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     Le parti-pris des choses
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Expéditeur Conversation
Obofix
Envoyé le :  1/6/2023 13:09
Plume d'or
Inscrit le: 9/9/2019
De: Bretagne
Envois: 746
Le parti-pris des choses
En 1942, Francis Ponge a publié le « Parti pris des choses ».
En 1950, le musicien Pierre Henry a composé « Bidule en Ut ».

Il aurait tout aussi bien pu l’appeler « Chose en Do ». Qui veut dire la même chose. Mais n’aurait pas eu la même sonorité. Or, pour un mucicos, veiller à la sonorité est la moindre des choses. En l’occurrence, plutôt que prendre le parti des choses. Il a pris le parti du bidule.

Alphonse Daudet a carrément pris le parti du Petit Chose. Aurait-il eu le même succès s’il avait pris le parti du Petit Bidule ?

Alors, bidule ou chose ?

Les verbes dérivés jouent carrément en faveur d’icelle.

Choser, c’est faire l’amour.
Biduler, c’est bricoler ou bidouiller. Mais dispose aussi d’une acception grivoise.

Néanmoins, dans le cas général, une personne du beau sexe sera mieux disposée vis à vis d’une invitation à choser que d’une invitation à se faire biduler.

Sachant que comme tout être vivant les homo-sapiennes ont deux fonctions essentielles : se nourrir et faire la chose. Dans les deux cas il peut arriver qu’elle se froisse, ou au contraire qu’elle en soit toute chose.


Et si l’on testait les effets respectifs de ces deux vocables sur des poèmes de Ronsard ?

Mignonne allons voir si la chose
Qui ce matin avait Ă©close
Sa chose de pourpre au Soleil,
N'a point perdu cette vêprée
Les plis de sa chose pourprée,
Et son teint au choses pareil


Quand vous serez bidule, au soir Ă  la chandelle,
Bidule auprès du feu, bidulant et filant,
Direz, chantant bidule, en vous Ă©merveillant,
Ronsard me bidulait du temps que j’étais belle.

Je serai sous la terre, et bidule sans os :
Par les ombres Myrtheux je prendrai mon repos.
Vous serez au foyer la bidule accroupie,

Regrettant mon bidule et votre fier dédain.
Bidulez, m’en croyez, n’attendez à demain :
Bidulez aujourd’hui les choses de la vie.


Un keum envoie le premier Ă  une meuf, il a toutes ses chances pour la choser.
Avec le second, ses chances sont moindres. Mais pas nulles.

Finalement, Bidule ou Chose ? biduler ou choser ?

C’est chacun son truc.


----------------
V'lĂ  aut' chose

Sphyria
Envoyé le :  1/6/2023 13:15
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 25/4/2021
De: France
Envois: 26259
Re: Le parti-pris des choses
Un très bel ensemble, aussi amusant qu'instructif !
Sybilla
Envoyé le :  1/6/2023 17:41
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 93821
Re: Le parti-pris des choses
Bonjour Obofix,



Très drôle !
Et très intéressant !

Belle journée cher ami poète Obofix !
Toutes mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

franie
Envoyé le :  1/6/2023 21:05
Modératrice
Inscrit le: 28/5/2012
De: BRETAGNE
Envois: 38425
Re: Le parti-pris des choses
Bonsoir Obofix

Très intéressantes ces propositions à la fois ludiques et instructives. Revisiter le poème de Ronsard en changeant les termes un bel exemple et l'on saisit immédiatement l'importance des mots.

Amicalement Franie


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Obofix
Envoyé le :  8/6/2023 12:36
Plume d'or
Inscrit le: 9/9/2019
De: Bretagne
Envois: 746
Re: Le parti-pris des choses
Francis Ponge estimait, à juste raison, que ce n'est pas le sujet qui fait la poésie mais la façon de le traiter.

Son poème sur le cageot, objet apoétique s'il en est, en est le plus célèbre exemple :


"À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
À tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, — sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement."


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V'lĂ  aut' chose

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