Un tout petit village au beau pays d'Afrique
Que le soleil écrase à longueurs de saisons
Autour d'une placette quelques maisons de briques
La savane et le fleuve pour unique horizon.
Sur la terre durcie, assis jambes ouvertes
Mamadou joue tout seul et sourit bonnement
S'amusant à contrer d'une brindille verte
La course d'un lézard vers la fuite en avant.
Le père est à la chasse avec les autres hommes
Les femmes pilent le mil, préparent le repas
Ce n'est pas le bonheur ici, mais c'est tout comme
Car c'est la vie qui passe chaque jour pas à pas.
Personne ne les vit quand les chars déboulèrent
Un déluge de feu s'abattit avec rage
Les maisons et les toits tour à tour s'embrasèrent
Et ce fut tout à coup un horrible carnage.
Les hommes en uniforme, aux armes crépitantes
Ne laissèrent à personne la chance de s'enfuir
Le sang avait pour eux une odeur enivrante
Ils tiraient jusqu'à mettre les canons à rougir.
Quand à la fin du jour les chasseurs arrivèrent
Plus rien ne subsistait de ce lieu qu'ils aimaient
Aucun être vivant, et les guerriers crièrent
Interdits, sans comprendre, et meurtris à jamais.
Et seul au bord du fleuve... Mamadou qui pleurait !
Le Pope
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La poésie, c'est essentiel pour la vie !