Voilà qui m’est bien dit : pour être commenté
Il te faut flagorner pour être innocenté !
Jamais du temps jadis on ne dit à Molière :
Écris au concurrent qui sort de sa volière !
Le bonheur m’est donné de connaître l’avis
Du veilleur qui répond sans aucun contravis.
« Laisse aller » dit la Muse avec quelque expérience,
« Ici l’espace est saint et prise l’obédience !
Va donc tout pedibus le long de ton chemin
Et soigne sans faillir ton humble parchemin.
Tu n’écris, à mon sens, pour avoir le vertige
De la gloire éphémère et de l’oiseux prestige.
Tu as raison, hélas, le Monde du Talion
Fait que le rat jamais ne délivre le Lion.
Et si tu vois un bœuf, tout comme la grenouille,
Ne pleure surtout pas de tomber en quenouille.
Je vais donc t’enseigner un nouveau petit jeu
Qui consiste à lorgner sur l’effet de l’enjeu.
Envoie sans plus tarder un écrit sur cette onde
Qui parle sans égard de la moindre faconde.
Tu verras les clameurs circuler dans la rue
Sans besoin de monter au filin d’une grue.
Je sais: ce n’est pas bien de susciter la fièvre
Quand on n’a pour ravir qu’un parler bien trop mièvre. »
Merci chère Égérie au contact spontané,
Je vais faire autrement pour n’être point tanné.
Je vais sortir mon luth pour donner de l’ariette
En me satisfaisant de la moindre miette !