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     3 - LA LUMIERE DE VIE - Hospitalisation
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Expéditeur Conversation
Chibani
Envoyé le :  28/10/2023 10:36
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
3 - LA LUMIERE DE VIE - Hospitalisation



Hospitalisation


Lorsqu’elle ouvrit à nouveau les yeux, Astrid vit qu’elle était dans une chambre d’hôpital et elle n’eut aucun effort à faire pour constater qu’elle était sous perfusion. Un cathéter fiché au creux de son bras la reliait au goutte à goutte suspendu à coté de son lit.

Combien de temps avait-elle dormi, elle était incapable de le dire mais, par la fenêtre entrouverte, le soleil laissait passer un rayon qui se reflétait sur le carrelage du sol.

Dehors, quelques oiseaux, des mésanges crût-elle reconnaître, piaillaient pour obliger leurs petits à s’élancer de branche en branche dans de premiers vols difficiles. La liberté, pensa t’elle, la liberté, c’est eux qui l’ont, pas comme moi, pas comme Jérôme….

Le bouton d’appel de l’infirmière de service s’enfonça sous la pression de son index. Combien de fois avait-elle maudit les patients qui l’utilisaient soit par ennui, soit par fragilité mentale, mais rarement pour des motifs purement nécessaires.

Un bruit de claquettes dans le couloir l’informa que son appel avait été entendu. La porte s’ouvrit pour laisser passer une infirmière, légèrement vêtue sous sa blouse blanche où, sur une plaquette de fond bleu agrafée sur sa pochette gauche, elle put lire son prénom : Claudine.
- Tiens vous êtes réveillée. Ça va mieux ? Vous avez besoin de quelque chose, le bassin peut-être.
- Non merci. Vous savez, je suis de la maison, alors si vous estimez devoir me dire la vérité, n’hésitez pas surtout, j’ai l’habitude. Ce que je veux, c’est connaitre dans quel état est mon compagnon Jérôme qui a été admis en même temps que moi.
- Je ne suis pas au courant mais je peux me renseigner. JĂ©rĂ´me comment ?
- Irigoyen. Dans l’état ou je l’ai vu la dernière fois, il doit être en réanimation.
- Ne bougez pas, je vais aller voir.

Astrid réprima le fou rire que cette dernière réplique faillit provoquer. Ne bougez pas… c’était la deuxième fois qu’on lui adressait dans des situations ou visiblement elle ne pouvait rien faire. Ce devait être sûrement une expression locale très utilisée

La porte s’était refermée sur le départ de l’infirmière. A nouveau seule, Astrid détailla sa chambre en praticienne avertie. Elle n’avait rien de plus ou de moins que celles dont elle avait la charge. Classicisme absolu de murs pratiquement nus. Rampe encastrée au-dessus de sa tête de lit. Console en haut du mur opposé supportant une petite télévision à tirelire juste au-dessus d’une porte donnant accès à un lavabo ou à un cabinet de toilette. Et en plus, ces odeurs permanentes d’antiseptique. Geôle type pour rendre un hospitalisé dépressif. Elle s’en voulut de cette dernière réflexion, elle qui portait au pinacle l’amour de son métier.

Avant qu’elle ne rencontre Jérôme, elle y consacrait l’intégralité de son temps, prévoyant à l’avance, lorsqu’elle était de repos dans son studio, ce qu’elle pourrait faire le lendemain pour améliorer la condition des patients de son service. Une vraie petite sœur des pauvres dans l’esprit et la réalité, sans jamais avoir, jusqu’à ce jour, occupé un de ces lits.

La porte qui venait de s’ouvrir la tira de ses pensées. L’infirmière était accompagnée d’un chirurgien qu’elle jugea aussitôt être un des chefs de service de cet hôpital.
- Bonjour mademoiselle Hédelberg dit-il avant d’être au pied de son lit. Comment vous sentez-vous ce matin ?
Tiens, se dit Astrid, on est donc un matin avant de répondre au chirurgien, je vais on ne peut mieux Docteur, ce qui amena un sourire sur le visage marqué du praticien par une nuit visiblement écourtée.
- Vous vouliez savoir comment se comporte votre ami, monsieur Irigoyen ?
- Oui, Docteur.
- Bien, je n’irais pas par quatre chemins puisque vous dîtes être du bâtiment. Il est toujours dans le coma et son état nous pose quelques problèmes. En dehors du choc facial qui a provoqué plusieurs fractures qu’une bonne chirurgie esthétique devrait pouvoir résorber, il a un enfoncement de la cage thoracique, fractures de plusieurs côtes, avec décollement de la plèvre qui lui créait une insuffisance respiratoire que nous avons jugulé par tubage. Voilà pour les gros points en dehors des fractures d’un poignet, et d’un pied au niveau des tarses.
De plus, il a perdu énormément de sang et s’il n’avait pas eu dans son portefeuille, un extrait d’examen sanguin, que tout le monde devrait avoir sur soi, peut-être à l’heure qu’il est… nous aurions eu bien plus de mal à le maintenir en vie.
J’espère que vous me comprenez. Seule sa constitution qui me paraît robuste peut nous aider favorablement.

Astrid l’avait écouté sans l’interrompre. Le bilan n’était effectivement pas réjouissant mais elle avait vécu tant de cas similaires à l’issue positive qu’elle inclina naturellement dans ce sens.
- Puis-je vous ĂŞtre encore utile, mademoiselle HĂ©delberg ?
- Non, je ne crois pas Docteur, je vous remercie de votre franchise. C’est vraisemblablement ce que j’aurais essayé de faire si je m’étais trouvée à votre place.
- Dans ce cas, je vous salue, le devoir m’appelle dans mon service. Je reviendrai vous voir si mon travail me le permet. Vous me semblez particulièrement sympathique.
Astrid lui fit un sourire quand il se retourna avant de fermer la porte.

Une semaine plus tard, l’état général d’Astrid, jugé satisfaisant, ne nécessitait plus son hospitalisation. Elle avait revu le chirurgien qui lui avait confirmé que l’état de Jérôme était stationnaire. En terme clair, cela voulait dire : pas d’amélioration. Elle ne pouvait envisager et surtout ne pouvait se résigner à le laisser seul, bien que visiblement encadré par un personnel efficace. Il aurait besoin de sa présence à son réveil… s’il se réveillait. Elle s’en voulut de cette dernière remarque qui ne collait pas avec son caractère volontaire et optimiste et elle la rangea au compte d’une fatigue pas tout à fait résorbée. Une décision s’imposa : rester auprès de Jérôme.

Les démarches à sa mise en congé sans solde ne posèrent aucun problème car sur les recommandations du chirurgien si sympathique, la présence d’Astrid avait été souhaitée indispensable pour le moment ou Jérôme émergerait de son coma prolongé. Restait le problème du logement.

Il n’était évidemment pas question d’aller à l’hôtel, même en demi-pension, c’était au-delà de son budget. L’hôpital, en revanche, disposait d’un certain nombre de cellules pour le personnel célibataire dont l’une était encore disponible. Astrid n’hésita pas un seul instant sur leur proposition de l’occuper temporairement en attendant mieux et, en remerciement de ce geste qui la tirait d’un embarras certain, elle proposa ses services à titre gracieux. Cela lui permettait, dans ses temps libres, de monter jusqu’à la chambre de Jérôme pour regarder son visage, visage qu’elle avait tant aimé et dont elle déplorait aujourd’hui la triste apparence.

Elle n’était pas là que pour cela. Elle savait, à moins que le cerveau n’ait été profondément affecté, que les personnes, en sommeil provoqué, entendaient et comprenaient ce qui se disait autour d’elles. Donc, patiemment, durant les deux heures qu’elle s’imposait à chaque séance, elle lui parlait de la pluie, du beau temps et de toutes ces petites choses qui font l’essentiel de la vie. Rien pourtant, dans l’attitude de Jérôme, indiquait qu’il était à son écoute jusqu’au jour ou, pour une raison peut être due à la lassitude, elle lui conta ses souvenirs de jeunesse à La Roche-Posay.

Ce fut sur ce nom que se manifesta le premier déclic. Elle lui tenait la main gauche, celle de droite étant toujours moulée jusqu’aux doigts sous un plâtre rigide, quand elle ressentit comme une légère pression. Avait-elle rêvé ou était-ce réalité, sur le moment elle ne put le dire mais lorsqu’elle reprit son récit là où elle l’avait abandonné, la pression se fit plus précise. Jérôme l’entendait.

Quel message voulait-il lui donner, elle était incapable de le deviner mais la coïncidence était étrange. Quelle relation avait-il eu avec ce village ? Jamais, ou bien elle ne s’en souvenait pas, elle en avait évoqué son nom dans leurs conversations. Et pourquoi diable, s’étaient-ils retrouvés sur cette route ? Autant de questions qui restaient sans réponses.

Délicatement, elle reposa la main gauche de Jérôme sur le drap écru et partit à la recherche du chirurgien pour l’informer du phénomène.
- C’est tout bon. Votre ami est dans une phase de renaissance. Il va falloir être attentif et surtout patient. Certains cas nécessitent de nombreux mois, voire quelquefois plus d’une année pour retrouver la presque intégralité de leur mémoire ou de leur connaissance. Mais je ne me fais pas de souci à son sujet, j’ai pu juger à qui j’avais affaire.
Astrid lui sût gré de ses paroles d’encouragement. Non seulement, il était bon chirurgien mais en plus, fin psychologue. Elle s’apprêtait à quitter le service quand elle croisa Claudine, l’infirmière qui l’avait soignée la semaine précédente.
- Ah ! Je suis bien contente de vous avoir rencontré lui dit-elle. Vous avez oublié ceci dans le tiroir de la table de chevet…... elle retira d’une de ses poches la vieille lampe électrique de Jérôme. J’ai vérifié, elle ne marche plus. Peut-être un problème de pile ou de vieillerie. En tout cas, on peut dire que vous ne vouliez pas la lâcher, vous aviez votre main cramponnée dessus lorsqu’on vous a amenée ici. J’ai hésité pour la mettre au panier, puis je me suis dit que vous seriez heureuse de la récupérer. J’ai bien fait ?
- Oh, oui ! Le cri lui était parti du cœur. Merci, mille fois merci. J’ai envie de vous embrasser Claudine. Cette lampe est un objet que je partage avec mon ami. Elle nous a sauvé la vie. Merci, encore merci.

Le lendemain, lors de sa visite matinale, Astrid raconta l’histoire de la lampe à Jérôme, en édulcorant toute la partie désastreuse de l’accident. Elle en espérait une réaction mais rien ne se produisit comme la veille.

Ne pas brusquer les évènements, attendre que la constitution de Jérôme reprenne le dessus, elle savait tout ça, elle le répétait assez souvent aux visiteurs de ses malades à Bretonneau mais, d’être directement confrontée à cette situation lui faisait voir le problème d’une autre manière.

Deux semaines déjà qu’elle tenait compagnie à Jérôme et elle devait se contenter de ce maigre résultat. Elle sentit qu’elle avait besoin d’un peu de repos pour se ressourcer, regonfler ses batteries mises à mal. Puisque de toute façon sa présence n’était que purement statique, lui semblait-il, elle décida de sortir de l’hôpital pour l’après-midi. Après tout un bon bol d’air ne pouvait que lui faire du bien. Sortir, oui mais pourquoi faire se dit-elle, je ne connais personne par ici. Astrid hésitait quand l’image de la borne kilométrique s’imposa à son esprit. Eh oui, pourquoi pas retourner à La Roche-Posay puisque j’en suis toute proche. Rien que de retrouver les lieux de ses vacances passées, remonta son moral d’un seul coup.


Sphyria
Envoyé le :  28/10/2023 10:42
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 25/4/2021
De: France
Envois: 27568
Re: 3 - LA LUMIERE DE VIE - Hospitalisation
Un récit dramatique et narré avec minutie !
Une suite attendue !

Sybilla
Envoyé le :  17/11/2023 17:18
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95635
Re: 3 - LA LUMIERE DE VIE - Hospitalisation
Bonjour Guy,

Très beau récit émouvant !



Belle journée poète Guy!
Prends bien soin de toi
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rĂŞve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

franie
Envoyé le :  30/11/2023 15:24
Modératrice
Inscrit le: 28/5/2012
De: BRETAGNE
Envois: 38945
Re: 3 - LA LUMIERE DE VIE - Hospitalisation
Bonjour Chibani

L'univers hospitalier avec tout ce que l'on peut ressentir de l'intérieur, en tant que patient ou visiteur. Une très touchante histoire.

Amicalement Franie


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