous fera des hommes
Puisqu'ils sont ses amants, sa drogue et son opium.
Elle est comme un félin, elle joue avec leur vie
Les prenant un par un entre quelques répits
Et ils le savent bien qui ont eu père ou frère
Disparu un matin noyé dans cet enfer.
Il n'y a plus de marins, comme des oriflammes
Comme chantait un certain en parlant d'Amsterdam
Mais des drames vécus, des enfants orphelins
Des sanglots éperdus, des cris dans le lointain.
Car la mer est cruelle quand ses colères la prennent
Perfide autant que belle quand ses colères s'éteignent
D'ailleurs quand vient le soir, quand flamboie l'horizon
Ne croit-on pas y voir le sang des moribonds.
Le Pope
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La poésie, c'est essentiel pour la vie !