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     Jean-Pierre suite 1
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Expéditeur Conversation
vinicius
Envoyé le :  13/3/2024 11:36
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2006
De: Chaville (IDF) et Rio de Janeiro (Brésil)
Envois: 4822
Jean-Pierre suite 1
...Les cigarettes, la science-fiction (suite)


J’étais souvent seul avec ma mère et j’aimais beaucoup ces moments. Nous discutions de choses et d’autres, elle commentait l’actualité locale faite des potins du « Clos Anna ». Quelquefois elle me confiait un peu de ses soucis, quand elle en avait «gros sur la patate » comme elle disait…Et elle terminait toujours par cette phrase : «J’aimerais m’endormir et ne plus me réveiller » elle la disait sur un ton si léger qu’il atténuait la gravité du propos.
De mon coté je faisais mentalement l’inventaire des questions que, pour satisfaire ma curiosité, j’allais poser à Jean-Pierre :
Était-ce parce que sa petite sœur était morte que je ne l’avais plus vu ? Que faisait-il au stade avec son trombone ? Comment était-ce Madagascar, ce pays d’où il venait ? Ses parents savaient-ils qu’il fumait ?
Aujourd’hui je ne voulais pas prolonger le tête à tête avec ma mère qui s’en rendit compte et pour ôter mes derniers scrupules me dit en souriant :
« File-vite retrouver la petite Josiane ».
Les mamans savent presque tout. Je ne l’ai pas contredite.

La dernière bouchée de mon dessert avalée je suis parti pour le rendez vous fixé avec Jean-Pierre  sur le banc à l’arrêt des cars en direction des « Sablettes ». Quand j’arrivai, il était là, assis, il fumait le regard fixé sur la fumée bleue de sa cigarette. Il ne m’a ni vu ni entendu arriver et je suis resté un moment immobile juste derrière lui humant l’odeur épicée et douceâtre du tabac blond.
Les yeux fermés je me délectai du parfum de la fumée. Je n’avais jamais senti une odeur aussi suave, grisante même. C’est alors que Jean-Pierre m’aperçut et en laissant échapper de fins filets de fumée par les narines, d’un signe de tête m’invita à le rejoindre sur le banc. Oubliant toutes les questions importantes que je me proposai de lui poser je m’entendis lui dire : « j’aime l’odeur de ta cigarette. C’est « high-life » ? Non me répondit-il, en ce moment je fume des « Phillips Morris » et il sortit de la poche de sa chemisette un paquet de couleur vieil or soigneusement ouvert qu’il approcha de mon nez. L’odorat flatté par les effluves de miel, de pain d’épices qui s’en émanaient, plus subtiles que celles révélées par la fumée, j’eus envie par curiosité d’y goûter, de l’aspirer. Jean-Pierre prit une cigarette qu’il alluma à l’aide son gros briquet à essence, tira une ou deux bouffées rapides puis me la tendit m’invitant à faire comme lui. Maladroitement je pris la cigarette entre le pouce et l’index la posai entre mes lèvres et aspirai lentement mais longuement, trop lentement et trop longuement sans doute et jusqu’à étouffer, presque. La fumée sortait par tous les orifices, narines, bouche et j’ai toussé, beaucoup et longtemps.
Il y avait tout près une fontaine à l’eau fraîche de laquelle j’ai bu et mouillé mon visage un peu congestionné par la toux qui s’est rapidement calmée.
Ma cigarette, se consumait lentement entre les doigts de Jean-Pierre qui me la tendit à nouveau pour un autre essai. Il me recommanda cette fois d’y aller plus doucement. J’aspirai donc lentement mais assez brièvement jusqu’à creuser mes joues et recrachai la fumée d’un souffle. Je fus déçu car je n’ai retrouvé ni l’odeur du tabac ni les arômes qui s’exhalaient de la cigarette fumée par mon camarade.
J’attribuai l’échec au manque d’expérience et me proposai de recommencer mais pas aujourd’hui.
Jean-Pierre fut d’accord et après une brève conversation nous décidâmes de partir en promenade aux alentours.
-Tu connais le petit bois lui dis-je ?
- Non me répondit-il. Où est ce ?
- Pas loin. On va passer par le « petit chemin » suis moi !
Et nous voilà partis. Je conduisais la marche. Un bout de la rue Voltaire, le petit chemin jusqu’à la maison de Christian chez qui j’ai appris à aimer les voyages, le chemin avec au bout, sous les figuiers la maison du capitaine…Ah le capitaine ! Je ne l’avais plus revu, et à coté le sentier qui serpente dans la garrigue jusqu’au vieux moulin en ruine et enfin la pinède à l’ombre de laquelle nous sommes reposé un long moment. Nous étions bien et j’ai profité de ce moment pour demander à Jean-Pierre les réponses aux quelques questions que je me posais encore.
Le décès, même attendu, de sa petite sœur a perturbé la famille et lui, a du faire face à des situations délicates qu’il ne m’a pas franchement décrites. J’ai cependant pu comprendre que son père et sa mère ne s’étaient pas bien entendu sur la naissance de cette enfant dans les conditions sanitaires difficiles de Madagascar.
Ses parents ne s’occupaient pas beaucoup de lui, il faisait un peu ce qu’il voulait, fumer entre autres choses, sans que cela ne lui vaille une remontrance quelconque. Il ne m’a pas dit grand chose de sa vie à Madagascar sauf qu’il y vivait un peu comme un sauvage au milieu d’enfants malgaches avec qui il faisait l’école buissonnière et qui lui ont appris à se débrouiller avec presque rien.
Nous sommes rentrés par un autre chemin qui traverse la garrigue en contournant les trous, que bombes et obus avaient semés durant la dernière guerre, il y avait à peine une douzaine d’années.
Nous sommes arrivés au dessus du stade à un endroit qui lui a paru familier.
- Oui ! Je t’ai vu un jour en bas sur les gradins, tu jouais du trombone.
- Je t’ai vu aussi et tu n’étais pas seul me répondit il en souriant.
Nous nous sommes séparés dans la rue Voltaire. Lui est parti vers la gendarmerie et moi vers le « Clos Anna » mais au préalable nous sommes convenus de nous revoir.
Il me suffirait de siffler sous sa fenêtre l’air de la chanson Davy Crockett un des succès populaires de l’époque et lui, descendrait me rejoindre.

Je ne savais pas bien siffler mais je n’ai pas pris le temps de me perfectionner pour aller retrouver Jean-Pierre. Je me suis pointé un matin devant l’entrée de la gendarmerie et planté sous la fenêtre de sa chambre j’ai tenté de siffler sans y parvenir. Je n’ai réussi qu’à émettre quelques bulles de salive. En revanche je ne chantais pas trop mal, alors j’ai entonné tout haut la chanson de Davy « C’était un homme qu’on appelait Davy…Si courageux que lorsqu’ il était p’tit qu’il tua un ours du premier coup d’ fusil… » Et ça a marché ! Jean-Pierre apparut à la fenêtre. Il était seul à la maison et ne pouvant s’absenter me fit signe de monter le rejoindre.
Il m’attendait sur le seuil, me salua d’un clin d’œil et s’effaça pour me laisser entrer. La première chose qui me sauta aux yeux fut le baudrier de cuir noir brillant accroché à une patère. La crosse noire gaufrée d’un énorme pistolet dépassait de l’étui qui pendait du ceinturon. La précision était inutile mais mon camarade confirma qu’il s’agissait de l’arme de service de son père. Il ajouta qu’il n’y avait rien à craindre, l’arme était vide, le chargeur et les cartouches en sécurité dans un tiroir fermé à clé.
Dans sa chambre il y avait des livres partout. Sur les nombreuses étagères installées aux quatre murs, sur le chevet près de son lit, sur et sous le lit à même le sol. De là il tira une pile de « TINTIN ».Il avait tous les titres parus et il connaissait par cœur les histoires qu’il me résuma l’une après l’autre. J’étais béat d’admiration et m’amusais à l’entendre proférer les jurons du capitaine Haddock. Il avait aussi toute la collection des « Lucky Luke » « Bibi Fricotin » et autres « pieds nickelés ». Mais son trésor me dit-il c’était ses livres de science-fiction. Cinq grandes étagères leur étaient consacrées. De l’une d’elles Il tira précautionneusement un livre et me monta la couverture qui représentait une espèce de scaphandrier vêtu d’un justaucorps la tête coiffée d’un casque de motard d’aujourd’hui, les pieds posés sur un sol de couleur vert phosphorescent, sur fond de ciel mauve éclairé par une planète rouge et parsemé d’étoiles. Il avait je crois pour titre « Terre en fuite ». C’était son préféré mais par peur de ne pas très bien comprendre les explications je ne lui ai pas demandé pourquoi et sans doute l’a-t-il compris car il ne m’a rien dit sur la raison de son choix.
Le temps passait et je devais quitter la compagnie de Jean-Pierre pour aller à la rencontre de ma mère qui de retour du marché devait être chargée.
Juste le temps avant de partir de voir ce que je n’avais pas vu en entrant : l’électrophone installé sur une table. Il remarqua mon attention…
… « On écoutera de la musique quand tu reviendras ».


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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent

Sybilla
Envoyé le :  13/3/2024 23:51
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95520
Re: Jean-Pierre suite 1
Bonsoir Cher Ami poète Jacques,

L'amitié commence à se construire entre ces deux personnages !
Très beau récit et je pense qu'il doit y.avoir une suite.



Belle soirée Cher Ami poète Jacques!
Toutes mes amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

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