Jamais tronche ne fut plus grotesque et affreuse
Que celle que je vis sur ce masque horrifiant.
Son visage Ă©tait mauve avec la joue soufreuse,
Regard cerclé de noir à l’iris terrifiant.
Cheveux filasse et long, tignasse ébouriffée,
Qu’une grosse araignée décorait d’une toile,
Elle avançait vers moi, même pas attifée,
Effroyablement nue sous un ciel sans Ă©toile.
Sur sa poitrine osseuse, affreusement grisâtre,
Pendaient minablement, tels des gants de toilette,
Deux seins sculptés sans doute au plus vilain albâtre.
Que son ventre Ă©tait creux, sans mĂŞme une voilette !
Une hallucination ? Une abomination !
La misère en vadrouille ? La laideur en voyage !…
Elle allait droit devant avec obstination,
Les bras bringuebalant en un grand balayage.
Passant à ma portée, je sentis la froideur
Qui semblait l’habiller et j’en fus tout transi.
C’est alors que j’agis, ravalant ma pudeur,
Déposant sur son corps mon très vieux drap moisi.
S’en allant dans la nuit, ne l’ai jamais revue.
Depuis j’erre tout nu sans offusquer personne.
Et les nuits d’Halloween je pense à ma bévue.
Des enfants que je croise, non, aucun ne frissonne !
Le seul jour de l’année, le seul pour plaisanter,
L’unique rendez-vous, je reste un inconnu !
Qui voulez-vous, ma foi, que je m’en aille hanter
Moi qui ne suis dès lors plus qu’un fantôme nu !