Plume de platine Inscrit le: 11/4/2011 De: Envois: 3485 |
LA CLEF D'AILLEURS 5
5
LA CLEF – UN BALCON SUR LES PYRÈNEES
Arrivés au Carla, le ciel était limpide, lavé de ses nues grises. Les Pyrénées bien là . A l’ouest, grand bleu et soleil. La barre des nuages exilée vers la mer. J’ai garé la voiture dès l’entrée, devant l’église. Seul édifice d’ailleurs qui nuirait au pittoresque du lieu. J’ai verrouillé le Duster et rejoint Caroline qui m’attendait au seuil de la Rue des Arts. Une chance, vraiment : pas de vent ; il fait juste un peu frais, de saison, quoi ? Il n’y avait pas foule, mais pour un dimanche d’avril commencé pluvieux, rien d’étonnant. J’ai pris le bras de ma compagne, surpris de constater ce qui ressemblait à un gros chagrin. Aurais-je par mégarde eu quelque maladresse ? Je chuchotais : - Caro, ça ne va pas ? » (Vous avez remarqué, quand un endroit est quasiment désert, on chuchote) - Mais non, idiot, je suis morte de rire ; regarde bien, t’as vu le mec là -bas, on dirait Hercule Poirot ! » Effectivement, devant nous dans la rue, déambulait un quidam, feutre, pardessus et canne, et une démarche pied-plat qui rappelait irrésistiblement le héros d’Agatha Christie, incarné magistralement par David Suchet dans la série télé. On aimait bien tous les deux. On a continué à chuchoter et rire sous cape, par nécessité : dans le désert les voix portent loin. Nous avions décidé de prendre la Rue des Arts avant de revenir par le rempart sud faire un sit-in au belvédère. Hercule avait pris du champ, hors de vue… Approchant de la place, on a perçu les échos d’une discussion animée amplifiée par les murs ; c’était notre Poirot qui racontait ses ennuis de santé à un compère apparemment dur d’oreille. Il avait un gros problème au genou et une grosse dent contre son kiné : « C’est une brute, quand je vais le voir, ça va à peu près, et quand il a fini, je ne peux plus marcher ! » Je passe les détails, mais le masseur avait un costume tout neuf… Bon, on a compris le pourquoi de la canne et la démarche pied-plat et on est passés vite, taraudés par le fou-rire. Il n’y avait rien d’ouvert, ni le musée Pierre Bayle, ni échoppes, ni galeries. Arrivés au bout de la rue, passé la fontaine, on a pris le rempart sud, tranquillement, et fait halte au belvédère. Le Carla, qu’est-ce que c’est : Un village perché, une mini-bastide. Comme les bastides, il est organisé autour d’une place centrale en schéma simplissime : Une ellipse façon graine de courge, cernée par un rempart. Une rue traversante dans la longueur : la Rue des Arts ; et puis le rempart sud ; et puis le rempart nord. Percés dans la largeur et autour de la place, quelques ruelles et traboules, permettent d’accéder aux remparts. L’ensemble a un certain cachet, architecturalement préservé et bien entretenu. J’y viens relativement souvent. En saison, les rues sont animées par le festival « Rue des Arts » Une multitude d’échoppes d’artisanat et de galeries fleurissent, plutôt ciblées art contemporain bien déjanté, avec la faune associée, spectacles visuels et sonores, animations conviviales. Le marché bio, évidemment… Mais surtout, on bénéficie toute l’année d’un panorama de choix. Nous sommes au seuil du piémont : vallée de la Lèze au nord et Pyrénées au sud. Le rempart sud, c’est mon balcon sur les Pyrénées. Par beau temps aux heures des couleurs chaudes, on porte le regard du Mont Vallier jusqu’au Pic du Midi en passant par le massif du Cagire : un vrai bonheur.
PARCEVAL
A SUIVRE;;;...
|