Remords…
Ma vie en était à présent remplie. A vouloir me débarrasser de mon passé, je m’étais imposé ses fantômes et ses regrets. Les morts avaient remplacés tous les souvenirs heureux que j’en gardais. Je ne pouvais plus me retourner et regarder en arrière. Et mon avenir ne se révélais pas plus brillant. Tout deux étaient tachés de sang. Du sang de mes amis…
Quelle hypocrisie. Oser qualifier d’amis ceux que j’avais moi-même lâchement assassinés.
J’avais des moments de profonde dépression. Mais qu’est ce qu’une dépression à côté de se faire ôter la vie dans sa pleine jeunesse par quelqu’un que l’on aimait, sinon que l’on connaissait. J’avais souvent versé des larmes sur le sort des gens que j’avais assassiné. Mais je trouvais cela encore plus hypocrite et mes larmes redoublaient. J’étais tombée dans un véritable cercle vicieux.
Mais malgré ces périodes d’infinis regrets, il y avait toujours une personne pour me remettre dans le « droit » chemin et me faire retrouver ma froideur habituelle.
J’étais malheureuse dans cette vie, alors je ne trouvais pas de raisons de me créer d’attaches.
Je passais donc mon temps seule, le regard vague, mes pensées vagabondant au gré de mes humeurs. J’étais dans mon petit monde. Ne pensant pas à la vie et à ses conséquences. Oubliant, ne serais-ce que pour un instant sa dure réalité.
Je m’étais forgé une réputation de solitaire et de taciturne. Mais tous ces imbéciles m’étaient totalement indifférents. Ils ne pouvaient pas comprendre la violente souffrance qui m’étreignait.
Bien que d’après ce que l’on m’avait dit, ils étaient tous dans mon cas. Ils traitaient juste le problème différemment. Ils préféraient oublier la mort en se concentrant sur la vie. Alors que je préférais les ignorer, la mort comme la vie.
Un jour, mon maître m’avait demandé à quoi je pensai dans un de ces moments de solitudes.
Je lui ai répondu sans me détourner de mes réflexions :
« - Je rêve et je ne pense pas à ce que je suis. J’espère et j’imagine ce que je pourrais être. »
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La poésie est souvent abstraite, et si elle manque parfois de sens, les gens la comprennent à leur manière et l'interprètent celon leur propre philosophie.