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LA CLEF D'AILLEURS 7
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LA CLEF – POINT DE RUPTURE
Une nouvelle semaine. Lundi, j’ai reçu un SMS : Caro est à New-York. Tout va bien. Puis un coup de fil dans la soirée. Gentil le coup de fil ; voilà , gentil seulement, confirmant mes craintes et le sentiment que notre relation est sans issue. Un constat amer et partagé. Tristesse. Je me sens coupable : ces trois années ont été à la fois promesses et bonheurs. Les souvenirs remontent en foule et me serrent la gorge. Bon sang, quel gâchis ! Je me vois mal à nos retrouvailles lui jouer la comédie de l’amitié amoureuse en écoutant Jo Dassin bramer « on s’est aimés comme on se quitte… ». Je ne l’imagine pas non plus entrer dans ce jeu. Ne pas ajouter l’hypocrisie à la déception. Tirer un trait en évitant les blessures supplémentaires me parait un minimum. Avec élégance, facile à dire, je suis meurtri ; et Caroline…Peut-être, oui, lui écrire chez elle, essayer d’expliquer demander pardon… Concocter une tournée chez nos fournisseurs le mois prochain pour laisser du temps au temps. J’allais y penser.
Oui, je me sens coupable et à ma grande honte, vaguement soulagé. D’ailleurs, ça ne s’arrange pas de mon côté. Je suis vraiment à coté de mes pompes. Heureusement qu’au bureau il n’y a pas de grandes décisions à prendre.
Depuis le week-end dernier, et notre rencontre aérée avec l’amateur de réincarnation, une obsession nouvelle me ronge : savoir d’où je viens. Jusqu'à présent, c’était bien le dernier de mes soucis. Et puis là , voilà  : téléphone, Internet, visite aux services ad’ hoc de la Mairie et de l’Assistance Publique. Je mets le paquet : rien du côté de mes « plus-que-parents », un mur de l’autre, un fonctionnaire qui compatit à ma démarche « mais comprenez, la loi… »
Plus tard devant un café place du Capitole il finit par me confier « il n’est pas facile pour moi de décourager les recherches de personnes en quête d’identité, mais dans votre cas, je n’ai pas d’état d’âme, j’ai vu votre dossier : vous avez été trouvé. Et aucune trace de celui ou celle qui vous a abandonné dans un lieu de culte, aucun objet ou message…. » Ce type a du cœur et il est sincère. Dans ma poitrine, un manque, une douleur jusqu’alors inconnue.
Et toutes les nuits ce songe dont je m’éveille épuisé et trempé de sueur. On dirait que chaque jour il se fait plus pressant, insistant. Les images sont tenaces, gravées dans mon esprit : cette propriété ceinte de hauts murs, le parc, cette gentilhommière, les grilles, et cette poterne encadrée par deux grands cèdres : c’est là que je dois aller, c’est là qu’on m’attend. Tout est net, précis, mais où est-ce ? L’environnement est absent, comme effacé. Je suis littéralement hanté par cette vision. Ce n’est plus possible, il va falloir que je me fasse soigner ou je vais péter un câble… Je remets, je remets…
Le seul dérivatif à mes angoisses, c’est de rouler sans but, d’arpenter la campagne. Comme tous les soirs depuis qu’elle est partie.
A suivre...
Parceval
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